(ats) En raison du franc fort, le chômage augmente. Résultat, l'ancien malade de l'Europe, l'Allemagne, a dépassé la Suisse, une première dans l'histoire, a déclaré devant les médias à Berne le président de l'USS Paul Rechsteiner, lors de la traditionnelle conférence de presse de début d'année.
Ce alors même que l'Allemagne a instauré un salaire minimum, glisse Daniel Lampart, économiste en chef et premier secrétaire de l'USS. Une initiative qui avait été balayée en votation par les Suisses l'année dernière.
25 milliards par an
"Malheureusement, critiquer la ligne tueuse d'emplois suivie par la BNS est depuis longtemps un tabou", regrette Paul Rechsteiner. Et la surévaluation du franc n'a pas seulement un impact sur le chômage, c'est toute l'économie qui en souffre, renchérit Daniel Lampart.
Sans cette forte surévaluation, le produit intérieur brut (PIB) par habitant serait supérieur de 3000 francs. "Le choc du franc nous coûte 25 milliards par an", avance Daniel Lampart.
Et l'économie d'exportation en pâtit tout particulièrement. Alors que les constructeurs de machines d'outre-Rhin ont accru d'un quart l'effectif de leur personnel depuis 2008, 14% des emplois de cette branche ont disparu en Suisse, observe-t-il.
Taux de change équitable
Pour soutenir ce secteur, mais aussi tous les autres pans de l'économie, il faut faire en sorte que le taux de change soit plus équitable, d'après l'USS. Seule solution pour éviter l'effet boule de neige.
Car les assurances sociales souffrent aussi des taux d'intérêt bas, voire négatifs. "L'évolution du franc est cruciale pour les assurances sociales", relève Paul Rechsteiner. Les cotisations sont versées en francs et les prestations, soit les rentes, servies en francs aussi, explique celui qui est aussi conseiller aux Etats (PS/SG).
Or, ces rentes stagnent, et là aussi, "c'est unique dans l'histoire de l'AVS", note Doris Bianchi, secrétaire dirigeante de l'USS. Une paralysie dont les retraités sentiront les effets.
1,2 milliard à la BNS
Pour pallier le problème, la faîtière syndicale propose d'aller chercher l'argent auprès de la Banque nationale suisse et de la Commission de la concurrence (Comco). Les quelque 1,2 milliard de francs que gagne la BNS grâce aux taux d'intérêt négatifs sont ainsi versés aux caisses de pensions, via le Fonds de garantie LPP.
Mais le serpent ne se mord-il pas la queue? Cette somme n'est-elle pas issue de taux d'intérêt négatifs précisément? "Non, le problème, c'est surtout que les cantons en tirent profit, alors que ce montant devrait être redistribué", rétorque Daniel Lampart.
En revanche la BNS n'a pas le pouvoir de le faire. Il faudrait pour cela changer la loi. La BNS peut cependant stabiliser le taux de change. Et l'USS de proposer qu'il se situe aux alentours de 1,10 franc pour 1 euro.
Quant à la manne issue des amendes encaissées annuellement par la Comco, estimée à près de 300 millions de francs, elle doit être elle aussi rendue à la population. Par exemple via une réduction des primes maladie, comme cela se fait avec le produit de la taxe sur le CO2.
Primes maladie en fonction du revenu
Enfin, dernier écueil de cette liste non exhaustive: les primes des assurances maladie. Les hausses des cotisations du 2e pilier ne sont pas les seules raisons pour lesquelles les ménages peinent toujours plus à nouer les deux bouts. L'augmentation des primes pèse également lourd.
Personne ne devrait être contraint de dépenser plus de 10% de son revenu pour son assurance maladie, souligne Paul Rechsteiner. D'après l'USS, celle-ci devra, à long terme, être financée en fonction des revenus, comme toute assurance sociale.