Intégrer rapidement les jeunes migrants par la formation

D’après une nouvelle étude, l’encouragement précoce des adolescent·e·s et des jeunes adultes arrivés tardivement en Suisse profite aux personnes concernées, à la société et à l’économie. Investir dans l’accès précoce à la formation permettrait d’économiser des dizaines de millions de francs par an. En se basant sur les résultats de l’étude, les fondations mandantes recommandent, après des discussions approfondies avec les chercheur·euse·s et les spécialistes consultés, d’intégrer au système de formation public l’accès précoce à la formation axée sur le marché du travail également pour les jeunes migrant·e·s, indépendamment de leur statut et jusqu’à l’âge de 30 ans.

Le nombre de demandes d’asile est en baisse depuis 2015. La question de l’intégration des jeunes migrant·e·s reste cependant urgente, écrivent les mandataires de l'étude dans un communiqué. Alors que ceux-ci sont confrontés à l’exil et à la procédure d’asile, les jeunes Suisses de leur âge se préparent à la vie professionnelle. L’offre de formation leur reste souvent inaccessible, ce qui complique encore davantage l’intégration des jeunes migrant·e·s, est coûteux pour les pouvoirs publics et s’avère fatal pour les perspectives des jeunes concernés.

Lacune dans le secteur de la formation

L’objectif de la politique suisse en matière de formation est que 95 % des plus de 25 ans aient achevé une formation post-obligatoire. Avec un taux de 94 %, les Suisse·sse·s atteignent presque cet objectif. Les étrangers qui ne sont pas nés en Suisse présentent un taux de 75 %. Selon les spécia- listes, ce taux devrait être nettement plus bas parmi les jeunes de 25 ans dans le domaine de l’asile sans diplôme de fin de scolarité en raison de l’exil. Il n’existe pas de mandat d’intégration officiel pour les jeunes requérant·e·s d’asile ayant dépassé l’âge de la scolarité obligatoire, une lacune que comble à maints endroits des projets de formation (co)financés par des fonds privés. En 2018, dans le cadre d’une étude, une équipe de chercheurs du Forum suisse pour l’étude des migrations et de la population de l’Université de Neuchâtel et de B,S,S. Volkswirtschaftliche Beratung à Bâle a étudié la question de savoir si une formation de base précoce augmente les chances des jeunes arrivés en Suisse entre 16 et 25 ans d’accéder à une formation professionnelle et au marché du travail.

Ce que montre l’étude

Huit participant·e·s aux offres de formation de base sur dix trouvent une place de préapprentissage d’intégration ou de préapprentissage, rejoignent une passerelle, un gymnase ou un programme d’oc- cupation. Une grande partie des participant·e·s reçoivent l’asile ou une admission provisoire; l’en- couragement précoce leur fait ainsi gagner un temps précieux pour leur intégration. Les économies sont supérieures aux coûts liés à l’intégration précoce: pour la population de base dans le domaine de l’asile en 2018, les économies annuelles s’élèveraient, après trois à huit ans, à plus de 40 millions de francs, surtout dans l’aide sociale. Selon l'étude, pour les jeunes migrant·e·s, les conditions d’ac- cès à la formation et au marché du travail varient considérablement entre les cantons.

Le rôle des offres de formation (co)financèes par des fonds privés

Avec l’Agenda Intégration Suisse, qui a été lancé au printemps 2018, l’accès à la formation de base devra être garanti pour les réfugié·e·s reconnus et les personnes admises provisoirement. La rigi- dité des directives cantonales demeure toutefois problématique pour les requérant·e·s d’asile: les possibilités de formation varient selon le canton qui leur est attribué. D’après l’étude, les fondations effectuent un travail important en encourageant des projets novateurs ouverts aux jeunes requé- rant·e·s d’asile. En se basant sur les résultats de l’étude, les fondations mandantes recommandent d’ouvrir aux adolescent·e·s et aux jeunes adultes l’accès à la formation régulière indépendamment de leur statut de séjour, idéalement jusqu’à l’âge de 30 ans, dans le but d’intégrer le marché du tra- vail. Il serait souhaitable que tous les cantons s’engagent à garantir une formation régulière axée sur l’accès au travail et au marché du travail également aux jeunes requérant·e·s d’asile.