Lausanne (ats) L'inégalité salariale est un problème lancinant. Selon la dernière enquête sur la structure des salaires (ESS) de l'Office fédéral de la statistique (OFS), les femmes touchent invariablement moins (5548 francs en moyenne) que leurs homologues masculins (6536 francs), même si l'écart a reculé de 3,7 points depuis 2012, à 15,1%.
La différence est d'autant plus grande que le poste est élevé (différence de 22,1% parmi les cadres). Les femmes sont actives dans 60% des postes offrant des salaires inférieurs à 4500 francs bruts par mois, alors que les hommes occupent à l'inverse 86% des postes rémunérés plus de 16'000 francs.
Ecart salarial inexpliqué
De plus, l'OFS a calculé que l'écart salarial inexpliqué était de 8,7% en 2010, selon les résultats du "dialogue sur l'égalité des salaires" publiés en 2014.
Or le Centre patronal (CP) vaudois réfute ces présupposés, a avancé Christophe Reymond, le directeur du Centre patronal jeudi devant la presse à Lausanne. Le CP remet en question la méthodologie employée par l'OFS "pour évaluer l'ampleur des discriminations salariales".
Il a ainsi commandé une enquête auprès de 660 entreprises vaudoises, réalisée par l'institut de sondage MIS Trend. Selon elle, le sexe n'est pas un critère influençant le salaire.
Cette enquête révèle par contre qu'un quart des entreprises (26%) considère comme "opportun" le projet du Conseil fédéral de contrôler régulièrement la grille salariale des entreprises, la moitié (50%) le trouve "acceptable" tandis qu'un dernier quart le juge "inacceptable" (24%).
Appliquer un article constitutionnel
"L'égalité des salaires n'est pas un cadeau fait aux femmes. Il s'agit uniquement d'appliquer un article constitutionnel vieux de plus de 30 ans", a rappelé la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga lors de la présentation du projet le 18 novembre dernier. Après l'échec des discussions avec les entreprises et des mesures volontaires, la ministre de la justice a décidé de passer à l'action.
Actuellement, quand il s'agit de dénoncer une inégalité salariale, c'est l'employée qui doit lancer une action en justice et amener la preuve de l'inégalité. Si une des variantes proposées par le Conseil fédéral était acceptée, le nom des entreprises prises la main dans le sac pourrait être rendu public. Pas question toutefois de créer une "police des salaires", a rassuré Simonetta Sommaruga.
Sondage en ligne
Le sondage a été réalisé en ligne, de façon anonyme et sans indiquer aux participants que le centre d'intérêt portait sur l'égalité salariale, a précisé Christoph Müller de MIS Trend. La marge d'erreur va de + ou - 4% à + ou - 8 % selon la taille de l'entreprise.
Les entreprises de moins de 10 personnes ont été écartées. Les chiffres ont été pondérés pour éviter une surreprésentation des grandes entreprises.