La hausse des salaires ne suivra pas la croissance en 2015

Malgré des perspectives de croissance réjouissantes, les travailleurs suisses verront leur salaire progresser de moins de 1%, en moyenne, l'année prochaine. Les augmentations salariales se situeront entre zéro et 1,8%.

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Berne (ats) Peu de salariés vont bénéficier de l'embellie conjoncturelle, en 2015. Alors que le produit intérieur brut (PIB) va augmenter de 2,4% l'année prochaine, les salaires vont connaître une hausse de 1,8% au maximum, a indiqué Travail.Suisse à Berne, devant la presse. Pour l'association faîtière indépendante des travailleurs, le résultat des négociations salariales entamées le 4 août est "insuffisant".

D'autant plus que l'augmentation de 1,8% concerne "quelques rares cas". La majorité des hausses n'atteint, en effet, pas 1%. Et, dans certains secteurs comme la construction, l'hôtellerie et la restauration, aucune progression n'est prévue pour 2015.

Artisanat: Stagnation des salaires

Dans le secteur de la construction, la situation est particulièrement difficile, suite à la rupture des négociations par les employeurs en novembre. Pour sortir de cette impasse, le syndicat Syna, affilié à Travail.Suisse, plaide pour une reprise rapide des discussions. "Des mesures plus combatives doivent être entrevues si et seulement si les patrons refusent toujours de s'asseoir à la table des négociations", explique Arno Kerst, président de l'organisation syndicale.

Dans le domaine de l'artisanat et du second-oeuvre, les partenaires sociaux ont le plus souvent échoué à trouver un accord. Ainsi les charpentiers, les chauffagistes et les installateurs sanitaires verront leurs revenus stagner, l'année prochaine.

Seule perspective réjouissante dans ce secteur: la hausse des salaires minimaux de 100 francs obtenue dans la branche des installations électriques et télécommunications.

Dans l'industrie, les hausses des salaires se montent à 1% au maximum. Elles sont principalement calculées sur une base individuelle.

Syna déplore en outre l'atmosphère délétère qui règne dans le secteur. "Il est insupportable que de nombreux travailleurs doivent craindre pour leur emploi", déclare Arno Kerst. Plus de 1000 salariés actifs dans ce domaine ont perdu récemment leur emploi.

Hausses dans les services

Pour les transports publics, l'avenir s'annonce moins sombre. Les conducteurs de trains et bus connaîtront une hausse moyenne de 0,2%. Les employés de CarPostal verront leurs revenus grimper entre 0,2% et 0,4%.

Le secteur tertiaire peut également entrevoir son futur positivement. Le commerce de détail, à l'instar de Coop qui augmente ses salaires minimaux de 50 à 100 francs, voit ses revenus progresser. Idem pour la branche du nettoyage avec des augmentations entre 1,3% et 2,5%.

Chez les coiffeurs, les salaires minimaux augmenteront de 100 francs, dès le 1er septembre 2015.

Les boulangers, pâtissiers et confiseurs bénéficieront d'une nouvelle convention collective de travail, dès janvier 2015. Cette dernière prévoit un relèvement du salaire minimum allant jusqu'à 6%, un 13e salaire et une cinquième semaine de vacances.

L'administration fédérale connaîtra, quant à elle, une légère progression salariale de 0,2%. Dans le domaine des EPF, une hausse de 0,6% a été négociée.

Le secteur de la communication profitera également de meilleures conditions. Swisscom élèvera, par exemple, ses salaires de 1,8%. La Poste ainsi que PostFinance accorderont des augmentations générales de 0,4% et individuelles de 0,8%. Les collaborateurs recevront, en outre, un versement unique de 400 francs.

Egalité salariale pas atteinte

Au niveau de la différence de salaires entre hommes et femmes, Syna constate que "ni le dialogue sur l'égalité, ni les négociations salariales n'ont apporté d'améliorations". Le syndicat salue donc l'obligation fédérale de soumettre les entreprises à une analyse régulière de leurs revenus.

Pour Travail.Suisse, la contrainte est bonne mais insuffisante: "Les propositions du Conseil fédéral doivent être encore complétées par des mesures efficaces dans les domaines des contrôles et des sanctions afin d'atteindre vraiment le but de l'égalité".

Travail.Suisse critique enfin la tendance actuelle à accorder des hausses salariales individuelles et non générales. Cette pratique, sujette à l'arbitraire et au traitement de faveur, n'assure pas un développement égal des salaires, conclut Gabriel Fischer responsable de la politique économique chez Travail.Suisse.