Berne (ats) La SSR analyse en permanence les risques et les mesures de sécurité. Tel était déjà le cas avant le drame de "Charlie Hebdo", a indiqué Daniel Steiner, porte-parole.
Ce dernier ne veut pas préciser quelles mesures sont prises, mais il admet que le niveau de sécurité a été relevé pour certaines des nombreuses rédactions de la radio-télévision publique suisse. Toutefois, "nous devons être conscients que le risque zéro n'existe pas", ajoute-t-il en référence à une action comme celle dont a été victime la rédaction de l'hebdomadaire satirique français.
La Radio télévision suisse (RTS) à Genève n'a elle pas modifié son protocole de sécurité suite à l'attentat contre "Charlie Hebdo". Des mesures spécifiques et ponctuelles sont décidées de cas en cas, en fonction des activités, des thèmes traités dans les émissions, en particulier celles diffusées en direct et en public, a précisé Barbara Stutz, cheffe de presse de la RTS.
A Zurich aussi
Pour d'évidentes raisons de sécurité, Ringier ne dit rien non plus des détails du dispositif de sécurité mis en place. Tout au plus précise-t-on à la rédaction du groupe alémanique que "les espaces rédactionnels les plus exposés font l'objet d'une surveillance particulière". Et selon "Blickonline", on observe davantage de patrouille de police devant l'immeuble de Ringier, qui abrite la rédaction du "Blick".
La police municipale zurichoise confirme que la situation des divers médias de la ville a fait l'objet d'une analyse. L'immeuble de l'éditeur Axel Springer, où se trouve la "Weltwoche", dans les colonnes de laquelle le satiriste Andreas Thiel avait critiqué le Coran et le prophète en novembre dernier, fait l'objet d'une surveillance particulière.
Pas au Palais fédéral
Le Service fédéral de sécurité n'a lui pas prévu de renforcer la protection du Centre de presse du Palais fédéral. Il ne dispose d'aucune indication de menace particulière ou de plan concret d'attaque, a justifié le porte-parole de l'Office fédéral de la police (fedpol) Stefan Kunfermann.
Genève: patrouilles à l'aéroport et à la frontière
Genève a en revanche pris des mesures. Celles-ci consistent surtout à augmenter la visibilité des policiers en uniforme sur les sites sensibles et à forte affluence.
Des patrouilles sont régulièrement effectuées à la gare, l'aéroport et sur les lieux de culte. Ces mesures s'apparentent à celles déployées lors de la tenue de certaines conférences ou manifestations sensibles sur le territoire genevois, précise la cheffe de la police Monica Bonfanti.
Les patrouilles sur les secteurs à proximité de la frontière ont également été augmentées, de concert avec le corps des gardes-frontière. Parallèlement, la police a pris contact avec les personnes potentiellement concernées par ces événements, comme les dirigeants des cercles religieux musulmans.
Douze tués
Pour mémoire, c'est aux cris d'"Allah Akbar" que trois hommes armés ont attaqué mercredi à la kalachnikov les bureaux de "Charlie Hebdo" à Paris. Le bilan est de 12 morts, dont Cabu et Wolinski, deux maîtres du dessin de presse.
En fin de soirée, des sources policières avaient indiqué que les agresseurs avaient été identifiés. Il s'agit de deux frères d'une trentaine d'années et d'un individu plus jeune. Les frères seraient originaires de Paris et l'un d'eux a déjà été condamné dans le cadre d'une affaire de terrorisme. Le troisième suspect serait originaire de la région de Reims.
Irruption en séance de rédaction
La rédaction de "Charlie Hebdo" a été surprise vers 11h30 par les tueurs alors qu'elle était en pleine séance. Elle a été décimée. Cinq de ses caricaturistes vedettes - Charb, Cabu, Tignous, Honoré et Wolinski - sont morts, plongeant la France dans l'angoisse. Deux policiers figurent aussi parmi les victimes. Onze personnes ont été blessées, dont quatre grièvement.
Selon un rescapé cité par une source policière, les agresseurs ont fait irruption en criant: "Nous avons vengé le prophète!"
Violence inouïe
"Ils étaient cagoulés, avec des Kalachnikov ou M16", a décrit un voisin, qui a d'abord pensé que les assaillants étaient "des forces spéciales à la poursuite de trafiquants de drogue".
Après avoir quitté les lieux, les agresseurs ont braqué un automobiliste dans le nord-est de la capitale et percuté un piéton, a précisé la police. Ils ont également tué un policier qui était à terre.
Union sacrée
François Hollande est venu rapidement sur les lieux pour dénoncer un "attentat terroriste". Le président a appelé à "l'unité nationale", une prise de position suivie par l'ensemble de la classe politique.
Le Premier ministre Manuel Valls a relevé le plan antiterroriste Vigipirate au niveau "alerte attentats", le plus élevé possible, pour l'ensemble de la région parisienne. Les organes de presse, les grands magasins, les lieux de culte, les écoles et les transports ont été placés sous "protection renforcée".