Leadership

Peter Brabeck, une vie au service de Nestlé

Peter Brabeck vient de se retirer de la présidence de Nestlé, après avoir consacré près de cinquante ans au géant alimentaire vaudois. Vendeur de glaces à ses débuts, l'Autrichien a gravi les échelons jusqu'au sommet pour devenir l'un des capitaines d'industrie les plus puissants au monde.

(ats) A 72 ans, Peter Brabeck a présidé sa dernière assemblée générale de Nestlé à Lausanne. Il a passé le témoin à l'ex-patron Paul Bulcke. La succession du Belge à la tête de Nestlé est assurée depuis le 1er janvier en la personne de Mark Schneider.

Peter Brabeck est né en 1944 à Villach, en Autriche. Après des études universitaires en économie à Vienne, il débute chez Nestlé en 1968 comme vendeur. De 1970 à 1987, il occupe différentes fonctions de direction au Chili, en Equateur et au Venezuela.

La multinationale l'appelle au siège de Vevey, où il prend la fonction de vice-président de la division des produits culinaires. Dès 1992, ses tâches s'élargissent.

Double casquette

Il prend le titre de vice-président exécutif avec la responsabilité de tout un groupe d'activité, qui va alors du chocolat aux glaces en passant par les aliments pour animaux domestiques, ainsi que du marketing, de la communication et des relations publiques au niveau mondial.

Le couronnement survient en juin 1997. Il est nommé directeur général (CEO), succédant à l'Allemand Helmut Maucher, et entre au conseil d'administration. En 2001, il devient vice-président de cette instance, avant de succéder à Rainer Gut en 2005 à la présidence.

Top 10

De nombreuses voix s'élèvent pour rejeter le double mandat, notamment la Fondation Ethos qui mène la fronde. L'affaire occupe le devant de la scène médiatique. Peter Brabeck n'en est pas moins élu président à l'issue d'une assemblée générale houleuse.

Peter Brabeck cumule durant trois ans la double casquette. Sous son ère, Nestlé accélère sa réorientation stratégique vers la nutrition, la santé et le bien-être, tout en continuant à créer de la valeur pour les actionnaires. Il remet la direction du groupe à Paul Bulcke en 2008.

Considéré par le fondateur du WEF Klaus Schwab comme l'un des dix hommes les plus influents de la planète, Peter Brabeck s'exprime régulièrement sur des thèmes qui lui sont chers tels que la gestion de l'eau, la lutte contre la faim dans le monde ou la responsabilité sociale des entreprises.

Il défend avec vigueur le concept de création de valeur partagée, élaboré par la multinationale afin de répondre aux défis sociaux et économiques mondiaux.

Controverses

Peter Brabeck craint une pénurie alimentaire et un manque d'eau potable, son véritable cheval de bataille. Il fustige en particulier les biocarburants, qui, selon lui, aggravent la faim dans le monde et préconise d'adopter des mesures pragmatiques pour répondre au problème de la rareté de l'eau, des positions qui ont parfois suscité la controverse.

L'Autrichien annonce au printemps 2014 qu'il se retirera de la présidence de Nestlé en 2017, le groupe imposant dans ses statuts une limite d'âge fixée à 72 ans.

Maladie vaincue

Peter Brabeck doit affronter au même moment une épreuve personnelle: la maladie. Gravement atteint dans sa santé, le président de Nestlé doit subir un "traitement assez agressif". Tout en poursuivant son activité professionnelle, il réussit à vaincre un cancer tenace.

Parmi ses autres importants mandats, le Vaudois d'adoption est vice-président du conseil d'administration du groupe français de cosmétiques L'Oréal (dont Nestlé contrôle plus de 20% du capital) et siège au conseil du géant pétrolier américain ExxonMobil.

Peter Brabeck quittera L'Oréal à l'issue de l'assemblée générale du,20 avril prochain. Il a en outre siégé durant 17 ans au sein de l'organe de surveillance de Credit Suisse.

