Dans la tête d'un manager

Les capacités rédactionnelles, préoccupation du passé?

Tout droit sortis d’une haute école, tout fraîchement équipés de leur Bachelor, ils se lancent dans la course au Master. Leur mémoire est un formidable travail qui les a mobilisés des dizaines d’heures.

Cette recherche a certainement créé quelques nuits blanches. En effet, comme tout étudiant qui se respecte, ils ont un peu procrastiné et ont donc dû mettre les bouchées double sur la fin.

A la lecture du pensum, on est naturellement, dans un premier temps, impressionné par la quantité de données récoltées et compilées, qui ont mené à autant de réflexions et autres déductions. Scientifiquement, leur travail est d’excellente facture.

Une bizarre impression saisit toutefois le lecteur. Un certain nombre d’erreurs de français demeurent ici ou là dans le texte. La syntaxe fait parfois défaut et le style n’est pas très fluide. Parfois, il faut lire des passages deux fois, tel ou tel paragraphe n’étant franchement pas très clair. Le correcteur d’orthographe n’a pas réussi à tout rattraper.

Les auteurs de ces productions sont dans la très grande majorité de jeunes étudiants dont l’âge se situe entre 20 et 30 ans. Ils constituent les futures élites économiques du pays, lequel investit des sommes colossales dans le développement des filières de formation.

Bien sûr, une minorité non négligeable dispose de capacités rédactionnelles parfaitement au niveau requis. Malheureusement, les cas relevés plus haut ne sont pas vraiment exceptionnels, bien au contraire. On doit donc légitimement se demander s’il ne manque pas une étape dans la formation scolaire de nos futures élites, dont bon nombre d’entre elles se verront attribuer des postes de management.

Ces jeunes seront alors appelés à rédiger de nombreux textes dans un cadre professionnel. Messages à leurs collaborateurs et/ou aux clients de l’entreprise. Rapports à l’intention de leur hiérarchie. Echanges épistolaires avec les autorités politiques et/ou les médias, etc.

Et là, des problèmes d’une autre ampleur vont se poser. Très rapidement, la forme de leurs écrits aura une incidence sur leur crédibilité, ainsi que sur l’image de l’entreprise.

Certains pourront compter sur un assistant disposant encore de ces capacités se raréfiant au sein de notre société. Mais tous n’auront pas cette chance, et même pour ceux qui peuvent en disposer, elle a ses limites. A la vitesse où vont les choses au quotidien, on ne peut pas toujours déléguer la rédaction du moindre message.

En outre, et ce n’est pas une réalité négligeable, les aptitudes rédactionnelles vont souvent de pair avec les capacités oratoires. En effet, un bon maniement de l’écrit jette les bases de la structure de pensée nécessaire lors de la tenue d’un discours. Les bons orateurs sont très souvent des personnes ayant des facilités avec le domaine écrit.

Un manager disposera d’une force supplémentaire s’il sait s’adresser à son personnel. Le fait de trouver les bons mots, par écrit autant que par oral, ajoute une force de motivation qui va bien au-delà de l’exercice stylistique. Dans une société basée comme jamais sur la communication, les managers dotés de ces aptitudes auront clairement un avantage sur les autres.

Ces compétences représentent donc précisément un facteur de différenciation grandissant pour celles et ceux qui en sont pourvus.

Comment développer son sens de l’écrit?

D’une manière générale :

  • Lire! C’est le fondement même de l’apprentissage de l’écriture et du parler.
     
  • Courriel ou courrier à l’ancienne: même combat. En effet, l’utilisation intensive de la messagerie électronique et des réseaux sociaux est bel et bien l’une des causes de l’appauvrissement des capacités rédactionnelles. Dans le cadre professionnel, il est vital d’apporter du soin aux textes que l’on rédige, indépendamment du véhicule de transmission utilisé. Pour un manager, il est crucial de marquer clairement la différence entre ses courriers privés et professionnels. A fortiori, bien entendu, lorsque l’on s’adresse à un client.

Pour les managers et futurs managers :

  • Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Si vous n’avez pas soigné cet aspect jusqu’à maintenant, suivez le conseil d’intensifier la lecture. La faim vient en mangeant.
     
  • Changer du jour au lendemain ne sera pas possible. Faites-vous aider et, surtout, faites relire vos textes par des tiers à l’aise avec l’écrit. Ne ménagez pas vos efforts, cela en vaut la peine.
     
  • Profitez de chaque occasion pour vous exercer : commencez par donner une forme correcte à vos messages électroniques privés, c’est un excellent moyen d’améliorer vos habitudes.
     
  • N’oubliez jamais que dans le cadre de votre activité de management, la clarté de vos messages aura un impact décisif sur l’exécution des tâches et la mise en pratique de la politique d’entreprise. Ni que si vos collègues ont du plaisir à vous lire, vous en retirerez un bénéfice non négligeable pour l’ensemble de la motivation et pour votre crédibilité.

 

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Bernard Stoessel a exercé durant 25 ans des fonctions managériales en milieu multinational. Désormais à la tête du bureau de conseil en management et ressources humaines BS Management, cet ancien musicien semi-professionnel fait profiter de son expérience aussi bien des grandes entreprises que des start-ups.

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