26.09.2016

L'initiative AVSplus des syndicats rejetée à près de 60%

Les retraités ne bénéficieront pas de rentes plus élevées. L'initiative populaire "AVSplus: pour une AVS forte" des syndicats et de la gauche a été rejetée dimanche par 59,4% des votants. Tous les regards se tournent désormais vers le débat sur la prévoyance vieillesse qui s'ouvre au Conseil national.

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Berne (ats) Les seuls cantons qui ont soutenu l'initiative se trouvent en Suisse latine. Le Jura la plébiscite à 59,5%, Neuchâtel à 54%, Genève à 53,6%, le Tessin à 53,4% et Vaud du bout des lèvres, à 50,3%.

Le refus le plus prononcé vient du demi-canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures, avec 77,7% de "non", suivi des petits cantons de Suisse centrale: Obwald (75,1%), Nidwald (73%) et Schwyz (71,8%).

Solution trop chère

L'initiative populaire voulait relever les rentes de 10%. Un retraité vivant seul aurait ainsi reçu entre 1400 et 2800 francs de plus par an et un couple maximum 4200 francs. Elle aurait coûté 4,1 milliards de francs en tout.

Pour financer ce projet, les initiants voulaient relever les cotisations de 0,4% à charge des salariés et autant des employeurs. Ils estiment que c'est le seul moyen pour compenser les pertes de rentes dans le 2e pilier.

La droite et le Conseil fédéral ont dénoncé avec succès une solution trop chère. L'augmentation de la rente s'ajouterait au déficit dont souffre déjà l'AVS, lequel atteindrait 12,5 milliards de francs à l'horizon 2030.

Bonus controversé

Après le refus net du texte, tous les regards se tournent vers la réforme de la prévoyance vieillesse, sur laquelle le Conseil national se penchait pour la première fois ce lundi. Le projet initial prévoit de garantir les prestations via notamment un relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, un abaissement des rentes du 2e pilier et une augmentation de la TVA de 1,5 point.

Le Conseil des Etats a déjà remodelé le paquet l'an dernier: il veut revaloriser le 1er pilier pour compenser la baisse des rentes de prévoyance professionnelle qui s'explique par une réduction (de 6,8% à 6%) du taux de conversion du capital en rente.

Quant à la commission préparatoire du National, elle a épousé les vues patronales, en proposant une augmentation automatique de l'âge de la retraite à 67 ans et des économies très peu compensées. Elle refuse aussi de mélanger les piliers et a biffé le bonus de 70 francs prévu par les sénateurs pour tous les nouveaux rentiers AVS.

Ombre du référendum

De l'avis des instigateurs de l'initiative AVSplus, les 40% de voix positives obtenues dimanche constituent un signal fort envoyé au Parlement. Dès lors, "si le Conseil national supprime le bonus de 70 francs de la proposition (du Conseil des Etats)", l'Union syndicale suisse (USS) combattra cette mesure "par tous les moyens à sa disposition", a réagi son président Paul Rechsteiner.

Le conseiller national UDC Thomas de Courten - dont le parti est un farouche opposant au principe du "saupoudrage" et donc au bonus mensuel de 70 francs proposé par le Conseil des Etats -, s'est d'ailleurs dit "certain" que les citoyens suisses devront se prononcer sur la réforme. Mais à l'inverse du président de l'USS, le Bâlois est d'avis que les syndicalistes auraient peu de chances de l'emporter.

Troisième voie PLR

A l'image de l'UDC, le PLR est d'avis que le "projet sorti de la commission (préparatoire du National) va globalement dans le bon sens", souligne le conseiller national Ignazio Cassis. Son parti souhaite néanmoins y apporter des corrections, "notamment en ce qui concerne la compensation du taux de conversion", que le parti veut compenser uniquement dans le 2e pilier. Cette "troisième voie" sera proposée la semaine prochaine.

Quant au vice-président du PDC Yannick Buttet, il estime que la hausse des rentes de 70 francs, à laquelle sa formation est favorable, conserve des chances de passer le cap du Parlement. A l'inverse, le parti juge "une hausse généralisée de l'âge de la retraite à 67 ans inacceptable".