Franc fort: les idées ont fusé au National, mais n'auront guère d'effet

Les conseillers nationaux ont croisé le fer mercredi dans un débat urgent sur le franc fort, qui met à mal l'économie suisse. Les idées ont fusé tous azimuts, mais elles resteront plus ou moins lettre morte. Le Conseil fédéral campe en effet sur ses positions et ne veut pas de mesures choc.
 
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Berne (ats) Pas moins de 24 orateurs, de tous les groupes parlementaires, sont montés à la tribune durant plus de trois heures pour rivaliser de propositions et de revendications. Mais ils n'ont pas infléchi les ministres des finances Eveline Widmer-Schlumpf et de l'économie Johann Schneider-Ammann, qui ont répété les réticences du gouvernement à adopter des mesures drastiques.
 
Dans ses réponses aux questions posées pour ce débat dans sept interpellations urgentes, le Conseil fédéral avait affirmé vouloir maintenir le cap. Fondamentalement, hormis des mesures de politique monétaire, il n'y a guère de mesures rapides et ciblées pour compenser à court terme la force du franc, estime-t-il.
 

Geler les embauches de personnel

 
Le PLR et l'UDC ont demandé une dérégulation et un gel des embauches du personnel de l'Etat. Philipp Müller (PLR/AG) souhaite que la Confédération stoppe la croissance des dépenses et il exige des mesures pour que les rémunérations versées dans le public ne croissent pas plus nettement que dans le privé.
 
La Banque nationale suisse (BNS) ne devrait pas appliquer ses taux négatifs aux fonds des assurances sociales comme l'AVS et du 2e pilier, a plaidé Viola Amherd (PDC/VS). Elle s'est aussi étonnée que l'UDC prône la déréglementation alors que son initiative contre l'immigration de masse entraînera une lourde bureaucratie.
 
Dominique de Buman (PDC/FR) demande au gouvernement un soutien accru au tourisme, "la branche la plus touchée, car elle ne peut pas délocaliser ses activités". Thomas Maier (PVL/ZH) a proposé, lui, d'accroître le potentiel de la main-d'oeuvre indigène.
 

Revenir au taux plancher

 
A gauche, les recettes avaient une autre tonalité. Pour Jacques-André Maire (PS/NE), il est important que la BNS introduise le plus vite possible un nouveau cours plancher de 1,15 franc pour un euro. Corrado Pardini (PS/BE) a critiqué la décision de la BNS, prise par "des Messieurs qui portent des lunettes idéologiques".
 
Le PS veut que la moitié des bénéfices de la BNS versés aux cantons soient affectés à l'assurance chômage et à la formation continue et que les gains de change soient répercutés sur les consommateurs. Le camp rose-vert a aussi fustigé les salaires en euros ou les hausses du temps de travail. "Nous avons besoin de plus d'innovation plutôt que de dérégulation", a lancé Adèle Thorens (Verts/VD).
 
Regula Rytz (Verts/BE) veut inscrire dans la loi sur la banque nationale de la stabilité des taux de change comme complément à la stabilité des prix. Les Verts plaident aussi pour l'introduction d'un impôt sur les transactions financières et des contrôles des mouvements de capitaux. Ces mesures permettraient de limiter cette spéculation monétaire nocive.
 

Indépendance de la BNS

 
Pour le gouvernement, l'indépendance de la BNS est intangible, a rappelé Mme Widmer-Schlumpf. Et selon M. Schneider-Ammann, il faut attendre le second semestre pour tirer les conséquences de la décision de la BNS du 15 janvier. C'est pourquoi le Conseil fédéral a décidé de ne pas adopter de programme conjoncturel pour l'instant.
 
Mais des mesures ont été prises, comme l'autorisation du chômage partiel, a noté M. Schneider-Ammann. Le Conseil fédéral fera le point à nouveau sur la base des prochaines prévisions conjoncturelles des experts de la Confédération. Il suit la situation en continu pour voir s'il y a lieu de prendre des mesures.