16.09.2014

Affaire Legrix: Ni mobbing, ni harcèlement sexuel, selon l'enquête

Le conseiller communal chaux-de-fonnier Jean-Charles Legrix n'a pas été coupable de harcèlement psychologique ou sexuel, selon l'enquête complémentaire de Claude Rouiller. Mais l'élu UDC a manqué de tact dans le dicastère des infrastructures.

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La-Chaux-de-Fonds NE (ats) Claude Rouiller a présenté son rapport d'une centaine de pages. Le conseil communal l'avait mandaté pour réaliser les investigations complémentaires préconisées par le Tribunal cantonal.

L'ancien président du Tribunal fédéral a employé une méthode proche de l'enquête judiciaire. Il a examiné à fond l'audit et ses procès-verbaux, a entendu ou réentendu de nombreux témoignages, et a interrogé de nouvelles personnes.

Aucune des treize principales accusations ressortant de l'audit réalisé en 2013 ne s'est avérée correcte. M. Legrix n'a pas exercé de maltraitance managériale au sens de la loi.

Une seule faute

En revanche, l'expert a retenu un cas de "management peu approprié" portant atteinte à la personnalité d'une employée. Cette secrétaire ne parvenait pas à remplir ses tâches de façon satisfaisante, et le conseiller communal a manifesté un agacement croissant.

Cela a accru une souffrance préexistante chez cette collaboratrice, dont la santé psychologique était fragile et qui avait subi du mobbing dans le passé. Claude Rouiller évalue à un mois de salaire l'indemnité à lui verser.

La situation du chef de la voirie est très différente. Soucieux de garder son pouvoir "conquis et fortifié en un quart de siècle de bons et loyaux services", il est entré en résistance contre les tentatives de changement de M. Legrix.

Une lutte âpre en a résulté, dans laquelle les deux protagonistes ont manqué de mesure, selon le rapport. L'élu UDC n'en porte la principale responsabilité qu'en raison de sa position hiérarchique.

L'expert se dit choqué

"Il n'y a pas de fumée sans feu" est le pire adage qui existe et viole la présomption d'innocence, a commenté Claude Rouiller. Celui-ci s'est dit "choqué" par la quantité de "ragots invraisemblables" qui ont circulé sur Jean- Charles Legrix - notamment ceux à connotation sexuelle, qui ont pu être balayés rapidement.

Un tyran se montre volontairement méprisant, voire inhumain, envers les employés, et ne se soucie pas de leur souffrance. M. Legrix n'entre pas dans cette catégorie, dit l'expert. C'est un chef particulièrement scrupuleux qui attend le même engagement de la part de tous. Il est beaucoup intervenu sur le terrain. Si ses "exigences tatillonnes" et sa "sensibilité au ralenti" ont heurté certains, d'autres n'ont pas tari d'éloges.

Son tort a été de ne pas planifier de manière suffisante et participative les réformes qu'il voulait mener, conclut Claude Rouiller. Et il n'a pas réussi à adapter la situation des travailleurs qui n'arrivaient pas à remplir ses exigences.

Legrix satisfait

M. Legrix est satisfait du rapport. Il regrette qu'une telle enquête n'ait pas été ordonnée plus tôt. A l'instar de l'ensemble du conseil communal, il compte aller de l'avant, avec pour but principal le bien de la ville.

L'élu ne sait pas encore s'il maintiendra les plaintes qu'il a déposées, notamment contre l'auteure de l'audit. "Elle a une part de responsabilité dans ce qui s'est passé", "la pire année de ma vie". Il souligne aussi qu'il a dépensé une somme à six chiffres pour sa défense et ne veut pas laisser cette question en plan.

Quant aux autres conseillers communaux, ils estiment avoir pris leur responsabilité d'employeur. Ils ont pris des mesures sur les dysfonctionnements constatés du dicastère concerné et constatent un apaisement.

Le conseil communal refuse pour l'heure d'évoquer d'éventuelles conséquences politiques. Interrogé sur l'opportunité d'organiser des élections anticipées, il rappelle qu'en cas de démission en bloc, les viennent-ensuite prendraient le relais. "Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?", a lancé Claude Rouiller.