Du spécialiste métier, le manager doit devenir un leader généraliste
L’acquisition de compétences comportementales compte toujours plus dans la formation continue de l’encadrement. Cette évolution répond aux exigences de la pression économique sur les organisations tout comme les nouvelles formes d’employabilité. A cet égard, l’exemple du Groupe E est emblématique.
La situation actuelle du marché de l’électricité en Suisse offre un contexte éclairant des défis de formation continue qui se posent au management RH en période de mutation économique. En passe d’être libéralisé, le secteur augmente la pression sur les entreprises tout en redéfinissant les rôles et fonctions des employés. L’exemple de Groupe E, leader du secteur énergétique des cantons de Fribourg et Neuchâtel, est emblématique à plusieurs égards. En poussant l’entreprise à toujours plus de performance et d’innovation, la pression croissante de la concurrence a provoqué de nombreux changements organisationnels au sein du groupe. Analyse de la situation avec son DRH, Yves Bovay.
Il faut tout d’abord relever que l’annonce de la libéralisation du marché d’électricité a été faite par le Conseil fédéral en 1997 déjà. Groupe E est donc entré dans un processus d’anticipation depuis longtemps. Yves Bovay: «De nouveaux métiers ont vu le jour, d’autres activités ont été externalisées. C’est un processus constant.» Il ajoute: «Les collaborateurs doivent être accompagnés dans tous les processus de changement pour rester compétitifs dans un nouvel environnement. Nous avons implanté dans toute l’entreprise et à tous les niveaux des outils favorisant le dialogue.»
Communication, écoute, sens des priorités
Du côté du management, la tendance est de plus en plus aux développements des compétences comportementales. «En plus des connaissances théoriques et l’expérience professionnelle, d’autres critères concernant la personnalité et les attitudes comportementales deviennent de plus en plus normatives pour le choix des nouveaux collaborateurs. En outre, ce seront la cohérence et le choix du parcours professionnel, les résultats obtenus et le potentiel futur qui feront la différence. Les compétences managériales et comportementales s’approchent donc du centre: un cadre dirigeant doit exceller en communication, être à l’écoute, savoir décider et prioriser les actions, développer ses collaborateurs et les mobiliser sur l’atteinte des objectifs stratégiques. Le défi pour tout cadre désirant progresser est d’accepter de ne plus être ‹le› spécialiste métier mais de devenir un leader généraliste», proclame Yves Bovay.
Du côté du personnel, le DRH observe: «Celui qui veut se protéger des conséquences d’une restructuration doit se former constamment. Tout au long de sa vie professionnelle, la formation continue est indispensable pour maintenir et développer ses compétences métier et comportementales, se ressourcer ou se préparer à un changement d’activité.»
Un accompagnement nécessaire
Mais cette responsabilité n’est pas unilatérale. Elle se partage entre employé et employeur avec l’objectif idéal d’une solution de type win/win. Des collaborateurs performants et motivés assurent la perennité d’une entreprise. Une employabilité durable est la base d’un parcours professionnel réussi. C’est dans ce contexte de co-évolution que la formation continue trouve sa vraie signification. Car accompagner les collaborateurs veut aussi dire leur donner accès à une formation continue en adéquation avec leur trajectoire. Mais depuis la réforme de Bologne, il n’est pas devenu plus aisé pour les responsables RH de garder une vue d’ensemble sur la multitude d’offres en formation. «Il faut être critique et attentif et prendre du temps pour bien comprendre la signification d’une formation», estime Yves Bovay. Dans la sélection d’une offre, il observe les critères suivants: la qualité et la réputa-tion d’un fournisseur, la reconnaissance de la formation, l’adéquation avec le besoin et finalement le prix. Mais ce qui constitue une bonne formation continue tient surtout au pragmatisme, donc un bon mélange entre théorie et pratique.
Le réseautage est utile
Yves Bovay insiste enfin sur l’importance du réseautage. «Les participants à un Executive MBA (tel que celui proposé par l’iimt par exemple) disposent en majeure partie d’une formation technique au départ. Par leurs études, ils acquièrent une spécialisation dans le domaine du management. Et ils ont surtout la possibilité d’augmenter leurs échanges d’expériences. Le réseautage est très utile pour le futur parcours professionnel d’un cadre.» Par contre, met en garde Yves Bovay, «un EMBA reste malgré tout une formation académique. Il ne va pas transformer du jour au lendemain tout nouveau diplômé en leader. Pour réussir il faut donc toujours attacher les connaissances théoriques acquises avec les expériences pratiques et la personnalité.»