Marché du travail

Le taux d'activité des femmes a atteint un sommet

Malgré un meilleur accès aux formations supérieures et davantage de facilités pour concilier famille et profession, le taux d'activité des femmes semble avoir atteint un sommet. Selon les spécialistes, la part des femmes actives de plus de 15 ans devrait passer de 62,4% aujourd'hui à 56,4% en 2045.

(ats) L'expansion de l'emploi ne sera plus à l'avenir un moteur important de croissance. Le taux d'activité et par là l'économie devraient stagner, estiment les experts de Credit Suisse dans leurs prévisions conjoncturelles publiées la semaine dernière.

La Suisse va faire face ces prochaines années à la vague de départs à la retraite de la génération du baby-boom, à un ralentissement de l'immigration des travailleurs étrangers et à la baisse du taux d'activité des femmes, explique Credit Suisse.

Le fait que la vague de départs à la retraite sera un frein au taux d'activité des hommes est évident. Mais dans le même temps, on ne cesse de rappeler que le potentiel d'activité professionnelle des femmes n'est pas encore épuisé.

Le taux d'activité des femmes qui ont un enfant de moins de six ans se situe actuellement à 70%. Concilier vie familiale et enfants devenant plus facile tant d'un point de vue organisationnel que financier, le taux d'activité des femmes avec enfants devrait donc continuer à progresser.

Moins d'hommes

Dans les faits, les prévisions de l'Office fédéral de la statistique (OFS) confirment la baisse du taux d'activité des hommes et par là du taux global. La part des hommes de plus de 15 ans est passée de 75% en 2012 à 74,3% au deuxième trimestre 2017. Elle était de 85% en 1972. Se basant sur cette évolution, l'OFS table sur une réduction à 65% d'ici 2045.

Les calculs des statisticiens de l'OFS concernant les femmes correspondent à première vue les prévisions de Credit Suisse. Le pourcentage de femmes de plus de 15 ans qui travaillent a régulièrement augmenté depuis 1980. Il est passé de 40% cette année-là à 62,4% aujourd'hui.

En 2016, il était pour la première - et peut-être dernière fois - à plus de 63%. D'ici 2045, l'OFS s'attend toutefois à une réduction à 56,4%, en raison du vieillissement de la population.

Femmes en retard

En revanche, l'OFS est moins catégorique que Credit Suisse concernant les femmes. Les statisticiens de l'office estiment que le taux d'activité des femmes entre 15 et 64 ans (donc sans compter les plus âgées) va légèrement augmenter ces prochaines décennies. Il devrait prendre 0,5 point de pourcentage, d'ici 2045 pour s'inscrire à 80,6%. A l'inverse, pour les hommes du même âge, une baisse de 0,9 point à 86,9% est attendue.

L'augmentation du taux féminin s'explique par plusieurs facteurs: l'amélioration de leur niveau d'éducation, les mesures pour rendre compatibles vie professionnelle et familiale, ainsi que la nécessité pour beaucoup de femmes de contribuer au revenu du ménage.

Dans les taux d'activité mentionnés jusqu'ici on ne voit pas si les temps de travail à temps partiel des femmes vont augmenter ces prochains mois. Le taux d'emploi féminin en équivalent plein temps va en revanche clairement augmenter, ce qui ne sera pas le cas chez les hommes.

Etrangers à la rescousse

Malgré cette main-d'oeuvre féminine supplémentaire, la part des travailleurs qualifiés indigènes va diminuer. L'OFS table donc sans surprise sur une augmentation significative du taux d'étrangers dans la population active. Il devrait se situer à 33% d'ici 2045, alors qu'il est à un quart actuellement.

L'OFS ne fait en revanche pas de répartition entre la part revenant aux femmes et celle revenant aux hommes. Ces dix dernières années, toutefois, le taux d'emploi des étrangères était d'environ 5% supérieur à celui des Suissesses.

Quoi qu'il en soit, même avec un scénario optimiste, se basant sur un taux de natalité élevé, sur davantage de femmes actives et sur une accélération de l'immigration, la Suisse va manquer de forces de travail. En 2045, le nombre de personnes de 65 ans et plus pour 100 personnes actives de 20 à 64 ans passera à 53. Le rapport était de 33 ces dernières années.

L'éducation supérieure des femmes rapporte peu à l'Etat en Suisse

L'éducation est rentable non seulement pour les individus, mais aussi pour les comptes publics qui profitent des revenus des diplômés de l'enseignement tertiaire. Le rendement pour l'Etat d'une femme diplômée en Suisse est cependant moins bon que celui d'un homme.

C'est ce que montre la dernière étude réalisée par l'OCDE auprès de ses 35 pays-membres. Sur la base des parités de pouvoirs d'achat, les coûts publics directs pour la formation supérieure d'une femme en Suisse atteignent en moyenne 107'000 dollars (104'200 francs).

Les bénéfices pour les pouvoirs publics, mesuré à l'aune des impôts et des cotisations sociales versées par les femmes diplômées, se monte à 98?000 dollars, soit un manque à gagner de 9000 dollars pour l'Etat.

Le seul autre pays à afficher une perte nette est le Chili (-3600 dollars). La moyenne des pays de l'OCDE est de 83'400 dollars. C'est aux Pays-Bas (246'500 dollars) et en Irlande (219'000 dollars) que les femmes éduquées rapportent le plus à l'Etat.

En Suisse, les hommes rapportent 64'000 dollars, soit la moitié de la moyenne de l'OCDE (154'000 dollars). Là encore, l'Irlande (429'000 dollars) et les Pays-Bas (370'800 dollars) sont en tête.

 

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