Formation et carrière

Le métier de l’horlogerie tend la perche aux non-qualifiés

Le secteur de l’industrie horlogère est synonyme de travail artisanal, mais aussi d’utilisation de technologies de pointe: des caractéristiques qui expliquent une panoplie de métiers très vaste à l’origine d’un système de formation varié, flexible, à l’écoute des besoins spécifiques de la branche.

Jeunes ou adultes, professionnels de la branche désirant se perfectionner ou encore personnes en recherche d’emploi: la politique de formation dans l’industrie horlogère s’adresse à un vaste public et se doit d’être souple afin d’anticiper les multiples variations des besoins. L’industrie horlogère répond ainsi aux exigences du marché en offrant la possibilité aux personnes non-qualifiées d’obtenir un certificat reconnu. Elle ouvre aussi ses portes aux personnes en réinsertion professionnelle. La formation en général fait ainsi partie des outils qui ont permis à l’horlogerie de retrouver toute son attractivité.

La formation dans la branche horlogère est gérée par trois différents pôles. Nous trouvons bien évidemment les six écoles d'horlogerie et techniques, réparties sur tout l'Arc jurassien: Bienne, Genève, Le Locle, Le Sentier, Porrentruy et Granges (jadis Soleure) auxquelles vient s'ajouter le Lycée Technique Baptiste-Savoye à St-Imier qui dispense uniquement les formations de micromécanicien et dessinateur-constructeur en microtechnique. Les grandes entreprises de l'industrie horlogère jouent également un rôle important puisque très souvent elles disposent de centres de formation à l'interne. La Convention patronale de l'industrie horlogère suisse (CP) à la Chaux-de-Fonds représente le troisième acteur: chaque année plusieurs actions de formation sont organisées par son service «Formation professionnelle» en fonction des besoins exprimés par les industriels.

Les jeunes intéressés par le métier d'horloger entament leur carrière par un apprentissage en entreprise ou dans une école à plein temps. Six orientations sont possibles:

• horloger praticien
• horloger dans le domaine professionnel de l'industrie
• horloger dans le domaine professionnel du rhabillage
• micromécanicien
• dessinateur-constructeur en microtechnique
• termineur en habillage horloger

Ces études sont couronnées par l'obtention d'un Certificat fédéral de capacité CFC (194 personnes ont reçu un certificat de capacité d'un métier horloger en 2004) et, une fois l'apprentissage terminé, les diplômés ont la possibilité de poursuivre leur formation et d'obtenir ainsi le titre de technicien ET (Ecole Technique), d'ingénieur ou encore une maîtrise fédérale.

Dans le domaine de l'horlogerie, les possibilités de perfectionnement après l'obtention d'un CFC sont nombreuses: le service «Formation professionnelle» de la CP ainsi que l'Ecole d'Ingénieurs au Locle dispensent des cours qui mènent à l'obtention d'un diplôme d'études postgrades en conception horlogère pour ingénieurs et techniciens ET (titre décerné par l'OFFT). Toute une série de cours et de séminaires sont également organisés et destinés aux adultes en fonction de la demande des entreprises et des intéressés.

Il est aussi possible d'obtenir un diplôme de technicien ET (technicien / technicienne ET en construction horlogère et technicien / technicienne ET en microtechnique) grâce à des filières de formation en emploi. Celles-ci sont proposées par l'Ecole technique du soir (ECOTS) gérée par le CIFOM (Centre intercommunal de formation des Montagnes neuchâteloises), le Zeitzentrum de Granges ou encore l'Ecole technique de la Vallée de Joux.

L'horlogerie est sujette à l'évolution rapide des techniques et doit en permanence veiller à l'acquisition de nouveaux savoirs. Cependant elle doit également préserver la transmission de techniques et savoirs anciens qui auraient tendance à disparaître. Or celles-ci reviennent en force surtout dans le domaine du luxe. Intervient alors la formation continue qui se doit de répondre aux exigences dictées par ces deux contraintes paradoxales. Les horlogers diplômés ne représentent qu'un petit pourcentage des travailleurs car une bonne partie des travaux effectués ne requiert pas le niveau du certificat fédéral de capacité (voir graphique). Dans ce contexte, la formation continue joue un rôle capital puisqu'elle permet aux travailleurs non ou semiqualifiés de faire reconnaître et certifier leurs compétences. Ceux-ci ont en effet la possibilité d'obtenir un certificat d'opérateur en horlogerie, voire même un CFC, en suivant des cours du soir.

En matière de formation continue, le concept de la formation modulaire est particulièrement intéressant puisqu'il propose le fractionnement du métier d'horloger praticien en six modules distincts: module de base, culture générale, assemblage, posage / emboîtage, achevage / réglage et module terminal. S'adressant aux adultes (initialement en emploi ou non, puis pour certains modules il sera requis d'être en emploi dans l'industrie horlogère), ce système permet d'obtenir un CFC d'horloger-praticien en fonction des disponibilités de l'apprenant. Excepté le module de culture générale, chaque module de spécialisation correspond à une activité exercée dans l'industrie horlogère et peut être acquis pour lui-même. Ainsi, la personne qui ne termine pas la formation, mais qui a suivi un ou plusieurs module(s), aura développé des compétences lui permettant de trouver un emploi dans l'industrie horlogère. Depuis 1994, la formation modulaire a déjà séduit plus de 800 personnes et délivré 27 CFC au total ainsi que quelques centaines de certificats d'opérateur en horlogerie.

Rappelons que ce modèle de formation s'est d'ores et déjà étendu au-delà des frontières: la formation transfrontalière en horlogerie permet à des demandeurs d'emploi suisses ou français de se réinsérer professionnellement grâce à une formation à plein temps débouchant sur un C.A.P horloger (certificat d'aptitude professionnelle) et un certificat d'opérateur/trice en horlogerie (titres reconnus par les autorités françaises et les milieux horlogers suisses). La formation a lieu au GRETA du Haut-Doubs (Morteau, France) centre de formation spécialisé dans la formation continue, la reconversion et le perfectionnement des adultes. A noter que 90 pour cent des personnes ayant suivi la formation dans le but d'une réinsertion professionnelle ont trouvé un emploi stable dans l'industrie horlogère dans les trois à six mois suivant leur formation.

commenter 0 commentaires HR Cosmos

 

Nadia Fustinoni est licenciée en journalisme, chargée depuis 2004 de la communication et de la documentation à la Convention patronale de l'horlogerie suisse à la Chaux-de-fonds.

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Ralph Zürcher est licencié en es sciences économiques. Responsable du service "Formation professionnelle" depuis l'an 2000.

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