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Le recrutement en Suisse face à des défis mondiaux

Selon les résultats de notre étude HR Research 2024, le recrutement en Suisse peine à adopter et à intégrer des méthodes modernes. Tour d'horizon des pratiques les plus innovantes sur le plan international.

 

Les 10 principales conclusions de l'étude

  1. Le recrutement en Suisse reste conservateur et conventionnel.
  2. Compétences du futur: les entreprises privilégient l’expérience sectorielle et l’expertise technique.
  3. Le CV reste un sésame incontournable dans le processus de recrutement.
  4. Les profils hors secteur et les parcours non conventionnels sont largement ignorés.
  5. Tout le monde parle de formation continue – dans le recrutement, cela n’intéresse que modérément.
  6. Les candidatures spontanées, plus efficaces qu’on ne le pense.
  7. Des références plutôt que des certificats de travail – les prises de références informelles sont en nette hausse.
  8. Le potentiel des réseaux sociaux est encore trop peu exploité.
  9. L’adoption de l’IA dans les recrutements: un retard à combler.
  10. Les phénomènes restrictifs du marché du travail perdurent.

Le monde entier fait face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans des secteurs clés comme la technologie, l’ingénierie et la santé. Pour rester compétitives, les entreprises doivent améliorer leurs stratégies de recrutement, notamment pour attirer la Génération Z, fortement connectée, avide d’innovation, et qui privilégie la flexibilité et la qualité de vie. Dans un marché de l’emploi globalisé, les processus de recrutement évoluent pour faire face aux nouveaux défis. Et en Suisse?

Réseaux sociaux et nouvelles plateformes révolutionnent le recrutement mondial

Les États-Unis ont intégré des méthodes plus modernes pour recruter les talents. Les entreprises américaines utilisent des plateformes comme TikTok Resumes, permettant aux candidats de soumettre des vidéos au lieu d’un CV afin de rendre l’expérience candidat plus agréable, interactive et plus créative. 

Au Royaume-Uni, le nombre d’offres d’emplois publiées directement sur Instagram est en forte augmentation, cela permet de toucher une audience plus jeune et connectée et d’élargir le vivier de talents. 

En France, Welcome to the Jungle propose une plateforme de recrutement immersive avec des vidéos d’entreprises, des interviews d’employés, permettant aux candidats de mieux comprendre l’environnement de travail avant de postuler, favorisant ainsi un meilleur «match» culturel.

En Chine, WeChat, célèbre application de messagerie, est de plus en plus utilisée comme plateforme de recrutement pour interagir directement avec les candidats via les chatbots et les groupes de discussion. Les formulaires de candidatures et le suivi sont intégrés à la plateforme.

Au Japon, les recruteurs utilisent LINE, une application de messagerie similaire à WhatsApp. Elle intègre des fonctionnalités comme des entretiens vidéo en direct et des alertes d’offres d’emploi personnalisées. 

En Inde, Naukri.com, plateforme de recrutement du pays, intègre de l’IA pour recommander des candidats aux recruteurs en fonction de leurs compétences et de leur historique. Apna, une autre plateforme, propose un réseau social pour les travailleurs non qualifiés et semi-qualifiés, permettant aux recruteurs de trouver rapidement des talents dans divers secteurs.

Enfin, à Singapour, GrabJobs facilite le recrutement instantané grâce à des chatbots qui automatisent l’évaluation initiale des candidats et organise les entretiens directement dans les agendas des recruteurs et des managers. Ces innovations permettent d’accélérer et de simplifier les processus de recrutement tout en améliorant l’expérience utilisateur, surtout dans des marchés de travail aussi dynamiques que ceux d’Asie.

Les «Future skills» et la formation continue sont valorisés

L’approche des entreprises en matière de recrutement varie considérablement selon les pays. Certains sont très flexibles et acceptent des candidats issus de divers secteurs et industries.

Aux États-Unis, le monde de la tech met fortement l’accent sur les capa- cités de résolution de problèmes et les capacités d’apprentissage. Les compétences techniques sont souvent acquises en dehors des rôles formels.

Au Canada, les modalités de travail flexibles et le travail à distance ont ouvert davantage de portes aux personnes en reconversion, en particulier dans les secteurs de la technologie, de la santé et du service à la clientèle.

Au Royaume-Uni, les entreprises commencent à s’adapter à un modèle de recrutement plus axé sur les compétences transversales depuis la pandémie. Les domaines comme le marketing digital et la durabilité accordent moins d’importance à l’expérience dans l’industrie et se concentrent davantage sur la passion, la créativité, et l’adaptabilité des candidats.

La France et l’Allemagne sont plus conservatrices dans leurs pratiques de recrutement, notamment dans les secteurs de la finance, de l’ingénierie et des services juridiques. Les entreprises préfèrent souvent des candidats ayant une expérience directe dans l’industrie et des qualifications éducatives académiques. Cependant, la formation continue et les certifications sont très valorisées par les recruteurs, ce qui permet aux candidats cherchant une reconversion de réussir leur transition.

Recrutements alimentés par l’IA:

Miser sur le potentiel plutôt que sur l’expérience. Dans les pays qui ont largement adopté l’IA dans les processus de recrutement (États-Unis, Canada ou Royaume-Uni en tête) les compétences transversales (ou soft skills) prennent une importance croissante. Ces compétences, comme la résolution de problèmes, la créativité, ou encore la capacité d’adaptation, sont de plus en plus reconnues comme des atouts essentiels pour naviguer dans des environnements de travail en constante évolution. L’IA permet d’analyser ces compétences et d’aller au-delà des simples qualifications académiques, et ouvre la voie à des recrutements davantage basés sur le potentiel et l’adaptabilité des candidats plutôt que sur leurs expériences passées.

Et en Suisse?

Selon les résultats de notre étude HR Research, réalisée en collaboration avec HR Today, le recrutement en Suisse peine à adopter et à intégrer des méthodes innovantes et modernes. Cette étude a réuni cette année 936 participants issus des ressources humaines et des lignes hiérarchiques de sociétés suisses. Il en ressort que les pratiques de recrutement n’ont pas beaucoup évolué dans l’ensemble. La tradition prime sur l’innovation. En effet, les pratiques de recrutement en Suisse restent largement conventionnelles. Bien que la majorité des recruteurs, des responsables RH et des managers reconnaissent le potentiel de l’intelligence artificielle, son utilisation reste encore limitée dans la pratique. Tous les résultats de cette étude HR Research 2024 seront publiés prochainement.

Livre blanc

Un grand merci à tous ceux qui ont participé à l’enquête de cette année! Vous pouvez obtenir la version numérique du Whitepaper (en allemand, français, italien ou anglais) via www.rundstedt.ch/fr/etude-les-pratiques-de-recrutement

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Texte: Anne Donou

Anne Donou est Directrice Suisse romande chez von Rundstedt & Partner Suisse SA.

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