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Plus que de passage au bureau?

Une étude néo-zélandaise montre que le Desk Sharing, au contraire des bureaux attribués, conduit vers des comportements qui nuisent à la coopération et à l’interaction entre collègues de travail.

Le Desk Sharing est tendance: en Suisse, plus de 200 000 employés n’ont plus de bureaux fixes. Tous les matins en arrivant au bureau, ils cherchent un espace disponible. Parfois, il faut réserver à l’avance. Les grandes sociétés comme le Credit Suisse, les CFF ou La Poste ont introduit le Desk Sharing ces dernières années. Comme une place de travail n’est occupée que 50 % du temps, le Desk Sharing permet de réduire les coûts. En partageant leurs bureaux, les employés permettent des économies de l’ordre de 30 %.

En plus de ces économies, les entreprises espèrent en tirer d’autres avantages. A l’instar des tables de ping-pong de Google, ces nouveaux espaces de travail devraient stimuler la collaboration et la créativité des collaborateurs. Une récente étude montre le contraire. Rachel L. Morrison, doctorante en psychologie des organisations à l’University of Technology d’Aukland, et Keith A. Macky, consultant et chercheur RH néo-zélandais, ont interrogé plus de 1000 travailleurs sur la question. Ils ont découvert que le Desk Sharing, en comparaison avec les bureaux attribués (ce qui était l’usage jusqu’à récemment) conduit à des comportements qui réduisent la coopération et nuisent aux interactions entre collègues.

Cette comparaison de différents aménagements de l’espace de travail a montré que les personnes qui n’avaient pas de bureau attitré, sont plus enclines à rapporter des histoires de conflits; elles ont moins de relations amicales avec leurs collègues de travail et se sentent moins bien soutenues par leur chef. Toujours selon cette étude, les meilleures conditions pour stimuler la collaboration et la créativité sont des bureaux à deux ou à trois personnes. Selon les chercheurs, les nouveaux espaces de travail provoquent en revanche plus de stress et brisent la continuité des rapports de travail.

Les humains sont des êtres d’habitude. Ils n’apprécient guère se sentir comme des invités quand ils arrivent sur leur lieu de travail. Ni de devoir ranger toutes leurs affaires à la fin de la journée pour laisser la place à un autre. En d’autres termes, ces découvertes néo-zélandaises montrent que toutes les économies réalisées sont finalement de courte durée. Surtout dans une économie de la connaissance ou la créativité et l’innovation sont si déterminants. Le travail d’équipe et la communication sont si précieux que les entreprises devraient considérer cette valeur quand elles calculent les avantages et les inconvénients des nouveaux espaces de travail.

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Susanne Mehr est collaboratrice scientifique et doctorante en management des ressources humaines à l’Université de Zurich.

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