Franc fort: l'idée d'un fonds d'aide alimenté par l'argent de la BNS séduit

Les cantons devraient recourir aux millions reçus de la BNS pour soutenir les entreprises face à l'abolition du taux plancher franc-euro décidée par ce même institut. L'idée a été évoquée récemment à Genève par le syndicat Unia, et à Berne par le maire de Moutier. Pour Pascal Broulis, elle est "dangereuse".
 

Image
15542877_m.jpg

Berne (ats) Le fonds genevois serait alimenté par la part des bénéfices de la Banque nationale suisse (BNS), que cette dernière a reversée au canton de Genève pour l'exercice 2014. La somme en question atteint 77 millions de francs.

Cette solution d'Unia sera discutée par le Conseil de surveillance du marché du travail, qui regroupe les syndicats, le patronat et des représentants de l'Etat de Genève. La forme que pourrait prendre l'aide fournie par ce fonds n'a pas encore été définie et devrait être discutée.

Dans le Jura bernois, dont l'industrie horlogère et des machines est portée sur l'exportation, le député-maire de Moutier (BE) Maxime Zuber a appelé le canton de Berne à créer un fonds de soutien à l'économie d'exportation et au tourisme. Cette caisse serait remplie par les 10% des 164 millions de francs que versera la BNS au canton au titre de participation au bénéfice 2014.

Ces aides doivent permettre aux entreprises en difficulté de conserver leurs emplois, de former leurs collaborateurs, d'innover et de diversifier le tissu industriel. Le Conseil exécutif bernois proposerait au Grand Conseil des dispositions réglementant l'usage du fonds, selon la motion de M. Zuber, qui bénéficie du soutien d'une majorité de députés francophones.

"Séduisante, mais dangereuse"

Pour le conseiller d'Etat vaudois Pascal Broulis, il est "dangereux d'affecter des dividendes" et autres ressources ponctuelles à de tels fonds. "C'est l'antithèse de la démocratie". "Comment fera-t-on si la source est tarie?", a réagi le président de la Conférence latine de directeurs cantonaux des finances dans l'émission "Forum" de la RTS le 5 février.

Pascal Broulis n'est pas opposé à l'idée d'un fonds pour compenser les effets de l'abandon du taux plancher franc-euro. Mais il faut l'alimenter par le compte courant, la caisse générale, ou recourir à la dette, précise-t-il. La Suisse est peu endettée, donc elle peut emprunter.

Son collègue genevois Pierre Maudet va dans le même sens. Le conseiller d'Etat libéral-radical juge que l'idée est "séduisante, mais dangereuse. Des ponctions ponctuelles pour résoudre des crises systémiques sont de la poudre de perlimpinpin", a déclaré le ministre de l'économie sur la RTS.