Missions d'expatriés

Un expatrié de retour de mission a besoin d’être encadré

Une centaine de Suisses travaillent comme expatriés pour la multinationale Caterpillar. Quand ils rentrent de mission, l’équipe RH leur offre notamment un suivi psychologique et des cours d’appui pour les enfants. Pour la consultante RH Anne Kirsch, «le retour de mission est parfois une période critique».

De retour de mission, un expatrié traverse souvent une période difficile. Exempté de tracasseries administratives durant son expatriation, il voit cette prise en charge quasi maternelle prendre fin dès son retour. Sans parler du choc culturel qui peut être plus ou moins violent suivant la longueur du séjour. «Après une mission de plusieurs années, le retour en Suisse peut être difficile. Le confort, le système scolaire, le marché immobilier et les habitudes culturelles qui changent peuvent être des facteurs de stress au moment du retour. Et il y a l’état d’esprit des gens du pays d’origine. Il ne correspond souvent pas à vos souvenirs», illustre Anne Kirsch qui est consultante RH pour les expatriés de la multinationale Caterpillar, active dans l’industrie des machines de chantier.

Parmi les Suisses qui travaillent pour la firme américaine, une centaine sont des expatriés. Un chiffre important si l’on considère que sur les 76000 employés de la maison, environ mille sont des expatriés. Depuis son bureau de Genève, Anne Kirsch gère tous les aspects des tranferts. Elle met en place les programmes d’expatriés et conseille le personnel RH. «J’assure la coordination avec les responsables RH des autres pays. Sur le plan personnel, je reçois les questions de nos expatriés et je m’assure qu’ils obtiennent des réponses par les personnes compétentes».

La durée idéale d’une expatriation est trois ans, affirme Anne Kirsch. A part la raison administrative (un certificat de détachement couvre des périodes allant jusqu’à cinq ou six ans et demi), limiter une mission dans le temps s’explique par des objectifs professionnels. «Dans ce monde de globalisation, l’expatriation est devenue un passage obligé pour nos futurs managers. C’est en vivant les situations sur le terrain, immergés dans la culture des pays où nous sommes implantés qu’ils parviendront à comprendre les différentes manières d’agir. Chez Caterpillar, nous croyons que ces expériences vont nous rendre plus compétitifs sur le marché mondial», explique Anne Kirsch. D’où la nécessité de rappeler un jour l’expatrié vers son pays d’origine.

Pour quelqu’un qui rentre à Genève, le premier obstacle est souvent le logement. Le marché immobilier de la cité de Calvin étant surchargé, il faut compter entre deux et six mois pour trouver une serrure à sa clé. «Nous mettons à disposition des logements en attendant. Et durant la mission, ils sont hébergés sans frais. Cela afin qu’ils économisent pour préparer le retour difficile sur le marché immobilier genevois. Mais les prix suisses sont souvent plus élevés qu’ils ne s’imaginaient», détaille Anne Kirsch.

Autre difficulté: la scolarité des plus jeunes. Pendant une mission à l’étranger, les enfants vont souvent dans des écoles internationales. Dès leur retour, ils doivent réintégrer les écoles locales, mieux à même d’assurer leur intégration. «Si un élève présente des lacunes, nous lui offrons des cours d’appui. Et si nous savons qu’un employé va bientôt repartir en mission, l’option d’une école internationale sera évoquée», note Anne Kirsch. Pour assurer une bonne réintégration dans le pays d’origine, Caterpillar offre à ses expatriés un soutien administratif durant l’année qui suit le retour. Comme pour la feuille d’impôt ou l’obtention d’un permis de travail.

Sur le plan professionnel, l’évaluation des compétences acquises durant la mission se fait en compagnie du chef de service. D’un point de vue RH, Anne Kirsch avoue qu’une expatriation est considérée comme un atout majeur pour le développement personnel. «Cependant, nous avons remarqué une certaine frustration au retour. C’est donc une période critique durant laquelle l’entreprise risque de perdre son employé. D’où ce besoin d’encadrement». La firme américaine affiche d’ailleurs un bon taux de rétention auprès de ses cadres qui rentrent de mission.

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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