Paris (ats/afp) De nouveaux défilés contre le texte de Myriam El Khomri, jugé trop favorable au patronat, ont eu lieu à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Grenoble ou encore Besançon, à l'appel de sept syndicats et organisations de jeunes (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl). Toutefois, la mobilisation semblait moins importante que la semaine dernière.
A Paris, la manifestation d'un milliers de personnes a dégénéré, avec deux voitures incendiées et quinze personnes interpellées en marge du cortège, a-t-on appris de source policière. Deux policiers ont également été blessés.
Par ailleurs, l'inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", a ouvert une enquête après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier frappant un jeune.
Vive opposition
Pour la ministre du Travail, Myriam El Khomri, ce projet est "un nouvel élan pour la démocratie sociale". Le premier ministre Manuel Valls, lui, vante une réforme "intelligente, audacieuse et nécessaire", qui doit répondre au chômage de masse (3,5 millions de personnes sans emploi). Mais, même modifié, ce texte continue de susciter une vive opposition.
A Nantes, des incidents ont opposé les forces de l'ordre à des manifestants cagoulés lors d'un défilé de plusieurs milliers de personnes. Au moins neuf personnes ont été interpellées. Des incidents ont également eu lieu à Rouen. A Marseille, sur les banderoles, les lycéens avaient écrit: "Un grand bond en avant vers le 19e siècle".
Olivier Besancenot (NPA), Jean-Claude Mailly (FO) et Bernadette Groison (FSU) faisaient partie du cortège. "Quand je vois les sondages qui disent qu'une majorité de Français sont opposés à cette loi, on ne peut parler d'un essoufflement du mouvement", a affirmé Mme Groison.
Moyens syndicaux accrus
Des grèves et manifestations sont prévues le 31 mars et les sept syndicats promettent une "grosse mobilisation", plus importante que celle du 9 mars. Elle avait rassemblé entre 200'000 et 450'000 personnes dans l'Hexagone.
Le projet El Khomri "visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs" comprend de nouveaux droits, dont le compte personnel d'activité (CPA), des moyens syndicaux accrus ou l'extension de la garantie jeunes.
Il met également en place le référendum en entreprise, fait évoluer les règles de la représentativité patronale, du licenciement économique, de la médecine du travail. Il réécrit intégralement la partie du code du travail relative au temps de travail, donnant plus de place à l'accord d'entreprise.
Contre-réforme
Cette réforme, vraisemblablement la dernière du quinquennat, a été partiellement remaniée après la bronca politique, syndicale et de jeunes, qui y ont vu un texte trop libéral et peu sécurisant pour le salarié. Grèves, manifestations, pétition record, tribune incendiaire de Martine Aubry, réunions PS électriques ont jalonné son parcours.
Désormais, il n'est plus question de plafonner les indemnités prud'homales pour les licenciements abusifs, au grand dam du patronat, ni d'autoriser des décisions unilatérales de l'employeur sans accord dans les entreprises de moins de 50 salariés pour le forfait-jour ou les astreintes.
Ces modifications ont permis à l'exécutif d'obtenir les soutiens précieux des syndicats dits "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa), ainsi que de la majorité. Mais les "réformistes" escomptent des améliorations, notamment concernant les licenciements économiques.
Et les frondeurs, qui promettent "une bataille parlementaire extrêmement ferme", viennent de présenter une "contre-réforme". Le texte sera examiné en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale à partir du 5 avril, puis dans l'hémicycle fin avril-début mai.