Des entreprises romandes créent un nouvel apprentissage
Un nouveau métier est né. La première volée d’opérateur de machines automatisées a terminé son cursus en 2005. Très pratique, l’apprentissage se veut proche des machines et de la technologie de production. Cette nouvelle profession répond aux demandes de plusieurs secteurs d’activité.
Proposer un apprentissage de plus parmi les 300 métiers déjà existant. Est-ce bien raisonnable? Probablement, et c’est même très motivant, à entendre la vingtaine d’entreprises fribourgeoises et vaudoises qui ont mis sur pied une nouvelle filière d’apprentissage d’opérateur de machines automatisées.
Diversité des entreprises
Fait étonnant mais remarquable de par sa diversité professionnelle, ce sont des entreprises aussi différentes que Nestlé (chocolat et café), Cremo (produits laitiers), Wago (contacteurs électroniques), Henniez (eaux minérales), UCB Farchim ou Serono (produits pharmaceutiques) qui se retrouvent régulièrement autour d’une table afin de promouvoir cet apprentissage. Aujour-d’hui, ils tentent d’achever le processus de reconnaissance exigé par les instances de formation professionnelle cantonales et fédérales.
Evolution technologique
Toutes ces entreprises pratiquent des étapes de production ou de conditionnement dirigées par des machines automatisées; toutes ont vécu un bouleversement dans leurs technologies depuis une dizaine d’années avec l’avènement de l’informatique et de l’automatisation des équipements. Le personnel occupé à ces opérations était souvent peu qualifié et formé sur le terrain alors que le degré d’expertise et d’autonomie exigé de la part des opérateurs se développait sans cesse.
Afin de valoriser les acquis professionnels et favoriser le développement de ces opérateurs, Nestlé-Broc – qui a mis sur pied un cursus de formation professionnelle interne – est parvenu à faire reconnaître cette formation par les autorités cantonales fribourgeoises. Prenant conscience que d’autres entreprises connaissaient les mêmes besoins de développement de compétences, un noyau d’une dizaine d’entreprises de la région a créé une association faîtière. Douze apprentis ont débuté leur formation en 2001 suivant les cours professionnels à Bulle un jour par semaine. Cette année, ce ne sont pas moins de 22 apprentis qui ont choisi cet apprentissage et les premiers diplômés ont tous trouvé du travail l’automne passé.
Employés tout de suite opérationnels
Cette nouvelle filière offre une large palette d’avantages. Tout d’abord pour les employeurs, c’est la chance de pouvoir recruter des employés formés et opérationnels tout de suite. Plus besoin de planifier une mise à niveau en interne durant plusieurs mois. Tout aussi importante, la possibilité pour les entreprises de pouvoir certifier les acquis professionnels de leurs employés actuels via une formation continue du type de l’art. 41.
Formation évolutive et adaptée aux jeunes aux capacités pratiques
De leur côté, les jeunes, pas forcément intéressés et doués pour un cursus académique et théorique, trouveront un apprentissage pratique, proche des machines et de la technologie de production, polyvalent et surtout offrant une diversité d’entreprises et de fonctions très variées dès l’obtention du CFC ainsi que de nombreuses perspectives de formation continue et d’évolution professionnelle comme chef/fe d’équipe, assistant de production, technicien d’exploitation.
Développement et reconnaissance outre-Sarine
Le défi posé à ces entreprises est maintenant de susciter la même dynamique de l’autre côté de la Sarine; en effet, la formation ne sera reconnue au niveau fédéral que si des entreprises en Suisse allemande font la même démarche et prouvent que le besoin est existant à travers toute la Suisse.
Alors que la presse spécialisée relate les problèmes d’adéquation entre l’offre de formation professionnelle et le besoin de qualifications des entreprises, il serait aberrant qu’une telle initiative meure sans avoir eu le temps de prouver sa pertinence.
L’effort de promotion de cet apprentissage doit donc aussi continuer en Suisse romande avec l’objectif de doubler le nombre d’apprentis en formation dans les 3 prochaines années. Cet effort se fera d’une part par networking et contacts directs des entreprises potentiellement intéressées à former des apprentis et, d’autre part, via les agences d’orientation professionnelle à qui les spécificités de cet apprentissage devront être explicitées avant la prochaine période de recrutement des apprentis. C’est-à-dire demain…