Le gouvernement fribourgeois contre un salaire minimum

Le Conseil d'Etat fribourgeois ne voit pas de nécessité d'instaurer dans l'immédiat un salaire minimum dans le canton. Il propose de rejeter une motion en ce sens. Le dernier mot reviendra au Grand Conseil l'an prochain.

(ats) La motion a été déposée en juin dernier par les députés socialiste Xavier Ganioz et chrétien-social Benoît Rey. Tous deux demandent l'instauration d'un salaire minimum de 22 francs de l'heure, afin de pouvoir "lutter contre la pauvreté et contribuer au respect de la dignité humaine".

Dans sa réponse, le gouvernement motive son invitation aux parlementaires à rejeter le texte par le fait qu'il n'est pas possible à ses yeux d'imposer un salaire minimum identique dans tout le canton, "sans tenir compte des différences régionales et sociales". Il en appelle à la responsabilité des partenaires sociaux.

L'exécutif cantonal engage ces derniers à se réunir pour convenir des salaires de branches ou d'entreprises plutôt que de légiférer sur un salaire minimum général, sans lien avec les particularités d?une branche. De plus, la loi n'atteindrait que marginalement sa cible, affirme-t-il.

Cas neuchâtelois

Le Conseil d'Etat rappelle en effet que selon un rapport de 2016 seuls 21,7% des bénéficiaires de l'aide sociale sont des actifs occupés. "Cela signifie que près de 80% des personnes en situation de pauvreté ne peuvent pas être soutenues par une mesure passant par un salaire minimum."

Des cantons comme Neuchâtel, le Jura et le Tessin ont déjà adopté ou sont en passe d?adopter une loi fixant un salaire minimum. Le gouvernement fribourgeois évoque le cas neuchâtelois, où  l'instrument est en vigueur depuis un an, en précisant qu'il était "prématuré d'en tirer un quelconque enseignement pour notre canton".

Plus loin, le Conseil d'Etat ajoute vouloir "suivre avec attention le prochain rapport sur la situation sociale et la pauvreté dans le canton de Fribourg pour en évaluer l'évolution."