Guide

Construire son réseau

Nous sommes entrés dans l’ère de la connexion. Mais comment construire un réseau professionnel efficace? Diane Reinhard et Nadine Reichenthal, deux as des réseaux, partagent ici leurs expériences et leurs conseils.

Les événements RH se multiplient en Suisse romande. Conférences, débats, cocktails dinatoires et autre soirée réseautage remplissent les agendas des managers RH. Devant cette explosion de l’offre, qui ajoute une couche supplémentaire aux agendas déjà bien remplis, il faut savoir faire des choix. Comment s’y prendre? Quelles sont les soirées incontournables? Qui sont les personnes qu’il faut rencontrer? Ont-elles des compétences ou des ressources intéressantes? Vont-elles devenir des relations proches dans un avenir plus ou moins lointain? Pour répondre à ces questions, Diane Reinhard et Nadine Reichenthal, deux femmes de réseaux expérimentées (lire ci-contre), vont nous servir de guide.
 

Connaître son propre style

«Avant de se lancer dans la construction de son réseau, je conseille de prendre du temps pour clarifier votre façon de réseauter. Certaines personnes adorent s’immerger dans une assemblée et rencontrer une dizaine de personnes en une soirée. Pour d’autres, elles seront plus à l’aise avec des rencontres individuelles, en aparté. Cela dépend de la personnalité et du parcours de vie de chacun. Faire le point sur ses propres valeurs permet aussi de reconnaître ensuite chez l’autre des valeurs partagées. Il y a une chose dans la vie qui n’est pas extensible: le temps. Inutile donc de se disperser et de réseauter à tout va», relève Diane Reinhard. Son amie Nadine Reichenthal a gravité dans le milieu des start-ups. Elle dit: «C’est un milieu où les gens sont sans cesse à la recherche de nouveaux contacts. Cet univers me correspond et m’intéresse».
 

Réseauter avec une raison

«On réseaute pour une raison», poursuit Nadine Reichenthal. «Supposons que je décide d’importer des iwatch depuis les Etats-Unis. Pour que ce projet réussisse, je devrais identifier les importateurs, les influenceurs – des blogueurs qui écrivent régulièrement sur ce sujet – mais aussi des experts en technologie, qui pourront m’aider à connaître les spécificités techniques de chaque modèle.» En ce sens, construire un réseau implique de déterminer une stratégie. «L’autre manière de réseauter est de se laisser surprendre par le hasard des rencontres. J’étais récemment au Bangladesh, invitée pour faire partie d’un jury de start-up. Lors d’une soirée, j’ai fait la connaissance des deux personnes assises à mes côtés. Il s’est avéré plus tard qu’ils étaient deux investisseurs renommés du pays. A la suite de cette soirée, ils ont accepté de financer des projets de start-ups dans lesquels j’étais impliquée. Des histoires comme celles-là, j’en vis quasiment chaque semaine!»
 
Diane Reinhard, quant à elle, construit son réseau en fonction de ses projets. «J’essaie de garder une cohérence pour aller de l’avant. Cela évite de me disperser. Je m’entoure de personnes qui partagent mes buts et mes valeurs. J’ai par exemple monté le Brevet fédéral de spécialiste en gestion de PME par validation des acquis destiné prioritairement aux femmes de patrons, en collaboration avec Line Pillet et Christine Davatz, qui sont également convaincues par la validation des acquis. Pour mon affect, je donne la priorité à la famille et à mes amis. Comme j’aime apprendre, je fais en sorte de rencontrer des gens qui s’intéressent aux mêmes sujets que moi. Mais il faut que cela entre dans le cadre de mes activités. En revanche, je ne vais pas aller dans une manifestation en visant une personne clef. Je préfère lui téléphoner et prendre rendez-vous. J’ai aussi quelques causes qui me sont chères. Je suis connue pour être une féministe, dans le sens: mêmes droits pour les hommes et les femmes. C’est pour cette raison que je me suis engagée en politique. Enfin, la ressource la plus importante de mon réseau est mon mari. Nous sommes mariés depuis 35 ans, avec des hauts et des bas. Une relation de longue durée, cela se construit et repose sur des buts et des valeurs partagées et solides.»
 

Etre à l’écoute et ne rien attendre

Nadine Reichenthal: «Le réseautage est plus une histoire de cueillette que de chasse. On n’est pas là pour attraper une proie. Il faut le voir comme une petite graine qu’on plante et qui pourra peut- être un jour rapporter des fruits. Personne n’aurait l’idée d’aller au bancomat avant d’avoir mis de l’argent sur le compte. C’est pareil avec les réseaux. Pour créer des liens de qualité, il faut savoir être à l’écoute et ne rien attendre en retour. Un réseau se construit quand tout va bien pour l’utiliser quand tout va mal. L’attitude juste est d’être à l’écoute. Quand vous écoutez l’autre, vous devenez intéressants».
 
