Les salaires des dirigeants ont augmenté de 2% l'an passé

Demeurant élevés en 2013, les salaires des dirigeants des 100 plus grandes entreprises cotées à la Bourse suisse ont légèrement augmenté de 2% au regard de l'année précédente, selon Ethos. Effet de l'initiative Minder, la croissance s'est révélée inférieure à celle des bénéfices et de la capitalisation boursière.

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Zurich (ats) Au total, les 1415 administrateurs et membres de la direction générale de ces sociétés se sont attribués plus de 1,58 milliard de francs, ressort-il de la 9e édition de l'étude annuelle de la Fondation Ethos sur les rémunérations des instances dirigeantes dévoilée à Zurich. Les 385 dirigeants des 20 entreprises intégrées à l'indice des valeurs vedettes Swiss Market Index (SMI) de la Bourse suisse ont eux touché plus de 821 millions, un montant en repli de 2%.

La fondation genevoise, qui conseille et assume des mandats de gestion pour 140 caisses de pension, observe que les rémunérations ont crû de manière plus marquée, soit 8%, dans le secteur financier. En moyenne, les patrons des 100 sociétés passées sous revue ont empoché chacun un peu plus de 3,4 millions de francs, 4% de plus qu'en 2012.

Le salaire moyen de président du conseil d'administration (sans charge exécutive) s'est lui en revanche réduit de 7% à quelque 1,17 million de francs. Les simples administrateurs ont eux perçu une rémunération moyenne inchangée de 246'942 francs et les autres membres de la direction générale 1,67 million, un montant également stable.

Bonus opaques

Une telle modération pourrait être considérée comme un premier effet de l'acceptation de l'initiative Minder contre les rémunérations abusives, a expliqué Vincent Kaufmann, vice-directeur d'Ethos. S'il est toutefois un peu tôt pour le dire, il n'en reste pas moins que les conseils d'administration sont désormais plus attentifs en matière de politique salariale.

Mais en dépit de progrès, le manque de transparence subsiste, a noté M. Kaufmann, lequel succédera au printemps prochain à Dominique Biedermann à la direction de la fondation. Et cela tout particulièrement pour la partie variable des rémunérations, les bonus.

A ce titre, Ethos constate dans une étude parallèle portant sur la mise en oeuvre de l'ordonnance fédérale contre les rémunérations abusives (ORAb) que de nombreuses entreprises ont contourné l'esprit de l'initiative Minder. "Donner des droits aux actionnaires est une bonne chose, mais les mettre en oeuvre en est une autre", a noté Kaspar Müller, le président sortant d'Ethos, lequel cédera son mandat à M. Biedermann en juin prochain.

L'ORAb laissant la liberté aux conseils d'administration de proposer les modalités de vote, celles-ci sont souvent en contradiction avec l'esprit de l'initiative Minder à la source de l'ordonnance. Ainsi en matière de bonus, 75% des 136 entreprises concernées ont prévu dans leurs statuts révisés un vote prospectif en début de période sur une enveloppe maximale, a dénoncé M. Biedermann.

Grosse marge de progrès

Et pire, 34% d'entre elles n'ont fixé aucun plafond à cette enveloppe, a poursuivi le directeur d'Ethos. A l'inverse, 25% des entreprises visées par l'ORAb ont décidé de proposer à leurs actionnaires de voter de manière rétrospective en fin de période lorsque les résultats financiers sont connus.

Mais seules 5% des firmes ont prévu un vote prospectif et fixé un montant maximal pour l'enveloppe destinée aux parts variables de la rémunération des membres de la direction. La marge de progrès reste donc importante.

De même, suite à l'interdiction des indemnités de départ, près d'une société sur deux (44%) s'est gardée la possibilité de prévoir des clauses de non-concurrence payées. "Certes de tels amendements sont compréhensibles, mais pourquoi donc faudrait-il offrir une rémunération supplémentaire à ce titre ?" s'est interrogé M. Biedermann.

Ethos dénonce également le fait que plus d'un tiers des sociétés puisse encore allouer aux administrateurs des honoraires variables en fonction des résultats au lieu de montants fixes uniquement. Selon la fondation, le faible taux d'acceptation moyen des modifications statutaires (88%) démontre que les actionnaires n'ont pas apprécié ces méthodes.

Entrée en vigueur en janvier dernier, l'ORAb laisse aux entreprises jusqu'à la fin de l'an prochain pour mettre leurs statuts en règle et pour procéder au vote contraignant sur les rémunérations des dirigeants. Pour l'heure, 96 sociétés sur 136 (70%) ont proposé à leurs actionnaires des modifications statutaires en vue de voter sur les salaires des managers.

Le patron de Roche, directeur général le mieux payé

Malgré un salaire en chute 13% à 13,37 millions de francs, Severin Schwan, directeur général du géant pharmaceutique bâlois Roche, a conservé son titre de patron le mieux payé des 100 plus grandes entreprises cotées à la Bourse suisse. Comme en 2012, l'Autrichien est talonné par Joe Jimenez, son homologue chez le voisin Novartis.

La fiche de paie pour l'année 2013 de l'Américain à la tête du laboratoire rhénan est quant à elle restée stable au regard de 2012 à 13,23 millions de francs, ressort-il de l'étude annuelle de la Fondation Ethos sur les rémunérations des dirigeants. Steven Newman, patron de l'opérateur de plates-formes de forage pétrolier Transocean, garde lui aussi son 3e rang, avec une rémunération totale de 12,92 milllions de francs (-2%).

Le Belge Paul Bulcke, directeur général du numéro un mondial de l'alimentation Nestlé, échoue au pied du podium, avec un salaire de 11,96 millions (-5%), suivi de Andrea Orcel, patron de la banque d'affaires d'UBS (11,43 millions).

L'Italien se paie le luxe de devancer son patron Sergio Ermotti, le directeur général du numéro un bancaire helvétique, dont le salaire s'est envolé de 21% en 2013 à 10,73 millions de francs, occupant lui le 7e rang. Le Tessinois, premier Suisse du classement, est devancé par le Français Bernard Fornas, qui lui dirige le groupe de luxe genevois Richemont (9,84 millions).

Vincent Kaufmann, vice-directeur d'Ethos, a toutefois précisé que les salaires affichés par les patrons de ces entreprises ne représentent pas forcément les plus hautes rémunérations que celles-ci versent à leurs salariés. D'autres collaborateurs, notamment dans le secteur de la finance, peuvent gagner plus.

Du côté des présidents de conseil d'administration, Roche se distingue aussi en tête de classement avec Franz Humer. A la tête de l'organe de surveillance du groupe pharmaceutique, son ancien patron a empoché pas moins de 11,37 millions de francs, 27% de plus qu'en 2012.

Egalement ancien patron du groupe qu'il préside, en l'occurrence Nestlé, Peter Brabeck a lui perçu 8 millions de francs, un montant identique à celui touché une année auparavant. Le président du conseil d'administration d'UBS, Axel Weber, prend la 3e place avec un salaire de 6,07 millions (+70%).

Suivent les présidents de Swiss Re, Walter Kielholz, de Credit Suisse, Urs Rohner et de Galenica, Etienne Jornod. Ils ont respectivement gagné 4,96 , 4,9 et 4,67 millions de francs. En ne considérant que la rémunération fixe, M. Humer se classe également premier, devant M. Rohner et Karl Gernandt, lequel préside le conseil d'administration du groupe de transport et logistiquement schwyzois Kühne+Nagel.