Les écarts salariaux diminuent légèrement en Suisse

Les différences salariales se résorbent très gentiment en Suisse. Cela concerne notamment l'égalité entre les femmes et les hommes, où les disparités demeurent toutefois élevées, relève l'enquête de l'OFS sur la structure des salaires en Suisse en 2016.

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(ats) Présentée devant la presse à Berne, l'étude de l'Office fédéral de la statistique (OFS) montre que le salaire médian pour un emploi à plein temps s'est fixé à 6502 francs bruts par mois en 2016. Cela signifie que la moitié des salariés suisses a gagné davantage que cette somme, l'autre moins.

Par rapport à la précédente enquête de l'OFS, en 2014, cela correspond à une hausse de 75 francs. "C'est positif. Et d'autant plus que l'économie suisse a été sous pression à partir de 2015 en raison de l'abandon du taux plancher du franc", a noté Daniel Lampart, chef économiste de l'Union syndicale suisse (USS), convié par l'OFS pour commenter cette étude.

Même son de cloche à l'Union patronale suisse (UPS) qui, par la voix de son directeur Roland Müller, a qualifié de "remarquable" l'évolution des salaires en Suisse. "Il est particulièrement réjouissant de constater que les différences entre les femmes et les hommes diminuent", a-t-il souligné.

Il est vrai que l'écart salarial entre les sexes s'est contracté, passant de 12,5% en 2014 à 12% en 2016. "Ce n'est pas énorme, mais cela reste positif. L'écart est néanmoins encore beaucoup trop grand", a estimé Daniel Lampart.

Combattre les inégalités

Ces écarts demeurent particulièrement conséquents pour les postes élevés dans la hiérarchie des entreprises. Selon les chiffres présentés par l'OFS, les femmes occupant des fonctions à haute responsabilité touchent un salaire médian de 8861 francs bruts par mois, contre 10'878 francs pour leurs homologues masculins, soit une différence de 18,5%.

A noter aussi que 83,3% des emplois dont la rémunération dépasse les 16'000 francs bruts mensuels sont occupés par des hommes. "C'est une réalité structurelle. Les femmes sont insérées différemment sur le marché du travail", a analysé Didier Froidevaux, chef de la section salaires auprès de l'OFS.

Pour y remédier, les femmes devraient pouvoir "mieux concilier vie familiale et vie professionnelle", a affirmé Roland Müller. Côté syndicaliste, la nomination d'une "Madame égalité", autorisée à faire des contrôles et infliger des sanctions en cas de discrimination, a notamment été demandée par Daniel Lampart.

Moins de bas salaires

Si l'écart salarial a légèrement fondu entre les sexes, il en a été de même entre les bas et hauts revenus. Entre 2008 et 2016, les 10% des personnes les mieux payées en Suisse ont vu leur rémunération augmenter de 6,3%. Pour les 10% les moins bien payés, la progression a été de 9,9%.

"On assiste à un effet de correction", a noté Didier Froidevaux. "Est-ce dû à l'action des syndicats? A d'autres raisons? C'est difficile à dire", a-t-il reconnu.

Pour Daniel Lampart, la campagne des syndicats pour des salaires minimums a profité aux personnes les moins bien rémunérées. "Des progrès ont été enregistrés", s'est-il réjoui, précisant que les

branches bénéficiant d'une convention collective de travail (CCT), comme l'hôtellerie-restauration, avaient été les principales bénéficiaires.

Malgré ces avancées, la Suisse comptait encore en 2016 près de 329'000 postes à bas salaires, avec un revenu inférieur à 4335 francs bruts par mois. Cela correspond à 10,2% de l'ensemble des travailleurs helvétiques, contre 11,4% en 2008.

Importantes différences par branches

A en croire l'enquête de l'OFS, les principales disparités salariales apparaissent d'un secteur économique à l'autre. Les niveaux de rémunération sont nettement supérieurs au salaire médian dans les activités à forte valeur ajoutée comme les assurances (8762 francs), l'informatique et les services d'information (8900 francs), les services financiers (9742 francs) ou l'industrie pharmaceutique (9835 francs).

Au bas de l'échelle des salaires figurent l'industrie textile et de l'habillement (5208 francs), le commerce de détail (4798 francs), l'hôtellerie-restauration (4337 francs) et les autres services personnels, comme par exemple les salons de coiffure (4076 francs).