Berne (ats) Au coeur du conflit figure la convention collective de travail nationale (CN), qui arrive à échéance fin 2015. Les patrons souhaitent la reconduire en l'état, tandis que les syndicats exigent de nouvelles négociations.
Les discussions étant au point mort, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) s'est lancée dans une récolte de signatures sur les chantiers, afin de prouver que les ouvriers étaient de son côté. "Cette opération a été un succès", a relevé Gian-Luca Lardi, le président central de la SSE, devant la presse à Berne.
"Nous avons obtenu plus de 26'000 signatures, soit environ 40% du total des travailleurs actifs en octobre. Nous y sommes parvenus en un mois seulement, ce qui constitue une belle réussite", s'est réjoui M. Lardi.
"Cela prouve que nos collaborateurs sont très contents des conditions actuelles, qui sont les plus avantageuses en Suisse dans le secteur de l'artisanat", a assuré le Tessinois, à propos d'une convention qui propose un salaire minimum à 5500 francs pour les travailleurs avec un CFC (4500 francs pour ceux qui n'en ont pas), une semaine à 40,5 heures, une retraite anticipée à 60 ans ou encore cinq semaines de vacances.
Les syndicats contre-attaquent
Ce n'est toutefois pas suffisant aux yeux des syndicats, qui n'ont pas tardé à réagir à l'offensive médiatique de la SSE. "Les signatures ont été obtenues en bonne partie sous la contrainte", ont juré Unia et Syna dans un communiqué.
Tous deux ont ajouté que "juridiquement parlant, la valeur des signatures est nulle, car il n'est pas possible d'imposer de cette manière la prolongation d'une CCT, contre la volonté des syndicats."
Unia et Syna ont profité de la diffusion de leur communiqué pour rappeler qu'ils exigeaient notamment "davantage de protection pour les maçons, et des mesures concrètes contre le dumping salarial". Les deux syndicats ont aussi assuré que la faîtière patronale cherchait à "réduire massivement le niveau des rentes" des ouvriers quittant leur travail à 60 ans.
Et pour faire écho à la récolte de signatures de la SSE, les syndicats ont relevé que "plus de 30'000 travailleurs" avaient signé "de leur plein gré" une pétition demandant des négociations sur une nouvelle convention nationale.
Paix du travail menacée
Autre passe d'armes entre partenaires sociaux, ils se sont accusés mutuellement de ne pas respecter les termes de la convention actuelle. Les syndicats ont estimé que le refus des patrons d'entrer en négociation était "absolument contraire aux règles de la CN et aux principes d'un partenariat social loyal."
Pour les patrons, ce sont les menaces de grève qui sont intolérables, comme celle annoncée chez les maçons genevois. "De telles actions ne respectent pas la paix du travail qui est obligatoire dans la CN", a regretté Gian-Luca Lardi au nom de la SSE.
Les deux camps se rejoignent néanmoins sur un point: l'importance d'une convention nationale pour 2016. "Sans CN, cela provoquerait un vide dangereux, et tout le monde veut éviter cette situation", a noté M. Lardi. "Non au vide conventionnel", ont renchéri Unia et Syna.
Réunions fin novembre
Reste à savoir comment les partenaires sociaux vont réussir à trouver un terrain d'entente. "Je pense qu'il est réaliste d'espérer un accord d'ici la fin de l'année. Mais pour cela, il faudra que les syndicats fassent des compromis, comme cela a déjà été fait à la SSE", a estimé M. Lardi.
Ce n'est évidemment pas l'avis des syndicats. "Nous voulons des négociations et des solutions équitables, plutôt qu'un diktat patronal", ont écrit Unia et Syna.
Les deux camps doivent se retrouver autour d'une table les 20 et 27 novembre. Ces réunions ont été initialement programmées pour discuter des salaires 2016 et de la retraite anticipée, mais les syndicats aimeraient aussi en profiter pour négocier sur la CN.