Les perspectives conjoncturelles pour la Suisse se sont stabilisées en fin d’année. Un facteur essentiel a été la réduction, obtenue à la mi-novembre, des droits de douane américains introduits en août, qui sont passés de 39% à de 15%. L’incertitude demeure néanmoins élevée, la déclaration d’intention convenue ne constituant pas encore un accord juridiquement contraignant, souligne un communiqué.
Les perspectives pour l’environnement international se sont légèrement détériorées par rapport à la prévision précédente. Dans la zone euro, la croissance est restée faible au troisième trimestre, et en Allemagne notamment, les effets positifs des mesures budgétaires devraient se matérialiser avec un retard croissant. Aux États-Unis, la dégradation du climat de consommation, l’affaiblissement des indicateurs du marché du travail et le récent blocage gouvernemental signalent un ralentissement conjoncturel.
Les effets de contrecoup marquent le commerce extérieur
Alors que les exportations d’horlogerie, de machines et d’équipements électriques ont souffert du relèvement des droits de douane au cours de l’année, l’industrie pharmaceutique a enregistré jusqu’ici de fortes hausses de ses exportations vers les États-Unis. Globalement, les effets négatifs des droits de douane se sont révélés moins importants que ce qui avait été estimé auparavant. Les perspectives pour les exportations vers les États-Unis restent toutefois prudentes en raison des droits de douane encore en vigueur et du ralentissement conjoncturel américain.
La faiblesse persistante de la demande en provenance de la Chine et les efforts accrus de relocalisation industrielle pèsent également sur les exportations, notamment dans les branches sensibles au cycle conjoncturel. Ces pertes sont partiellement compensées par une demande plus robuste en Europe. Le contrecoup des exportations anticipées s’est traduit par un recul des exportations de biens plus prononcé que prévu, en particulier dans le secteur pharmaceutique, tandis que les importations se sont révélées globalement plus résilientes.
Les perspectives de la conjoncture intérieure demeurent modérées
L’investissement continue d’être marqué par une grande prudence. Les investissements en équipements ont récemment stagné et restent en baisse par rapport à l’année précédente. Une reprise plus dynamique n’est attendue qu’avec la normalisation progressive du cadre politique et économique. La faiblesse persistante du secteur de la construction se confirme également. Le recul prolongé du logement résidentiel, combiné au ralentissement conjoncturel des constructions industrielles et commerciales, pèse sur l’investissement dans le bâtiment. Une reprise graduelle est anticipée sur l’horizon de prévision.
À l’inverse, la consommation privée demeure un pilier fiable de la conjoncture. Les dépenses des ménages ont récemment progressé de manière solide, soutenues par une inflation faible et par des hausses nominales de salaires qui renforcent le revenu réel. Même si le marché du travail ne devrait se redresser que lentement, la dynamique de la consommation reste largement soutenue. Les dépenses publiques de consommation évoluent toutefois de manière nettement plus modérée. Les contraintes budgétaires au niveau de la Confédération et des cantons, ainsi que le programme de consolidation prévu à partir de 2027, limitent les marges de manœuvre et devraient se traduire par une progression modérée des dépenses publiques de consommation.
La phase de faiblesse du marché du travail se prolonge
Le marché du travail suisse a poursuivi son affaiblissement. Le taux de chômage a de nouveau augmenté, tandis que l’emploi a reculé pour le deuxième trimestre consécutif. Les indicateurs avancés n’indiquent aucun retournement de tendance, et le nombre de postes vacants reste faible. Les attentes des entreprises en matière d’emploi se sont certes légèrement redressées, mais demeurent prudentes et laissent présager une croissance de l’emploi encore limitée. Le taux de chômage devrait encore légèrement progresser pour atteindre 3.1%. La progression salariale devrait se modérer, tout en permettant des gains réels en raison du faible niveau d’inflation.
Inflation inférieure aux attentes – la BNS maintient son taux directeur à 0%
Les prévisions d’inflation ont été révisées à la baisse par rapport à la publication précédente. L’évolution des loyers s’est avérée plus modérée qu’attendu. Pour 2026, le KOF anticipe un taux d’inflation de 0.3%, suivi d’une hausse à 0.6% en 2027. L’appréciation du franc et la baisse des prix de l’énergie exercent des effets désinflationnistes, tandis que la progression des loyers demeure contenue en raison du taux de référence plus faible. Le KOF estime que la Banque Nationale Suisse (BNS) maintiendra son taux directeur à 0% sur l’ensemble de l’horizon de prévision.
Les incertitudes autour de l’accord douanier et les risques géopolitiques prédominent
Les risques entourant les prévisions demeurent élevés et orientés majoritairement à la baisse. L’incertitude persiste quant à l’impact potentiel des investissements suisses prévus aux États-Unis, qui pourraient entraîner des effets de délocalisation et peser sur l’investissement domestique. Pour l’industrie pharmaceutique, un risque supplémentaire apparaît si les autorités américaines venaient à imposer des baisses de prix.
À l’international, les risques concernent notamment une intensification potentielle des tensions commerciales, des conflits géopolitiques et d’éventuelles perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales. De plus, l’endettement public élevé dans de nombreux pays accroît le risque de consolidations budgétaires et de tensions sur les marchés financiers. Une nouvelle appréciation du franc réduirait encore la compétitivité des exportations suisses.
À l’inverse, des risques à la hausse émergent dans l’hypothèse d’un apaisement rapide des tensions géopolitiques, d’un recul plus marqué que prévu de l’inflation à l’étranger ou d’une mise en œuvre plus rapide et plus efficace que prévu des mesures de relance budgétaire en Europe, en particulier en Allemagne.