Missions d'expatriés

"Il faut s’imaginer qu’on va s’y installer pour la vie"

Oliver Loch est parti deux ans à Londres pour l’UBS. Attiré depuis toujours par la capitale britannique, il a néanmoins dû s’acclimater à une nouvelle culture professionnelle. Il revient sur la préparation de son séjour, le cadre de vie qu’il a découvert en Angleterre et sur les obstacles surmontés durant sa mission.

HR Today: Qu’est-ce qui vous a motivé à partir deux ans à l’étranger?

Oliver Loch: «Ma première motivation était professionnelle. A l’UBS, je travaille dans la publicité. Mes clients ont tous un lien avec la stratégie de marketing de la maison. Et en 2003, l’UBS a décidé de changer cette stratégie pour introduire une marque unique. Comme le chef de la publicité et son agence se trouvent à Londres, c’était plus simple pour moi de faire le déplacement.

Mais une motivation professionnelle seule ne suffit pas. Sur le plan personnel, j’ai toujours trouvé que Londres était la ville la plus excitante et la plus diversifiée au monde. Vivre là-bas a toujours été un rêve.»

Comment avez-vous préparé votre séjour?

«L’UBS a mis au point tout un programme pour la préparation à ce genre de mission. On est pris en main quasiment de A à Z, à commencer par les aspects financiers, la recherche d’un appartement ou encore les besoins du partenaire.

De mon côté, je n’avais pas grand chose à faire car je connaissais déjà bien Londres pour y avoir séjourné pendant une demi-année. J’ai tout de même rendu visite à des amis pour rechercher un appartement. Pour des raisons de transport public, il est important de bien choisir le quartier dans lequel on s’installe.»

Quelles ont été les conséquences fiscales et salariales?

«Il n’y en a eu pour ainsi dire aucune. J’ai signé un contrat d’expatrié suisse. Et l’UBS garantit que le pouvoir d’achat de ses expatriés reste le même que celui qu’ils avaient Suisse.»

Décrivez-nous les différentes étapes de votre intégration.

«Je n’ai pas eu de programme d’intégration détaillé, à suivre jour après jour. Au point de vue professionnel, j’ai dû prendre certaines habitudes. Par exemple: les Anglais ont tous des temps de trajet assez longs avant d’arriver au bureau. Cela ne sert donc à rien de fixer des séances en début de matinée. Un autre exemple: pendant les pauses de midi, les gens mangent facilement un sandwich à leur place de travail. Ce qui est moins le cas ici en Suisse, où on aime rentrer à la maison ou aller au restaurant.

Mon intégration personnelle a été plus problématique. C’est difficile de se faire de nouveaux amis parce qu’on a moins de temps à disposition. Je me suis inscrit dans un centre de
fitness pour lier des contacts.»

Dans son livre «Expatriés, rêve et réalités», Jean Pautrot parle d’une première phase de quelques mois qui est souvent vécue d’une manière très euphorique, comme chez un enfant qui entre dans un supermarché. Mais ensuite arrive une phase plus difficile et qui peut durer plusieurs mois, voire des années. Pouvez-vous confirmer cette analyse?

«Oui, je vous confirme la première étape. C’est vrai que tout est nouveau. L’exemple du supermarché est excellent. En Angleterre, tous les aliments sont rangés différemment. On perd donc un temps fou à les retrouver. Par contre, j’ai aussi eu de la peine avec les vendeurs à la caisse. Ils sont souvent très mal payés et donc pas motivés. En Suisse, on a de la chance à ce niveau-là.

Côté hygiène, l’Angleterre est bien moins propre. Mais le pire, ce sont les transports publics. Il faut s’imaginer une ville aussi peuplée que la Suisse dont la population entière se déplace au même moment. C’est ce qui s’appelle le ‹rush hour›. Au début, c’est amusant, mais après un moment cela devient fatiguant. Pour le reste, je me suis habitué à certaines choses mais pas à d’autres. C’est effrayant de voir à quel point il est difficile d’accepter certains détails.

Et après cette période d’euphorie ?

«J’ai vécu un vie tout à fait normale.»

A la fin de vos deux ans, avez-vous eu envie de poursuivre le séjour ?

«Deux ans à Londres est un séjour idéal. Une année, c’est trop court, et plus longtemps, cela deviendrait difficile. Si j’avais décidé de rester pour une plus longue période, j’aurai choisi un appartement dans un autre quartier. Mais on ne peut pas faire l’erreur de se dire: je ne suis ici que pour deux ans, donc je ne fais pas d’effort. Il faut absolument s’imaginer que vous y êtes pour la vie. Sinon, il devient incroyablement difficile de rencontrer des gens.»

Qu’est-ce qui a été le plus difficile?

«Jusqu’à maintenant, j’ai beaucoup parlé de moi. Mais je suis parti à Londres avec mon partenaire. Et pour lui, cela a été très difficile de trouver un emploi. L’UBS nous a aidés pour des cours de langue et dans une certaine mesure pour la recherche d’un emploi. Après quelque temps, grâce à sa persévérance, il a trouvé un boulot et a réussi son intégration. Mais quand mon mandat s’est terminé, il a décidé de maintenir son nouveau poste à Londres. Depuis que je suis rentré en Suisse, nous nous voyons donc seulement les week-ends.»

Qu’est-ce que ce séjour vous a apporté au niveau humain?

«D’abord, beaucoup de nouveaux amis. Mais j’ai aussi développé durant ce séjour une perception plus large des différences culturelles et philosophiques qui existent dans le monde.»

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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