Zurich (ats) Jean-Pierre Danthine aura passé cinq ans et demi parmi le triumvirat qui conduit la politique monétaire de la Suisse, dont le but est le maintien de la stabilité des prix. Le citoyen helvétique d'origine belge a informé la Conseil de banque de la BNS de sa décision, son départ coïncidant avec sa retraite et avec la fin de la période administrative 2009-2015.
Vice-président de l'institut d'émission monétaire depuis le 18 avril 2012, Jean- Pierre Danthine siégeait déjà en qualité de "numéro trois" depuis le 1er janvier 2010. Il avait alors pris la place revenant à la Suisse francophone des mains de Jean-Pierre Roth, parti lui en retraite après avoir notamment occupé la présidence pendant neuf ans.
Taux plancher
Jean-Pierre Danthine a endossé le costume de banquier central au moment où la crise financière internationale, éclatée en 2008, tendait, semble-t-il, à s'affaiblir. Il a toutefois dû gérer avec ses collègues la crise causée par la valorisation spectaculaire du franc suisse dans le contexte de la crise de la dette en zone euro.
Le franc fort, en quasi parité avec la monnaie unique européenne début août 2011, a constitué une phase d'intense activité pour la BNS. Le point d'orgue est symbolisé par l'instauration le 6 septembre 2011 d'un taux plancher de 1,20 franc pour un euro que la banque centrale est prête depuis à défendre par tous les moyens.
Ensuite, Jean-Pierre Danthine, en compagnie de l'actuel président de la BNS Thomas Jordan, a dû affronter la crise causée par l'affaire Philipp Hildebrand, apparue à fin 2011. En janvier 2012, ce dernier, alors président de l'institut d'émission, démissionnait, emporté par des transactions sur devises effectuées à titre privé.
Volant anticyclique
L'analyse des transactions financières dans le cadre de l'audit demandé à la suite de l'affaire Hildebrand et qui révèle des opérations effectuées durant ses fonctions à la BNS n'ébranle pas le Vaudois d'adoption. Blanchi par cet audit, Jean-Pierre Danthine reste solidement en place à la BNS.
Durant son parcours de banquier central, Jean-Pierre Danthine a d'abord dirigé le 3e département, qui traite des activités liées aux marchés financiers ainsi que des opérations bancaires et de l'informatique. C'est pourquoi il s'est trouvé en première ligne pour mettre en oeuvre le cours plancher.
En accédant à la vice-présidence, Jean-Pierre Danthine reprend le 2e département (stabilité financière, billets et monnaies ainsi que finances et risques). Il s'est alors signalé par ses propositions visant un marché hypothécaire et immobilier (dont l'activation du volant anticyclique de fonds propres) stimulé par des taux d'intérêt historiquement bas.
Siège romand
Le départ annoncé de Jean-Pierre Danthine ouvre les discussions quant à sa succession. Il est encore trop tôt pour cerner avec précision le candidat idéal. Une chose est certaine, il sera romand. Son nom sera agréé par le Conseil fédéral, sur proposition d'un Conseil de banque présidé par le Neuchâtelois Jean Studer.
La vice-présidence de la BNS devrait en toute logique revenir à Fritz Zurbrügg, âgé de 54 ans, membre de la direction générale depuis un peu plus de deux ans. La présidence restera évidemment dans les mains de Thomas Jordan (51 ans).