Paris (ats/afp) Un Comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire se tenait depuis 09h30 au siège d'Air France à Roissy, où un rassemblement intersyndical était prévu.
Plusieurs dizaines de salariés en uniforme Air France affluaient en milieu de matinée avec des pancartes ciblant le PDG de la compagnie Frédéric Gagey ("dégage") et le Premier ministre Manuel Valls ("arbitre vendu!"). Certains criaient leur colère contre une "direction irresponsable".
L'appel à la grève lancé par trois syndicats (CGT, FO et Unsa) au niveau national, et la CFDT dans le sud, entraînait peu de perturbations. Air France assurait tous ses vols mais prévoyait des "retards probables", notamment à l'enregistrement.
Réduction de l'offre
La direction devait officiellement faire part de sa décision de mettre en oeuvre dès 2016 un plan de restructuration qui s'accompagnera d'une baisse d'activitédu réseau long-courrier.
Air France retirerait 14 avions d'ici à fin 2017 et fermerait 5 lignes long-courrier, réseau déficitaire à 50% où elle prévoit également de réduire les fréquences de certaines lignes, selon les participants au conseil d'administration d'Air France vendredi.
Sur le volet social, la restructuration pourrait entraîner la suppression de 2900 postes, principalement par des plans de départs volontaires, a-t-on appris de même source.
Les licenciements se feront "en dernier recours", a promis le patron d'AF-KLM Alexandre de Juniac, qui souhaite "privilégier les départs volontaires", comme pour les 5500 suppressions de postes intervenues de 2012 à fin 2014.
Mais pour Frédéric Gagey, les licenciements restent "une possibilité sur des champs bien précis (...) où nous ne ferions pas les progrès que nous attendons en matière de productivité". Les syndicats sont particulièrement inquiets pour les escales de Marseille et Nice, où la CFDT appelle à la grève.
Echec des négociations
Vendredi, la direction avait déjà esquissé en conseil d'administration les grandes lignes du projet, amené à remplacer l'initial "Perform 2020", après l'échec des négociations avec les pilotes sur de nouvelles mesures de productivité.
La direction demandait au personnel navigant de voler une centaine d'heures de plus par an, à rémunération constante, et de renoncer à des jours de repos, un plan unanimement rejeté par les syndicats.
Les dirigeants d'Air France n'ont "jamais eu deux plans" et ont organisé "une parodie de négociation", s'est défendu le président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) d'Air France, Philippe Evain, dont le syndicat est sousle feu des critiques.
Appel aux pilotes
Le ministre des Finances Michel Sapin a fustigé dimanche un dialogue "bloqué par une minorité sur des visions purement individuelles et corporatistes". Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a appelé lundi les pilotes à "faire un effort". Samedi, Manuel Valls en avait appelé à la "responsabilité" des pilotes et déploré une "logique jusqu'au-boutiste".
Le porte-parole du syndicat majoritaire SNPL (65% des voix pilotes), Emmanuel Mistrali, a contre-attaqué face au "dénigrement des pilotes", reprochant sur LCI à la direction un "manque de projets d'envergure".
Si les réductions de coûts grâce au précédent plan "Transform" devraient lui permettre de renouer avec les bénéfices en 2015, la compagnie tricolore reste prise en tenaille entre la concurrence des compagnies à bas coûts ("low cost") en Europe et celle des compagnies du Golfe sur le long-courrier. Avec ce "plan B", elle espère retrouver des marges d'investissements.