25.02.2020

La charte genevoise sur le recrutement local hérisse les frontaliers

La charte de partenariat signée la semaine dernière par l'Office cantonal de l'emploi (OCE), la Fédération des entreprises romandes (FER Genève) et l'Union des associations patronales genevoises (UAPG), qui vise à favoriser le recrutement, à compétences égales, de demandeurs d'emploi inscrits à l'OCE, hérisse les frontaliers. De l'avis du GTE (Groupement transfrontalier européen), l'OCE et la FER tournent le dos à la libre circulation des personnes.

«Depuis dix ans, le GTE se bat contre la préférence cantonale instaurée dans les administrations publiques, puis depuis deux ans, contre la préférence indigène light au niveau national. Nous pensions en avoir assez; seules les entreprises semblaient tenir bon devant ce populisme grandissant», écrit le GTE dans un communiqué.

«Hélas, la semaine dernière, la FER et l’UAPG annoncent à leur tour vouloir mettre en place une politique discriminatoire basée sur le lieu de résidence. Une décision d’autant plus surprenante que, depuis des années, les éditos de la FER ne cessent de mettre en avant les bienfaits de la libre circulation des personnes et des travailleurs», poursuit le communiqué.

«Les associations faîtières d’employeur, en prenant cette décision, n’ont sans doute pas pris conscience de l’impact social et économique de cette mesure. Depuis des années, nous constatons au GTE, une dégradation progressive et continue du climat social au sein des entreprises», selon le GTE.

«Tous les frontaliers peuvent le confirmer : leur statut génère des tensions ; qu’ils soient Européens ou Suisses. Dans un tel contexte, comment des « employeurs responsables » peuvent-ils accentuer volontairement ce climat délétère ? D’autant que l’on annonce une pénurie de main d’œuvre dans les années à venir, liée au départ à la retraite des baby-boomers», souligne le communiqué.

«A force de défier l’Union européenne en remettant systématiquement en cause le principe de libre circulation des personnes et des travailleurs, il est à craindre une réaction forte de la part de la Commission européenne. Face à cette provocation, le GTE va prendre contact au plus vite avec les représentants de l’UE, de la Confédération et de l’État français. Il réfléchit également à toute action qu’il pourrait mener auprès des travailleurs frontaliers», conclut le GTE