Les futurs décideurs européens dans la ligne de mire
The European Student Barometer fait le point chaque année sur les employeurs préférés, les objectifs et les priorités des étudiants européens à la veille de leur entrée sur le marché du travail. L’étude 2007 montre entre autres que les étudiants des grandes écoles de management attendent de recevoir le même salaire que leurs homologues européens.

Dans un contexte de pénurie croissante de main d’œuvre, la guerre des talents est devenue un défi majeur pour les employeurs, qui ne ménagent pas leurs efforts pour soigner leur image et courtiser ainsi les profils qu’ils recherchent. Attirer et retenir les «right potentials» est en effet fondamental pour leur survie à long terme.
Pour accéder au statut d’employeur pour qui les meilleurs étudiants souhaitent travailler, les entreprises cherchent à connaître les attentes des futurs diplômés afin d’ajuster leurs stratégies de communication et de re-crutement en conséquence. Les grandes enquêtes annuelles sur le thème emploi & car-rière s’avèrent être d’une grande utilité dans cette démarche, et notamment le grand baromètre européen The European Student Barometer 2007, dont les résultats ont été publiés récemment par l’Institut trendence basé à Berlin.
Dans le cadre de cette enquête, réalisée pour la 5ème année consécutive par l’Institut trendence, près de 40000 étudiants en fin de cursus dans 18 pays européens ont été interrogés sur leurs employeurs préférés et leurs priorités en matière d’emploi et de carrière.
Au bureau, l’argent ne semble pas faire le bonheur
Il semble évident qu’un salaire d’embauche élevé ne suffit pas pour retenir les talents dans l’entreprise. Alors, qu’est-ce qui fait courir les futurs diplômés? Les augmentations de salaire, les perspectives de carrière, l’intérêt des missions, le prestige des produits? Les attentes des futurs salariés sont très variées. Pourtant, des tendances européennes se dégagent: certains critères exercent une grande force d’attraction sur les futurs salariés dans tous les pays d’Europe.
Des critères comme le salaire et les possibilités d’évolution de carrière sont certes importants pour les étudiants européens en fin de cursus, mais n’occupent pas les premières places lorsqu’il s’agit de choisir un employeur. Une entreprise gagne par contre des points lorsqu’elle offre des missions intéressantes et diversifiées, avec lesquelles les nouveaux salariés peuvent s’identifier. Ainsi pour 95% des futurs diplômés européens, cet aspect joue un rôle dans le choix d’un employeur potentiel. Autres critères décisifs, l’ambiance de travail et le programme de formation continue sont pris en compte par 90% de l’échantillon.
Il n’en est pas autrement pour les étudiants suisses, qui placent la possibilité d’avancement rapide seulement quatrième derrière l’intérêt des missions, la bonne am-biance de travail et le programme de forma-tion continue. Les critères les moins importants en Suisse sont le salaire d’embauche et la responsabilité sociétale de l’entreprise.
L’employeur européen idéal se doit par ailleurs de proposer un bon équilibre entre travail et vie privée: les étudiants européens sont 87% à prendre en compte ce critère, et cette tendance est encore plus marquée en Suisse. Les futurs salariés européens sont très attachés à leur vie privée et ne sont pas prêts à faire beaucoup de concessions sur ce point, même sur un marché de l’emploi tendu.
Les étudiants européens en fin de cursus sont de manière générale beaucoup plus optimistes sur leur avenir professionnel que leurs camarades des années précédentes. Plus des deux tiers n’estiment pas que la conjoncture économique soit mauvaise et pensent qu’ils trouveront facilement un emploi une fois diplômés.
Les futurs managers suisses s’attendent à 71300 francs annuels
Les attentes en matière de salaire reflètent bien cet optimisme, tout particulièrement en Suisse où l’étude révèle que les futurs salariés s’attendent à un salaire beaucoup plus élevé que leurs camarades européens. Les futurs managers s’attendent ainsi à 71300 CHF et les élèves ingénieurs à 72960 CHF annuels, contre une moyenne européenne de 46400 CHF pour les managers et de 48975 CHF pour les ingénieurs. Si le salaire d’embauche n’est pas un critère du choix d’un employeur mis en avant par les étudiants suisses, c’est donc parce que pour eux, un niveau de salaire élevé est aujourd’hui une évidence, un pré-requis incontournable pour un employeur.
Les étudiants les plus modestes en ma-tière d’attentes salariales se trouvent en Europe de l’Est. Les futurs managers hongrois escomptent ainsi par exemple un salaire d’embauche de seulement 14812 CHF, plus de 35000 Euro de moins que leurs homologues danois. Cet écart se retrouve également chez les ingénieurs: environ 15160 CHF par an pour les Hongrois contre environ 75960 CHF pour les Danois.
S’agissant du temps de travail escompté pour leur premier emploi, les futurs managers européens se déclarent prêts à travailler 43,4 heures par semaine, les ingénieurs 42,4 heures. Les étudiants suisses semblent être adeptes du «travailler plus pour gagner plus» et s’attendent à des semaines plus chargées: respectivement 46,9 heures (managers) et 44,5 heures (ingénieurs). Avec 40,6 heures hebdomadaires, les étudiants espagnols en management/gestion sont les moins zélés des étudiants européens. A l’inverse, avec 47,9 heures hebdomadaires, les futurs managers allemands sont les plus travailleurs.