Réenchanter le travail

Quatre spécialistes témoignent

Lors de la préparation du dossier "Réenchanter le travail", HR Today a lancé un appel à contribution sur son groupe LinkedIn. Voici quatre témoignages particulièrement intéressants.

«Une philosophie plus qu’une technique» (Enrico Pestalozzi)

«Patron d’une entreprise de graphic design et de communication depuis 25 ans (7 personnes), je passe une bonne partie de mes journées en compagnie de mes collaborateurs. J’ai besoin d’harmonie et de sérénité pour être créatif et avoir envie de revenir au travail tous les matins. Eux aussi. C’est donc ma priorité, tout autant que les résultats.

J’ai appris à me mettre à la place de mes collègues pour mieux comprendre leurs besoins et leurs ambitions. C’est finalement assez simple: ne pas avoir peur de donner – dans le cadre de l’intérêt des clients et du contrat de travail – en mettant l’humain au centre de l’équation. Par exemple, chez nous il n’y a jamais de coupable, seulement des solutions. La reconnaissance et la valorisation est quotidienne et je laisse avec plaisir mes créatifs rencontrer les clients et participer à la gestion des projets. C’est motivant et responsabilisant.

Au niveau de l’horaire, nous sommes flexibles et personne ne se sent coupable de partir à 17h00, car je valorise une activité concentrée pendant la journée tout en décourageant les heures supplémentaires. Il est important qu’un parent puisse s’occuper de ses enfants et un autre de son animal de compagnie (qui est d’ailleurs bienvenu au bureau – nous avons deux chiens adorables dont un participe même aux réunions).

Quand aux objectifs et à l’évaluation annuelle, nous les avons abolis et remplacés par des discussions tout au long de l’année. Dans le même esprit, la communication est toujours multi-partite et ouverte. En cas de décisions à prendre, j’opte pour une consultation préalable. Le résultat? Du plaisir au travail, de bons résultats et des clients satisfaits.»


«Engager des profils qui correspondent à nos valeurs» (Suzy Herzfeld)

«Si tu ne peux pas faire ce que tu aimes, apprends à aimer ce que tu fais.» Cet adage est certainement vrai, mais à l’heure où un DRH est aussi considéré comme un Chief Happiness Officer, nous nous devons de soutenir la motivation de notre capital humain et de réintégrer de la joie dans la vie professionnelle.

Chez HD, nous pensons que les facteurs suivants en sont les garants:

  • D’abord, la sélection de profils correspondant à notre culture d’entreprise et qui collent à nos valeurs: quoi de plus enchanteur que le sens au travail? 

  • Ensuite, favoriser la réduction du niveau de stress et de culpabilité en permettant de mêler vie personnelle et vie professionnelle, en implémentant une politique de flexibilité des horaires de travail
  • Considérer l’autonomisation, la collaboration et la décentralisation comme de grands leviers de satisfaction
  • Et enfin, encourager le feedback et la reconnaissance
  • Mais un des éléments clés est le droit à l’erreur; nous réussissons où nous apprenons. Quoi de plus motivant?

Nous ne serions pas complets sans y inclure un aspect plus technologique que nous cherchons à améliorer: nous transformer digitalement pour offrir aussi à nos clients internes des services à la hauteur de notre époque «ubérisée»; peut-être un jour nous lancerons-nous dans la «gamification». Ce grand plaisir enfantin, le jeu, qui pourrait revenir dans nos vies d’adultes au travail sous différentes formes afin que chacun puisse capitaliser sur ses talents et son énergie».


«Un environnement de travail qui favorise la discussion» (Clark Elliott)

«Cette année nous arrivons à un point de basculement. L’année 2016 a connu une forte augmentation de projets «Smartworking». Certains décideurs du secteur privé et public ont expérimenté avec des solutions dynamiques pour l’environnement de travail depuis 2009. De plus en plus, les Comités de direction traitent des projets ou réorganisations et sollicitent des propositions «Flexibles» pour l’environnement de travail. Ils cherchent à comprendre comment ces solutions peuvent influencer le personnel à mieux travailler et à travailler plus intelligemment. Ils explorent comment stimuler l’intelligence émotionnelle et l’intelligence collective et augmenter les niveaux d’engagement à travers ces projets impliquant l’environnement de travail.

Le travail de fond n’est plus expérimental. Une approche «Design-Thinking» qui sollicite les décideurs et les utilisateurs au sujet de leurs besoins amènera des itérations appropriées. Lorsque des espaces dynamiques conçus pour différentes tâches sont offerts, la qualité des résultats et la motivation augmentent de façon mesurable. Nous sommes des êtres sociables. Cultiver la créativité et l’innovation en offrant des endroits qui favorisent les discussions informelles et le brainstorming apportent plus que de la satisfaction. Offrir des environnements de travail flexibles qui inspirent les diverses générations et soutiennent leurs diverses activités est gagnant-gagnant. Un accompagnement cohérent, la lumière, l’eau et l’air aident aussi.»


«Et si votre transformation RH appliquait le Design-Thinking?» (Serge Piguet)

«Design-thinking, ce terme est depuis quelques années le mot sacré des entrepreneurs et des passionnés de la création. Si le concept de Design-Thinking est né dans les années 1950, il connaît depuis les années 2000 une démocratisation qui peut lui nuire par une tendance à de trop fort raccourcis et simplifications. Le Design-Thinking est avant tout un moyen de développer un produit ou un service en prenant pleinement en compte l’utilisateur final.

Sans entrer dans les détails de cette méthode, le procédé commence par une compréhension et une définition claire de la problématique à adresser, puis suit des phases simples qui permettent d’explorer des options (Inspiration), générer des alternatives (Idéation) et sélectionner les meilleures idées de solutions au problème à résoudre et tester leur validité (Implémentation) avant de s’engager dans leur développement.

Le Design-Thinking est donc un outil qui permet de répondre à la multitude d’exigences que peuvent avoir les différentes parties prenantes au sein d’une entreprise. La finalité du processus est de concevoir une solution à un problème qui soit à la fois désirable (qui répond ou dépasse aux attentes de l’utilisateur), faisable et financièrement viable.

La méthodologie design-thinking est applicable à toutes sortes de contextes et d’environnements et permet aux parties prenantes de créer des solutions innovantes à des problématiques quotidiennes. La méthodologie est aussi applicable pour la conception d’un nouveau produit, d’un service, de procédures internes ou de méthodes de travail, que pour la conception de l’expérience d’on-boarding de nouveaux employés dans une société par exemple.»

 

Le 21 novembre 2017, Geneviève Morand dispensera une formation d'une matinée sur le réenchantement de l'environnement de travail, dans le cadre de la HR Today Academy. Inscriptions ici.

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Enrico Pestalozzi est le directeur de Satellites Communication Design, un bureau de création spécialisé dans le branding, la communication, le packaging, l’architecture d’exposition, les modes d’emploi et l’illustration.

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Suzy Herzfeld est la responsable des Ressources Humaines de HD, le Centre pour le dialogue humanitaire (HD), une organisation internationale qui aide à prévenir, atténuer et résoudre les conflits armés par le biais du dialogue et de la médiation (130 employés et 190 consultants).

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Clark Elliott est associé chez Advanced Workplace Associates. Il est l'un des stratèges les plus compétents en matière de l'environnement de travail en Europe.

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Serge Piguet est coach en création d’entreprise auprès de Genilem et le fondateur de sE-ra «Être au futur», société de conseils spécialisée dans la formation et le coaching.

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