Genève (ats) L'Etat, les syndicats et les milieux patronaux oeuvrent de concert au sein du Conseil de surveillance du marché de l'emploi (CSME), a rappelé son président, le conseiller d'Etat Pierre Maudet, en charge du Département de la sécurité et de l'économie. Devenu obligatoire dans le cadre des mesures d'accompagnement de la libre circulation des personnes, cet organe existe depuis plus longtemps à Genève.
Le CSME permet de surveiller l'ensemble du marché du travail. Tandis que la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS) et l'Union des associations patronales genevoises (UAPG) contrôlent les secteurs conventionnés, l'office cantonal de l'inspection et des relations du travail (OCIRT) s'occupe du reste. "Genève est un des cantons à la pointe des mesures d'accompagnement", a souligné M. Maudet.
"Genève champion"
En 2014, l'OCIRT a contrôlé 1587 entreprises suisses et étrangères. Avec 13'867 salariés concernés par les 1390 contrôles de sociétés suisses, Genève a contrôlé 31% de l'ensemble des employés suisses, selon les chiffres rendus publics mardi par le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO). Pour détecter les cas de dumping, l'OCIRT se base sur un échantillon représentatif au lieu de ne chercher que l'étranger sous-payé, a expliqué sa directrice Christina Stoll.
De fait, 14,7% des entreprises présentaient au moins un cas de sous-enchère salariale, contre 10% en 2013. Le canton a pris des mesures afin de pallier cette situation. A fin décembre, il comptait 147 conventions collectives de travail, dont 27 étendues de force obligatoire dans les secteurs concernés.
De leur côté, les six commissions paritaires du CSME ont effectué 1676 contrôles dans des entreprises des secteurs conventionnés. "Genève est champion en la matière, mais les contrôles sont insuffisants pour contenir la sous-enchère salariale", a commenté Manuela Cattani, présidente de la CGAS.
Prospérité en jeu
Pour le CSME, ces résultats montrent qu'il est nécessaire de maintenir la voie bilatérale et la libre circulation des personnes afin de protéger travailleurs et patrons. Le Conseil d'Etat donnera mercredi sa position détaillée sur le projet de loi d'application de l'initiative sur l'immigration de masse du 9 février 2014, en consultation, a fait savoir M. Maudet.
Les membres du CSME s'accordent à vouloir défendre la prospérité du canton, qui ne compte que 220'000 actifs pour 302'000 emplois équivalents temps plein. "Les contingents de frontaliers sont particulièrement dangereux pour Genève et pour la Suisse", a mis en garde Stéphanie Ruegsegger, secrétaire permanente de l'UAPG.
Le retour à un système de contrôle a priori du marché du travail serait très bureaucratique pour les employeurs et l'Etat, critique le CSME, qui demande que les cantons puissent mettre en oeuvre le système qui correspond à leur situation. Il juge aussi "démagogique" la déclaration du Conseil fédéral d'optimiser la main-d'oeuvre indigène, sans autre proposition concrète.