27.03.2015

Franc fort: la BNS persiste et signe

La Banque nationale suisse (BNS) maintient le nouveau cap de sa politique monétaire, mais corrige fortement à la baisse ses prévisions de croissance. Vu l'appréciation du franc depuis l'abandon du taux plancher, l'institut table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse de 1% pour 2015, contre 2% auparavant.
 
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Zurich (ats) "Il n'existait pas de meilleure solution que la suppression du cours plancher et le nouvel abaissement du taux d'intérêt", a réitéré le président du directoire de la BNS, Thomas Jordan. Pour l'heure, il s'agit d'observer l'évolution des marchés monétaires.
 
La BNS anticipe que le franc, nettement surévalué, devrait continuer à s'affaiblir. Au besoin, elle agira sur le marché des changes afin d'influer sur les conditions monétaires et leur impact sur l'inflation et l'évolution conjoncturelle, a répété M. Jordan.
 
"Nous prenons très au sérieux les défis que l'économie doit affronter", a assuré le Bernois. "Face à la fermeté du franc, entrepreneurs et salariés ont toujours su trouver des solutions par le passé", a-t-il ajouté. Il juge le contexte domestique et global bien meilleur qu'en 2011, lorsque le cours minimum a été introduit.
 

Prévisions abaissées

 
En Suisse, au quatrième trimestre 2014, la croissance s'est à nouveau révélée plus forte que prévu, a souligné M. Jordan. Mais durant le premier semestre 2015, la conjoncture devrait faiblir, avec à la clé une hausse modérée du chômage.
 
Suite au revirement du 15 janvier, d'autres prévisionnistes ont revu drastiquement leurs estimations de croissance du PIB pour le pays. Le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) vient d'actualiser les siennes, à 0,9% pour 2015 et à 1,8% pour 2016, contre +2,1% et +2,4% précédemment.
 

Plancher pas soutenable

 
Tandis que le fossé se creuse entre politiques monétaires américaine et européenne, l'euro faiblit face au dollar. En mars, l'euro s'échange à 1,05 dollar. "Un cours plancher de 1,20 franc pour 1 euro n'était plus durable", a répété le président.
 
Le directoire s'attendait à de vives réactions. Mais différer l'abolition du taux plancher aurait entraîné pour l'économie domestique des coûts "sans commune mesure" avec le bénéfice retiré, assure le président de la direction générale.
 

Pas d'alternative

 
Sur le front des taux, la BNS conserve la marge de fluctuation du Libor à trois mois entre 1,25% et 0,25%. Elle garde à -0,75% son taux d'intérêt appliqué aux avoirs en comptes de virements. Une mesure qui vise à rendre les placements en francs moins attrayants, et partant, à affaiblir la devise helvétique, a-t-elle rappelé.
 
"Nous sommes les premiers à être allés aussi loin", a souligné le vice-président Jean-Pierre Danthine. Or le phénomène des taux bas ou négatifs ne se limite pas à la Suisse. Le pays ne pouvait se soustraire à cette évolution.
 
La question des coûts de détention de liquidités, en particulier pour les caisses de pension, fait certes débat. "Cependant, il n'existe dans le contexte actuel aucune véritable alternative à notre mesure", a dit M. Jordan, qui compte revoir sa politique en matière d'exemption des taux négatifs dans l'objectif de les limiter.
 

Perspectives incertaines

 
Quant au contexte global, la reprise de l'économie mondiale se poursuit, avec une dynamique meilleure qu'attendue aux Etats-Unis. Dans la zone euro, la conjoncture s'est quelque peu redressée, grâce surtout à la forte expansion en Allemagne.
 
La conjoncture devrait s'affermir en cours d'année, le pétrole bon marché et les politiques monétaires expansionnistes aidant. Seuls bémols, la Grèce et l'Ukraine, qui entachent les perspectives mondiales, estime M. Jordan.