18.11.2015

Unia et Swissmechanic craignent une désindustrialisation en Suisse

La fin d'année difficile des petites et moyennes entreprises (PME) de la branche MEM (machines, équipements électriques, métaux) inquiète la faîtière Swissmechanic. Le syndicat Unia demande dans le même temps à la Banque nationale suisse (BNS) d'agir sur la force du franc, pointant comme Swissmechanic un risque de désindustrialisation.

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Berne (ats) Près de 18% des entreprises indiquent planifier une délocalisation, selon les résultats d'un sondage de Swissmechanic représentatif de ses quelque 1400 membres, mené au 3e trimestre.

Parallèlement au communiqué de l'association faîtière des PME actives dans les domaines mécaniques, techniques et électrotechniques, les délégués du secteur Industrie du syndicat Unia étaient réunis en assemblée extraordinaire.

Ils ont "proposé, par voie de résolution, de former un large front contre la désindustrialisation", communique le syndicat avec ladite résolution.

Licenciements en chaîne

Près de 3000 places de travail ont été supprimées depuis janvier, relève Swissmechanic. Ce chiffre pourrait doubler d'ici fin 2015: 14% des entreprises comptent avec des licenciements les prochains mois. Les résultats et les chiffres d'affaires sont jugés insatisfaisants par respectivement 62% et 48% des firmes sondées.

Plusieurs centaines de licenciements ont, par exemple, récemment été annoncés chez le producteur thurgovien d'abrasifs Sia Abrasives, le fabricant zurichois de machines textiles Rieter, le groupe électrotechnique ABB ou le géant suédois de l'emballage Tetra Pak à Romont (FR).

Plusieurs entreprises horlogères ont, en outre, annoncé des licenciements - sans compter les firmes plus petites, dont les mesures passent plus inaperçues. Le recours au chômage partiel (pour 13% des entreprises au 3e trimestre, selon Swissmechanic) ou à un allongement de la durée de travail a aussi lieu.

Perte de savoir-faire

De quoi faire craindre une perte de savoir-faire, qui affaiblirait la branche et même l'ensemble de l'économie suisse. "Par définition, la désindustrialisation est un changement provoqué par l'atrophie du secteur industriel. C'est exactement ce qui se passe actuellement", note le directeur de Swissmechanic Oliver Müller.

Son de cloche similaire chez Peter Dietriech, interviewé dans Le Temps. Le directeur de Swissmem (la faîtière de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux) relève que 35% des membres prévoyaient en juin des chiffres rouges fin 2015.

"L'appréciation du franc a aussi incité beaucoup d'entreprises à se poser la question de savoir quelles activités industrielles peuvent encore être exploitées de manière rentable en Suisse. Cela a accéléré le processus de changement structurel (...), avec à la clé des transferts de production ou des licenciements", pointe-t-il.

Environ un tiers des firmes interrogées par Swissmechanic font état d'une situation commerciale positive, mais s'inquiètent d'un tel scénario face à la combinaison de trois facteurs.

Demande de réaction

Tout d'abord, le franc fort et l'abandon du taux plancher de l'euro par la BNS début janvier ont amené un renchérissement soudain des prix des produits helvétiques. Les délégués d'Unia invitent ainsi de leur côté les employeurs à faire pression sur la BNS.

Ensuite, la conjoncture dans l'Union européenne (UE) est décevante. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) y prévoit une croissance de 2,2% en 2016. Un tiers des entreprises sondées par Swissmechanic constatent d'ailleurs une détérioration des entrées de commandes issues de l'UE au 3e trimestre.

Unia observe pour sa part que les exportations des industries MEM et horlogères se sont contractées en valeur au 3e trimestre respectivement de 9,1% et 8,6%. Par rapport à l'année précédente, le chômage a augmenté de 15% à 33,4% selon les secteurs industriels.

Enfin, les hauts salaires pratiqués désavantagent les entreprises établies sur sol helvétique: Swissmechanic relève qu'un tour de vis sur les rémunérations peut encore être fait pour atténuer la pression des prix face à l'UE.

Au final, le président de Swissmechanic Roland Goethe s'inquiète d'une "discussion manquante" et attend un soutien politique, dont un allégement des barrières administratives. Unia appelle lui la BNS à agir pour prévenir une désindustrialisation de la Suisse.