08.11.2017

Genève mise sur la formation obligatoire jusqu'à 18 ans

Genève va appliquer dès la rentrée 2018 la formation obligatoire jusqu'à 18 ans afin de lutter contre le décrochage scolaire qui touche près d'un millier de jeunes du canton chaque année. Ce nouveau dispositif imposé par la constitution cantonale est unique en Suisse.

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(ats) Entre 10 et 15% de jeunes interrompent leur formation avant d'être diplômés, a relevé devant la presse la cheffe du Département de l'instruction publique (DIP) Anne Emery-Torracinta. Environ 550 mineurs sont concernés, précise la conseillère d'Etat socialiste.

Ces chiffres sont impressionnants, selon la cheffe du DIP, qui précise qu'un jeune sans certification a quatre fois plus de risque de se retrouver au chômage qu'un jeune diplômé. En appliquant la formation obligatoire jusqu'à 18 ans, il s'agit de "resserrer les mailles du filet".

"La formation obligatoire jusqu'à 18 ans n'est pas une solution miracle mais elle constitue un levier important pour lutter contre le décrochage scolaire", a insisté la conseillère d'Etat. A noter que le canton ne lâchera pas les majeurs pour autant.

De la dentelle

De nouvelles offres de formations pré-qualifiantes seront proposées, dont des stages de trois mois dans différents centres de formation pour des jeunes qui n'ont pas de projet professionnel défini. Des classes pré-professionnelles seront ouvertes pour ceux qui ont un projet, mais qui ont raté les tests d'admission.

Les jeunes qui décrochent en cours d'année bénéficieront de plusieurs modules pour se remobiliser et se réorienter. Chacun se verra proposer une orientation et une formation sur mesure. "Il faut travailler dans la dentelle", a précisé Mme Emery-Torracinta.

L'objectif est d'approcher d'ici trois ans un taux de certification de 95%.

Besoin de temps

Le DIP mise sur la flexibilité en supprimant le verrou qui limite actuellement à une année le passage dans une classe préparatoire ou de transition. Les jeunes en rupture ont parfois de plus de temps pour déterminer un choix professionnel, selon Sylvain Rudaz, directeur général de l'enseignement secondaire II.

L'accent sera aussi chaque fois mis sur le renforcement des compétences en mathématiques, français et culture générale. "Notre action doit se situer à tous les degrés, car le décrochage est le plus souvent la résultante d'une succession d'échecs", a ajouté Mme Emery-Torracinta.

Des postes en plus

Pour mettre en place ce nouveau dispositif, le DIP a inscrit 47,9 postes au projet de budget 2018 de l'Etat, ce qui correspond à 2,5 millions de francs pour les quatre derniers mois de l'année. Il faut donc compter sur 7,5 millions pour douze mois. Un crédit complémentaire pourrait être sollicité si les estimations du nombre de jeunes en décrochage étaient trop basses.

L'offre complète pour la rentrée 2018 sera finalisée d'ici février prochain en collaboration avec les collaborateurs du DIP mais également avec les milieux professionnels. D'autres mesures seront développées dès 2019, dont des micro-entreprises qui permettront aux jeunes de s'essayer concrètement à différents métiers.