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Travail et ménopause: le tabou est en train de tomber

La première étude suisse réalisée au sujet de l'impact de la ménopause sur le travail vient de paraître. Si rien n'est entrepris, jusqu'à 15% des femmes ménopausées mettent fin à leur carrière et jusqu'à 30% réduisent leur temps de travail. 

La ménopause, qui dure en moyenne 8 ans, est un processus naturel qui peut s’accompagner de symptômes tels que bouffées de chaleur, troubles du sommeil ou problèmes de concentration. Sur de nombreux lieux de travail, la ménopause n’est pas abordée ouvertement et les femmes disposent rarement d’un cadre sécurisé pour en parler. Le manque de communication entraîne une stigmatisation qui a de graves répercussions sur le climat de travail. Il en résulte que les femmes hésitent à parler de leurs souffrances et ne peuvent donc pas recevoir de soutien adéquat: elles souffrent donc en silence.

La première étude suisse réalisée au sujet de l’impact de la ménopause sur le travail date de juillet 2023. Il a été constaté que 59% des femmes interrogées déclarent se sentir moins sûres d’elles qu’auparavant et 48% sont inquiètes quant à la façon dont leur travail sera évalué. Les effets de la ménopause au travail se manifestent dans différents domaines, mais trois points principaux ressortent: l’absentéisme, le présentéisme et le «leavisme».

Changer la culture d’entreprise

L’absentéisme, qui se caractérise par une augmentation des absences non planifiées, se manifeste souvent chez les femmes ménopausées. Dans le cas du présentéisme, les employées viennent au travail pour accomplir leurs tâches malgré des symptômes impactant leur santé. Bien que cet engagement soit louable, il peut entraîner un taux d’erreur plus élevé. On parle de «leavisme» lorsque les employés prennent des congés annuels, mais qu’au lieu de s’arrêter de travailler, ils en profitent pour rattraper leur retard. Les femmes ménopausées utilisent aussi cette stratégie. Dans l’ensemble, ces trois aspects montrent que la ménopause au travail ne pose pas seulement des défis physiques et émotionnels, mais qu’elle remet également en question les modèles traditionnels d’absence et de présence, ce qui rend nécessaire une culture du travail plus complète et consciente du problème.

Ménopause et pénurie de main-d’œuvre qualifiée

La pénurie actuelle de personnel qualifié en Suisse atteint des sommets. Elle s’explique par le vieillissement de la population ainsi que par la croissance de l’emploi. Dans ce contexte, il est important de savoir que le groupe démographique qui augmente le plus est celui des femmes de plus de 45 ans. En ne considérant pas les besoins spécifiques de ce groupe d’employées, l’économie perd un nombre considérable de collaboratrices expérimentées et bien formées. Les chiffres sont sans appel: parmi les femmes ménopausées, jusqu’à 15 % mettent fin à leur carrière professionnelle et jusqu’à 30% supplémentaires réduisent leur temps de travail. Ces chiffres alarmants et peu connus sont confirmés par diverses études.

Impact économique et opportunités

Cette situation entraîne des coûts considérables. Le coût du remplacement d’une collaboratrice perdue s’élève au minimum à la moitié de son salaire annuel. Rien qu’en Suisse, ces coûts engendrés par le départ des femmes à la ménopause s’élèvent à plus de 2 milliards de francs. Les pertes de productivité dues à la ménopause sont estimées à 150 milliards de dollars par an au niveau mondial. De plus, la perte de femmes qualifiées est particulièrement critique pour les postes de direction, car beaucoup quittent l’entreprise par manque de soutien ou renoncent à une promotion.

La ménopause offre également des opportunités importantes aux entreprises qui abordent activement ce sujet. Celles qui s’engagent dans une culture de soutien peuvent obtenir un avantage concurrentiel évident. En mettant en place des mesures ciblées, elles peuvent non seulement promouvoir la santé de leurs employées, mais aussi augmenter leur productivité. L’introduction de modèles de travail flexibles, de ressources spécifiques et de formations de sensibilisation pour les cadres contribue à préserver l’existence de talents et à renforcer la fidélisation des employées. Une communication ouverte sur la ménopause crée en outre un environnement de travail inclusif qui favorise la diversité et la confiance.

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Dr Joëlle Zingraff est Co-CEO et fondatrice de The Women Circle SA, une entreprise qui propose services et produits aux femmes en phase de ménopause. TheWomenCircle.ch

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Dr Adrian Krahn est Co-CEO et fondateur de The Women Circle SA, une entreprise qui propose services et produits aux femmes en phase de ménopause. TheWomenCircle.ch

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