Les purges se poursuivent en Turquie: 10'000 nouveaux licenciements

La Turquie a relevé de leurs fonctions près de 10'000 employés supplémentaires dans la sécurité, la justice et l'éducation, a annoncé le Journal officiel. Ces licenciements viennent s'ajouter aux milliers de suspensions déjà décidées après le putsch du 15 juillet.

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Ankara (ats/afp/reu) Selon le décret publié au journal officiel, un total de 7669 policiers ont été renvoyés, ainsi que 323 gendarmes, chargés de la sécurité intérieure. Plus de 2300 personnes travaillant au sein de l'enseignement supérieur ont également été licenciées.

Cette dernière vague de limogeages a également vu plus de 500 personnes renvoyées de la direction des affaires religieuses, d'après le décret.

"Question de vie ou de mort"

Les nouvelles mesures ont été annoncées quelques heures après que le Premier ministre turc Binali Yildirim a affirmé qu'Ankara n'amenderait pas sa législation antiterroriste comme l'exige l'Union européenne (UE) pour exempter les citoyens turcs de visa à l'entrée dans l'espace Schengen. "C'est une question de vie ou de mort pour nous", avait-il affirmé à la presse à Ankara à l'issue d'un entretien avec le président du Parlement européen Martin Schulz.

Des centaines de procureurs et de juges ont été congédiés dans le cadre de l'enquête sur les liens de l'administration avec le prédicateur en exil Fethullah Gülen, accusé d'avoir orchestré la tentative de putsch et d'être à la tête d'un "Etat parallèle" infiltrant les institutions d'Etat.

Des dizaines de milliers de personnels de l'administration judiciaire, militaires ou universitaires ainsi que de la police ont été renvoyés, détenus ou arrêtés, après avoir été accusés d'être liés au mouvement güleniste ou au coup lui-même.

Faire de la place en prison

Dans le même temps, la Turquie continuait de libérer certains prisonniers pour faire de la place dans les prisons aux complices présumés de la tentative du coup d'Etat. Jeudi soir, "33'838 détenus ont été libérés", a ainsi déclaré le ministre de la justice Bekir Bozdag lors d'une réunion ministérielle à Ankara, présidée par Binali Yildirim et diffusée en direct à la télévision.

Le 17 août, le ministre avait lui même annoncé que 38'000 prisonniers condamnés pour des faits antérieurs au coup d'Etat allaient bénéficier d'une mesure de libération anticipée sous contrôle judiciaire.

Cette mesure, qui "n'est pas une amnistie", "concerne les crimes commis avant le 1er juillet 2016", mais en sont exclus les prisonniers condamnés pour actes de terrorisme, atteintes à la sécurité de l'Etat, violations de secrets d'Etat, meurtres ou trafic de drogue, avait-il précisé.

Selon l'agence progouvernementale Anadolu, la capacité totale des prisons en Turquie est d'environ 187'000 personnes mais depuis le coup d'Etat, la population carcérale a atteint plus de 200'000 personnes.