Zurich (ats) Informé par la famille de Martin Senn du décès de son ex-patron, Zurich Insurance Group (Zurich) fait part de son "incrédulité et de son profond bouleversement". Avec la disparition de Martin Senn, le groupe perd non seulement un ancien directeur général méritant et un collègue de travail précieux mais aussi un bon ami.
"Nos pensées vont à sa famille à laquelle nous adressons nos plus sincères condoléances", précise le groupe. Par respect pour leur ancien responsable et ses proches, Zurich ajoute qu'il ne donnerait pas d'informations supplémentaires à ce sujet.
Interrogée par l'ats, la police cantonale des Grisons a confirmé que le drame s'est déroulé à Klosters, village dans lequel la famille Senn possède une résidence secondaire. L'enquête étant en cours, la police grisonne n'a pas non plus souhaité livrer plus d'informations.
Départ en décembre
Martin Senn a quitté au 31 décembre 2015 l'assureur établi à Zurich, son départ précipité annoncé en début de mois ne constituant pas une véritable surprise. Zurich avait présenté à plusieurs reprises des résultats financiers inférieurs aux objectifs. L'échec du rachat par le premier assureur helvétique de son concurrent britannique RSA aurait aussi joué un rôle.
Selon plusieurs médias alémaniques, M. Senn aurait mal vécu son éviction. Alors que le président du conseil d'administration de Zurich, le Néerlandais Tom de Swaan, a assuré l'intérim à la direction, l'assureur a nommé à sa tête l'Italien Mario Greco, ancien directeur général du concurrent transalpin Generali. M Greco a pris ses fonctions en mars dernier.
Comme attendu après un avertissement sur résultat de janvier, Zurich a dévoilé une performance en net repli au titre de l'exercice 2015. La compagnie d'assurances a vu son bénéfice net dégringoler à 1,84 milliard de dollars, contre 3,9 milliards une année auparavant. Le résultat opérationnel a chuté de 37% sur un an à 2,92 milliards.
Au seul quatrième trimestre, l'assureur zurichois a plongé dans le rouge, en essuyant une perte nette de 424 millions de dollars. En difficulté dans ses affaires non vie, Zurich a souffert des dommages consécutifs aux ouragans au Royaume-Uni et en Irlande ainsi que des explosions d'août dans le port chinois de Tianjin.
Restructuration
Dans la foulée, Zurich a accéléré la cadence de sa restructuration, portant le nombre de suppressions d'emplois à quelque 8000 au niveau mondial d'ici à 2018, soit près de 15% de son effectif. Trois mois plus tôt, l'assureur, qui compte quelque 55'000 salariés, avait confirmé la délocalisation de 300 postes suisses vers des centres de services situés à l'étranger.
Entré il y a dix ans à la direction de Zurich en qualité de chef des investissements, Martin Senn a été nommé directeur général en 2010, succédant au Britannique James Schiro. De formation bancaire, M. Senn a débuté sa carrière en 1976 à la Société de Banque Suisse (SBS, fusionnée en 1997 avec UBS), puis a rejoint en 1994 Credit Suisse, oeuvrant pour le numéro deux de la banque helvétique jusqu'en 2003, année qui le voit se tourner vers les assurances.
De 2003 à 2006, M. Senn a été membre de la direction et responsable des investissements de Swiss Life, avant d'entrer au service de Zurich. Avec le suicide de M. Senn, Zurich se voit accablé par un nouveau décès tragique d'un de ses dirigeants, son ancien chef des finances, le Franco-Britannique Pierre Wauthier, ayant été retrouvé sans vie à son domicile de Zoug en août 2013.
Dans une lettre écrite avant de commettre l'irréparable, M. Wauthier avait évoqué ses relations avec le président du conseil d'administration, Josef Ackermann, lequel a démissionné quelques jours après le décès du chef des finances de Zurich. Plusieurs médias avaient laissé entendre que M. Wauthier avait écrit se sentir être mis sous pression par le président du groupe.
Retrait du président
A l'heure de son retrait, M Ackermann avait déclaré avoir "des raisons de croire que la famille pense que je dois assumer ma part de responsabilité, même si objectivement considéré c'est infondé". Une enquête indépendante menée sous la direction de l'Autorité de surveillance des marchés financiers (FINMA) a conclu que le suicide de M. Wauthier n'était pas dû à une pression inappropriée.