Diane Reinhard parle des donneurs et des puiseurs d’énergie. «Les puiseurs d’énergie sont ceux à qui il faut toujours rappeler les échéances; ils sont dans le «oui mais...»; n’ont aucun esprit d’initiative et finissent par épuiser votre énergie. Je privilégie les donneurs d’énergie. Mener un projet à terme implique que tout le monde vise le même objectif, respecte les délais, partage son enthousiasme et fasse des propositions. Avec les donneurs d’énergie, chaque rencontre débouche sur une relation win-win. Vous avez la sensation d’avoir fait un pas en avant et d’avoir chargé votre réservoir d’énergie.»
 

Echange de carte de visites

Nadine Reichenthal: «Chaque fois que je reçois une carte de visite, je prends le temps de la lire attentivement. Je demande ensuite à la personne comment on prononce son nom. Il faut saisir l’unique occasion où nous avons le droit de poser cette question. C’est pour moi le moment idéal pour mémoriser le visage, le nom, l’entreprise et la fonction. Une fois de retour chez moi, je note au verso de la carte: Quand? Où? Dans quelles circonstances? De quoi nous avons parlé? M’a-t-il ou elle dit quelque chose sur ce qu’il/elle aime dans la vie? Au moment de la rencontre, c’est très important de rester soi-même, d’être vraiment intéressé à l’autre et d’être honnête. Cela va vous revenir en bien ou en mal donc mieux vaut ne pas jouer de rôle.»
 

Inventaire et suivi

Diane Reinhard: «Après la première rencontre, qui se fait toujours en face à face, c’est très important de maintenir et d’entretenir le réseau. J’utilise Facebook et LinkedIn pour rester en contact avec des gens que j’ai déjà rencontrés. Mais jamais pour des personnes que je n’ai jamais vues.» 
Nadine Reichenthal poursuit: «Si les personnes m’intéressent, j’essaie de leur envoyer quelque chose en lien avec leur personne sur leur mail privé. Les gens changent de job si souvent ces temps que je préfère utiliser leur adresse mail privée (sourires). A l’inverse, si quelqu’un ne m’intéresse pas, je ne vais pas poursuivre les efforts pour rester en contact. J’essaie aussi de tenir un inventaire des gens que j’ai rencontrés. J’utilise les tags sur LinkedIn pour trier mes contacts. Enfin, je me donne comme principe de ne pas déroger aux règles élémentaires de savoir-vivre. Je dis merci quand je reçois un coup de main et je souhaite une bonne journée aux personnes qui ont leur anniversaire. Enfin, je veille à ne jamais lier un message de félicitations avec une demande.»
 

Les réseaux RH

Associations

  • HR Swiss sections romandes
  • Chambres de commerce
  • Associations patronales
  • Association Nationale des Directeurs de Ressources humaines (ANDRH)
  • Association francophone de Gestion des Ressources humaines (AGRH)
  • Society for Human Resource Management (SHRM)
  • Association for Human Resource Information Management (IHRIM)
  • Association professionnelle pour le recrutement fixe en Suisse romande (APRF)
  • Clubs service
Réseaux sociaux
  • LinkedIn
  • Rezonance
Réseaux de connaissances
  • La Revue des sciences de la gestion
  • La Revue française de gestion
  • Gérer et comprendre
  • Les Annales des Mines
  • Harvard Business Review

Diane Reinhard

La Neuchâteloise Diane Reinhard (lire aussi son portrait sur hrtoday.ch), spécialiste en finances,est la fondatrice des sociétés de conseil stratégique Potentialyse et Board2win SA (gouvernance). Elle multiplie les projets et les initiatives depuis une vingtaine d’années. Parmi ses réalisations, elle a participé à un projet financé par le Bureau fédéral de l’égalité pour promouvoir l’égalité salariale en entreprise; actuellement elle se bat pour augmenter la part des femmes dans les conseils d’administration, dans ce cadre elle est une des membres fondatrices du Cercle suisse des administratrices. Diane Reinhard est notamment l’auteur de «Elargir votre réseau», éd. Saint-Augustin, 2011, 199 pages.

Nadine Reichenthal

Surnomée «Nadine Connect», Nadine Reichenthal a le contact facile et une mémoire d’éléphant. «Les gens m’appellent pour connaître les noms de personnes qui pourraient les aider», assure-t-elle pendant l’entretien téléphonique qu’elle a accordé à HR Today. Nadine Reichenthal préside le Club des femmes entrepreneures et est chargée de cours à HEC Lausanne en entrepreneuriat.

 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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