28.03.2017

Prévoyance vieillesse: La gauche divisée lance un référendum contre la réforme

Le projet de Prévoyance vieillesse 2020 doit être combattu en référendum. Une frange de syndicalistes mécontents a lancé la machine. La décision a suivi l'assemblée des délégués de l'USS, la faîtière des syndicats, qui soutient au contraire la réforme.

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(ats) Le comité "NON à la hausse de l'âge de la retraite - NON à la baisse des rentes!" s'est constitué à Berne. Il réunit la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS), l'Union syndicale vaudoise (USV), les sections syndicales du SSP Vaud et Genève, SolidaritéS et d'autres militants du mouvement associatif.

Tous s'opposent à la Prévoyance vieillesse 2020 votée au Parlement. "La réforme n'est bonne ni pour les retraités, ni pour les femmes, ni pour les travailleurs", a déclaré Manuela Cattani, présidente de la CGAS devant les médias à Berne.

Pas d'égalité salariale

Pas question de fixer la retraite à 65 ans pour tout le monde tant que l'égalité salariale n'est pas atteinte. Pour les femmes actives dans le secrétariat, le nettoyage ou la vente, une année de plus avant de percevoir l'AVS constitue un "sacrifice inacceptable".

Valérie Borloz, de l'Union syndicale vaudoise (USV), a qualifié la réforme "d'opération de sauvetage du 2e pilier". "Tous les scénarios catastrophes brandis pour l'AVS se sont jusqu'à présent révélés faux", a-t-elle lancé. Le malade d'aujourd'hui dans le système des rentes vieillesse est bien plus la prévoyance professionnelle.

Bien qu'un référendum ne soit pas nécessaire pour cette réforme, vu que le peuple votera de toute façon sur la hausse de la TVA de 0,6 point de pourcentage, le comité référendaire y tient mordicus. "Sans référendum, il n'y aura pas de véritable débat", explique Mme Cattani.

L'USS dit oui à la réforme

La récolte de signatures débutera vraisemblablement le 28 mars, dès que le lancement du référendum sera publié dans la Feuille fédérale. La décision du comité est tombée juste après la réunion des délégués de l'Union syndicale suisse (USS) qui a décidé par 98 voix contre 21 de soutenir la réforme d'Alain Berset.

Plusieurs délégués notamment romands ont dénoncé un projet "antisocial" aux dépens des femmes. La hausse à 65 ans de l'âge de la retraite des femmes et la baisse du taux de conversion de 6,8% à 6% sont certes des pilules amères à avaler, ont reconnu plusieurs syndicalistes, mais ce sont des aspects isolés d'un compromis global. "Aujourd'hui, c'est le maximum politiquement réalisable".

Selon la majorité des délégués, il faut serrer les rangs de la gauche sinon tout le projet coule. Un "non" à la réforme ne servirait que les intérêts de la droite qui veut péjorer les rentes.

Renforcement de l'AVS

Le président de l'USS, Paul Rechsteiner, l'un des architectes de la réforme, a parlé d'un choix important pour le renforcement de l'AVS. Pour la première fois depuis 40 ans, le niveau des rentes sera adapté à l'évolution des salaires et au renchérissement des prix.

Samedi dernier, les délégués d'Unia - plus grand syndicat de Suisse - et du SSP ont dit "oui" à la réforme d'Alain Berset. Le SEV a déjà annoncé qu'il appuierait la réforme, tandis que Syndicom a indiqué qu'il ne soutiendra pas le référendum.

Le Parlement a adopté de justesse la réforme au terme d'un long processus. L'UDC et le PLR l'ont combattue jusqu'à la dernière minute. Ces partis refusent le bonus de 70 francs au profit de l'AVS.