À l’occasion du mois de sensibilisation à la santé mentale, l’initiative «The Cost of Silence» rassemble onze dirigeants d’entreprises suisses. Invités sans connaître le concept — ni les questions, ils s’ouvrent face caméra, chaque question étant basée sur des expériences réelles du monde du travail. Par exemple: dormir épuisé dans les toilettes du bureau. Sur plus de 100 chefs et cheffes d’entreprises contactés, 11 ont accepté l’invitation et se sont livrés. Leur réponse est sans appel: la pression est réelle – et elle est omniprésente.
Toutes les 35 secondes, une personne en Suisse part en arrêt maladie en raison de troubles de santé mentale. Toutes les 90 secondes, une personne atteint le point de rupture ou de burnout. Bien que la sensibilisation progresse, la santé mentale reste souvent un sujet tabou, notamment au travail. Les conséquences économiques sont dévastatrices : selon les estimations, la perte de productivité due aux maladies mentales coûte à la Suisse 17,3 milliards CHF par an — soit environ 2 % du PIB. Une mauvaise nouvelle à l’heure où la compétitivité internationale exige résilience et performance maximale.
«Gérer la santé mentale est une stratégie d’entreprise», déclare Nathalie Agosti, l’une des créatrices de la campagne, dans un communiqué. Cette initiative de communication vise à briser le tabou au sein de la population active de la Suisse et à positionner la santé mentale comme un moteur essentiel de performance pour préparer l’avenir.»
La pression est particulièrement forte au niveau des directions : plus d’un cadre sur trois fonctionne en mode survie en raison d’un stress excessif. Claire Garwacki, co-initiatrice de la campagne, l’observe quotidiennement : «À chaque réunion, un à deux tiers des participants sont trop épuisés pour être pleinement présents et performants. C’est un véritable frein à la productivité — et il est grand temps d’en parler.»
Les entreprises font partie de la solution
Les solutions efficaces vont au-delà des stratégies individuelles de résilience et de bien-être. Lorsqu’une entreprise met en place des directives claires en matière de santé mentale, la proportion d’employés touchés par des problèmes est divisée par deux (de 16 % à 8 %).
«Négliger la santé mentale nous coûte plus cher qu’on ne veut l’admettre. Mais si les entreprises misent sur l’empathie, sensibilisent et instaurent une culture proactive, la santé mentale peut devenir un moteur de rendement», explique Patricia Mattle, CEO d’Elipslife.
Selon une enquête Gallup, les entreprises avec un engagement élevé des employés surpassent celles avec un faible engagement de 147 % en termes de bénéfices par action.
Il faut donc des leaders exemplaires qui créent un environnement permettant aux collaborateurs de rester en bonne santé : «Les entreprises qui donnent de l’espace à la santé mentale et promeuvent une culture ouverte ont moins d’absentéisme, une motivation accrue, des équipes plus fortes et une productivité durable», affirme Muriel Langenberger, Directrice de Pro Mente Sana, fondation suisse engagée depuis des décennies à lever le tabou autour des maladies mentales. «La santé mentale n’est pas un luxe – c’est une condition pour fonctionner ensemble, tant dans la société qu’en entreprise.»
Ceux qui en prennent conscience aujourd’hui gagneront un avantage compétitif décisif.