Passion aéronautique

A côté des affaires, l'Autrichien pratique dans son temps libre l'alpinisme et la moto. Pilote d'avion depuis longtemps, il se lance un nouveau défi peu avant la retraite: passer sa licence d'hélicoptère, pour reléguer au second plan sa maladie.

Après son retrait de la présidence du conseil de Nestlé, il a déjà en tête un autre projet aéronautique: se payer un stage d'entraînement de quatre semaines pour pouvoir piloter son PC-24, le nouveau biréacteur d'affaires de Pilatus.

Durant sa retraite, il entend également s'occuper de ses projets immobiliers en Suisse et à Ibiza. Il a aussi des projets dans l'hôtellerie et dans l'élevage de poissons en Suisse. Peter Brabeck est marié et père de trois enfants adultes.

Paul Bulcke, de la direction générale à la présidence

Désormais président du conseil d'administration de Nestlé, Paul Bulcke a été directeur général du géant alimentaire vaudois durant 8 ans. A la tête de l'entreprise, le Belge a dû affronter une période de fortes turbulences économiques.

Agé de 62 ans, Paul Bulcke a débuté sa carrière chez Nestlé tout en bas de l'échelle comme stagiaire marketing. Le Belge a gravi les différents échelons de la hiérarchie à travers les filiales internationales du groupe.

Né à Roulers dans la région néerlandophone de la Belgique en 1954, il a étudié à l'université de Louvain et y a obtenu un diplôme d'ingénieur commercial complété par un master en management obtenu à Gand. Le Flamand est également détenteur d'un MBA réalisé à l'International Institute for Management Development (IMD) de Lausanne.

Débuts dans la finance

En 1977, Paul Bulcke commence sa carrière comme analyste financier pour la société Scott Graphics International, à Bornem en Belgique. En 1979, il claque la porte pour Nestlé, société qu'il ne quittera plus jamais.

Dès 1980, Paul Bulcke intègre la division marketing pour l'Amérique du Sud (Pérou, Equateur et Chili). Il y reste durant 16 ans puis est nommé responsable de Nestlé Portugal.

En 1998, il prend les rênes du marché de la République tchèque et de la Slovaquie. Douze ans plus tard, il occupe la même fonction, mais pour l'Allemagne.

Patron discret

En 2004, Paul Bulcke est nommé vice-président de la société. Il est alors en charge de la division Amérique qui comprend les Etats-Unis, le Canada, l'Amérique latine et les Caraïbes.

Quatre ans plus tard, à la surprise générale, le Belge succède à Peter Brabeck à la direction de la firme. Personnalité plus réservée que son prédécesseur, il ne recherche pas l'exposition médiatique, mais oeuvre en coulisses.

Transition en douceur

A la tête de Nestlé, il doit affronter la crise financière et une période difficile pour le secteur de l'alimentation. L'entreprise parvient à générer de la croissance, mais manque plusieurs années de suite l'objectif du "modèle Nestlé" de croissance organique de 5-6%.

Il cède la direction générale de Nestlé le 1er janvier 2017 à Mark Schneider. L'ancien patron du spécialiste allemand des techniques médicales Fresenius avait déjà rejoint Nestlé en septembre dernier pour une période d'introduction avec Paul Bulcke.

Basé à Crésuz en Gruyère

Nestlé choisit habituellement son patron parmi les cadres qui ont fait carrière au sein de l'entreprise, mais pour la première fois depuis 1922 le groupe a fait appel à un candidat externe. Cette rupture avec la tradition a déclenché une vague d'interrogations chez les investisseurs.

Le binôme Schneider/Bulcke devrait poursuivre la réorientation du groupe sur la santé et le bien-être. A l'occasion de sa première conférence de presse en février dernier, Mark Schneider a assuré qu'il n'allait pas changer la stratégie de fond en comble.

Polyglotte (il parle six langues), Paul Bulcke est entré en 2011 au conseil d'administration du groupe pharmaceutique bâlois Roche. Il partage avec Peter Brabeck une passion pour la moto. Marié et père de trois enfants adultes, il vit depuis plusieurs années à Crésuz en Gruyère.

 

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Texte: ATS

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