23.11.2015

Industrie des machines: craintes pour l'emploi

A l'image des mois précédents, l'industrie suisse des machines, équipements électriques et métaux a vécu un 3e trimestre difficile. Alors que commandes et revenus ont encore fléchi, Swissmem ne voit aucune embellie se profiler. L'onde de choc du franc fort lui fait craindre de nouveaux licenciements qui s'ajouteront aux 4500 emplois supprimés entre janvier et juillet.
 

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Zurich (ats) Durant le trimestre sous revue, les commandes dans l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (industrie MEM) ont diminué de 12,8% en l'espace d'un an, s'alarme Swissmem, l'association faîtière de la branche. Le secteur a ainsi subi un 4e trimestre consécutif de repli, après les baisses de 1,8% au 4e trimestre 2014, 17,1% entre janvier et fin mars 2015 et 12,3% d'avril à fin juin.

L'indicateur en matière de commandes a atteint son deuxième niveau le plus bas depuis 2005. La situation s'est également détériorée en matière de revenus. Au 3e trimestre, les chiffres d'affaires se sont contractés de 6,7% en glissement annuel.

Après neuf mois en 2015, les commandes affichent un plongeon de 14,1% et les chiffres d'affaires un tassement de 7%. Dans le même temps, les exportations ont pour leur part diminué de 3,9% à une valeur de marchandises de 46,8 milliards de francs.

Surévaluation massive du franc

Depuis le début de l'année, le repli des exportations s'est nettement accéléré, observe Swissmem. Après des contractions de 1,4% au cours des trois premiers mois de 2015, puis de 2,9% au 2e trimestre, les envois vers l'étranger ont dégringolé de 7,3% de juillet à fin septembre.

De l'avis de Swissmem, ces chiffres reflètent les conséquences dramatiques de la surévaluation massive du franc. "Outre les effondrements au niveau des entrées de commandes et du chiffre d'affaires, ce sont avant tout les pertes élevées sur les marges qui font mal", écrit l'association.

Plus d'un tiers des entreprises s'attend à essuyer une perte au niveau opérationnel cette année. Et les entrepreneurs ne se montent guère optimistes quant aux futurs développements commerciaux. Moins d'un tiers (30%) des entreprises escompte une augmentation des entrées de commandes de l'étranger ces douze prochains mois. Plus d'un quart (26%) redoute une dégradation de la situation.

Ventilées selon les différents secteurs, les livraisons à l'étranger ont présenté des baisses marquées dans la construction de machines (-6,7%), l'électronique et l'électrotechnique (-6,3%) et la métallurgie (-4,9%). Seul le segment des instruments de précision a tout juste réussi à maintenir le niveau de ses exportations (-0,7%).

Leur d'espoir aux Etats-Unis

Les marchés mondiaux ont évolué de manière très hétérogène. Après neuf mois, les exportations vers l'Union européenne, de loin le premier client de la branche, affichent un tassement de 5,7%. Les livraisons vers l'Asie ont légèrement progressé (+1,7%), alors que celles à destination des Etats-Unis ont bondi de 7%.

Dans le contexte actuel, le pays de l'Oncle Sam, vers lequel 12,3% du total des exportations a pris le chemin, représente la seule lueur d'espoir. A l'embellie conjoncturelle outre-Atlantique vient s'ajouter la nette appréciation du dollar américain par rapport au franc, laquelle contribue à améliorer la compétitivité des fabricants helvétiques.

Mais au vu du net recul des exportations observé le mois passé par l'Administration fédérale des douanes, rien n'indique que l'industrie MEM ait déjà atteint le creux de la vague. Alors que les travaux offrant de faibles marges sont sous pression, de nombreuses entreprises doivent se poser la question de savoir quelles activités industrielles peuvent continuer à être exécutées en Suisse.

4500 emplois perdus

Depuis le début de l'année, les annonces de transfert de production et de licenciements se sont mulipliées. Sur la base des données de l'Office fédéral de la statistique (OFS), Swissmem estime que la branche MEM, qui contribue à près de 9% du produit intérieur brut de la Suisse, a perdu près de 4500 emplois entre janvier et juillet.

A la lumière du repli des commandes et de la vigueur persistante du franc, Swissmem ne se montre guère optimiste en la matière. La tendance va dans un premier temps se poursuivre.