Maux de managers

Court-circuit hiérarchique : quand l’autorité est bafouée

Les niveaux hiérarchiques sont de plus en plus dilués, les collaborateurs toujours plus accessibles (via e-mails, sms, réseaux sociaux et culture d’entreprise où le tutoiement prévaut). Le manager ne peut donc pas jouer son rôle de filtre dans toutes les situations et les collaborateurs ne savent pas toujours dire non à la demande d’une personne placée plus haut dans l'organigramme. De même, il semble tentant, lorsque l’on n’a pas eu gain de cause avec son supérieur direct, de formuler ses demandes directement à son N+2. Ce genre de situations déstabilise le chef de proximité et peut, à terme, le rendre inopérant sur le groupe. Une clarification des rôles s’impose.

Vous connaissez sûrement cette situation : un de vos collaborateurs formule demandes ou doléances à votre supérieur, sans votre consultation préalable. Votre supérieur lui prête alors une oreille attentive. Deuxième cas de figure : c’est votre supérieur qui s’adresse directement à l’un de vos collaborateurs sans vous en parler. Ils organisent les choses ensemble, sans vous. Si vous avez déjà vécu une des deux situations ou même les deux, vous savez à quel point c’est désagréable.

Vous n’imaginez peut-être pas, en revanche, toutes les conséquences néfastes que ce type de pratiques peut avoir. Car en réalité, lorsque le subordonné en réfère directement à l’instance dirigeante supérieure, il jette le discrédit sur son chef direct - vous - et pratique une forme de manipulation. Si c’est votre supérieur qui le fait, vous êtes tout autant discrédité. Votre légitimité est mise à mal.

Dans ce contexte, il vous devient impossible de prendre en main la conduite de l’équipe, un certain nombre de directives et de priorités étant alors définies par votre N+2, sans validation de la ligne. La démotivation s’installe, par manque de reconnaissance de votre statut. Le contre-pouvoir d’un subordonné, influent et respecté par les cadres supérieurs, peut également se mettre en place.

Votre incompréhension de la situation ou la lassitude peuvent vous pousser à subir cette technique de déstabilisation sans rien dire, par crainte de représailles, notamment dans une situation où le « copinage » est la règle entre votre supérieur et votre collaborateur. Enfin, la tentation est grande d’être obséquieux avec votre subordonné ou, à l’inverse, menaçant.

Il existe cependant une chose, -plus préjudiciable encore- que vous pourriez être amené à faire: sous-estimer les conséquences de ce type de pratique et être pris de court une fois les dégâts créés.

Dès lors, il est important de clarifier les rôles et la communication:

  • Procédez à une clarification de la situation avec votre supérieur et laissez une trace écrite de vos échanges.
     
  • Convoquez le collaborateur pratiquant cette forme de court-circuit, exprimez les dysfonctionnements provoqués par ce comportement et recherchez ses motifs.
     
  • Astreignez-vous à assurer la cohérence hiérarchique en renvoyant systématiquement les personnes aux bons interlocuteurs et définissez les règles de circulation de l’information.
     
  • Convoquez le collaborateur en présence de votre supérieur et clarifiez les rôles et responsabilités de chacune des parties.
     
  • En cas de difficultés à vous faire entendre par votre supérieur, provoquez un entretien tripartite avec l’échelon supérieur à celui de votre chef et, lors de cet entretien, formulez les démarches entreprises et restées sans effet jusqu’alors.
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Sophie Hautbois cherche à faire de chaque problème une opportunité. Ce trait de caractère, elle le met au service du développement de la performance et de la gestion du changement en entreprise. Consultante formatrice, elle gère particulièrement des projets de transformation RH et culturelle et accompagne les individus dans leurs défis personnels et professionnels.

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