Chronique

Prendre toute sa place

Prendre notre place, c’est décider de prendre des responsabilités. C’est avoir le courage d’endosser un rôle pour confronter nos aspirations à nos réalités professionnelles mouvantes. Faire acte de self-leadership va plus loin. C’est prendre sa place, mais aussi toute sa place.

Dans cette tribune, Jean-Yves Mercier partage certaines des réflexions développées dans son ouvrage sur le «self-leadership» à paraître en fin d’année.

Le mouvement du développement personnel a tendance à nous inculquer que chacun de nous aurait son «vrai soi». À nous de l’identifier et de le vivre de la même manière à tout instant de notre vie. C’est simpliste. Nous pouvons être différents au travail et à la maison. Et dans notre milieu professionnel, il est rare que nous ayons exactement les mêmes attitudes envers nos supérieurs, nos clients, nos collègues ou nos collaborateurs. Rien de mal à cela, bien au contraire. Chacune de nos interactions façonne notre identité. Nous apprenons de situations différentes et en développons différentes expressions de nous-même. Le problème n'est pas de jouer des rôles, mais de porter un masque. Ce qui arrive si l’un de ces rôles ne nous convient pas. Dans ce cas, nous nous perdons dans une identité qui n'est pas la nôtre, en nous conformant aux idéaux et aux attentes extérieures. Prendre toute notre place signifie rester l’acteur principal de nos rôles.

Serait-ce en nous concentrant sur des activités qui nous challengent tout en mobilisant nos compétences, le fameux état de «flow»? Ou en sortant de notre zone de confort pour en développer de nouvelles? Ces métaphores sont trompeuses si nous les concevons comme une injonction à exploiter au maximum nos compétences, existantes ou potentielles. Nous ne sommes pas de simples machines productives. Nous avons des désirs. Cela implique de réaliser quelque chose d'important à nos yeux. Prendre toute sa place implique de poursuivre une réussite qui corresponde à nos aspirations, que ce soit en termes de contribution à la société ou de réussite sociale par exemple. Ces déterminants sont très personnels et nécessitent une prise de conscience. Au-delà de l'aspiration, ils renvoient également à la notion d'ambition.

Être ambitieux est nécessaire pour prendre toute sa place. Bien sûr, l'ambition peut avoir une connotation négative, associée à l'égoïsme et à la quête de pouvoir. Pour un dirigeant par exemple, l'ambition doit être tournée vers le collectif. Un véritable leader ne s'enferme pas dans son ego, il s’ouvre à ses aspirations comme à son environnement pour poser une vision que l’on puisse suivre. Pour chacun, il en est de même. Prendre toute notre place implique de partager par notre action non seulement nos compétences ou notre personnalité, mais aussi ce à quoi nous voulons contribuer.

En fin de compte, le self-leadership est une quête personnelle qui implique d’équilibrer constamment nos aspirations individuelles, nos ambitions collectives, nos valeurs et nos ressources en prenant des responsabilités envers notre environnement. C’est la réponse que chacun de nous peut donner à son besoin de construire le sens de son action.
 

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Photo portrait Jean-Yves Mercier

Jean-Yves Mercier est directeur exécutif du EMBA de l’Université de Genève et CEO de Self-Leadership Lab.

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