Work-life balance

Travail et vie de famille s’influencent mutuellement

Si le travail empiète parfois sur la vie de famille, le contraire est aussi vrai. Les conséquences de ces connexions ne sont pas toujours négatives. Une recherche en cours donne quelques éclairages.

Avez-vous l’impression que votre travail et votre vie familiale s’influencent mutuellement? Les expériences quotidiennes suggèrent que ces deux domaines de la vie sont interreliés. Pour réduire les effets négatifs et pour profiter des effets positifs, il est nécessaire de comprendre cette relation. Jusqu’à maintenant, les études sur «travail et famille» ont eu un biais négatif et ont focalisé les mères. Comme beaucoup de pères aimeraient passer plus de temps avec leurs enfants, nous avons suivi un appel de la Fondation Jacobs à Zurich et pris la perspective des pères dans cette étude. En plus, nous avons intégré les deux perspectives, négative et positive, pour répondre aux deux questions suivantes: «Quelles conditions de travail sont gênantes et lesquelles sont propices au bien-être, à la récupération et à la vie de famille? Quelles sont les répercussions de la vie de famille sur la récupération et le comportement au travail?»

Problèmes identifiés

Nos discussions et notre sondage avec des pères travaillant dans le commerce de détail ont fourni des contraintes typiques pour ce secteur: les conditions cadres temporelles, les modifications structurelles, la pression du temps, les livraisons retardées, les conflits avec des clients ou collègues qui nécessitent de cacher ses émotions authentiques (travail émotionnel) et un déséquilibre entre efforts et récompenses pour dénommer celles qui ont été mentionnées le plus fréquemment. Les problèmes rapportés n’ont été pour aucune dimension plus sévères que dans un échantillon d’employé/e/s représentatif pour la Suisse (Swiss Household Panel, 2013). Mais tout de même, des problèmes de déconnexion après le travail, de récupération ainsi qu’à moyen terme des symptômes physiques peuvent en résulter. Aussi, il peut devenir plus difficile de mener une vie de famille épanouie et gratifiante en conséquence. Nous regarderons cela un peu plus bas, mais d’abord, nous allons rapporter quels facteurs positifs ont été mentionnés dans notre sondage.

Facteurs positifs et négatifs

Malgré des problèmes rencontrés au travail, le niveau de déconnexion du travail est comparable à la moyenne de la Suisse, voire même un peu plus favorable et les participants ont rapporté des niveaux généraux de satisfaction au travail et de satisfaction de vie aussi élevés que la moyenne en Suisse (Swiss Household Panel, 2013). Aussi, le fort soutien social parmi les employé/e/s est un facteur de protection fort.

Les résultats ont confirmé que la pression du temps et le déséquilibre entre efforts et récompenses sont perçus être présents par les participants. Inspirés par nos groupes focus, nous avons examiné spécifiquement les conséquences pour la déconnexion du travail et la récupération. Il est évident que les employés étant souvent sous la contrainte du temps, relatant plus de conflits, soit avec des supérieur/es ou collègues soit avec des clients, ou ayant un plus grand écart entre émotions ressenties et celles montrées arrivent moins bien à se déconnecter du travail le soir. Ce résultat a été confirmé au quotidien. Les pères ont rapporté plus de difficultés à se déconnecter du travail le soir à la fin d’une journée avec beaucoup de pression temporelle et avec des conflits sociaux qu’après une journée moins chargée. De plus, après une journée caractérisée par plus de conflits, le bien-être que les pères ont ressenti à la maison, le soir, a été réduit. La bonne nouvelle: malgré cet «empiètement», les interactions avec les enfants n’ont pas été mis en jeu. Il est possible que les pères utilisent des stratégies pour protéger leurs enfants des effets négatifs des événements au travail. Cette spéculation doit être investiguée dans de futures études. Mais déjà aujourd’hui, il y a des indices qui montrent que l’utilisation de telles stratégies exige des efforts conséquents.

Répercussions sur la vie de famille

Ajoutant une perspective innovante aux études existantes, notre étude journalière a relevé les tendances d’un cercle vertueux entre les deux domaines de vie. A la fin d’une journée comportant plus d’interactions positives avec les enfants (rapportées par le participant ou par son épouse) ou avec plus de satisfaction ressentie avec la famille, des pères ont relaté se sentir plus régénérés. Tant et si bien que la performance aux tâches du lendemain (auto-rapportée) a été impactée par cet état du participant qui s’est répercutée du soir au matin suivant.

Outre les conflits entre la vie de famille et le travail, il semble donc que des synergies existent aussi entre les deux domaines. Comme les effets positifs du travail sur la vie de famille peuvent impacter l’organisation par le bien-être et la performance augmentés, les cadres comme les employé/e/s ont un intérêt à les renforcer et à connaître les facteurs positifs qui protègent leur bien-être. Mais cela ne va pas de soi! Pour cette raison, nous proposons quelques interventions pour renforcer ces effets.

commenter 0 commentaires HR Cosmos

Prof. Dr Petra L. Klumb est professeur de psychologie à l’Université de Fribourg.

Dr Regina Jensen était doctorante en psychologie à l’Université de Fribourg et est maintenant cheffe de projet responsable de projets à Promotion Santé Suisse, Berne.

Sebastian Siegler est collaborateur scientifique à l’Université de Fribourg.

Anne-Valérie Büchler est Responsable de la Gestion RH et de l’Unité Santé et Sécurité au Travail à Migros Vaud.

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