Genève (ats) L'accusé, un Vaudois de 50 ans, cultivait une haine contre son supérieur français, car celui-ci menaçait ses privilèges, a relevé M. Jornot. Sa haine l'a fait vivre et il a tué pour exister, a poursuivi le magistrat. En préparant son projet, le prévenu "a fait quelque chose d'exaltant" qui a comblé le vide de sa vie.
Pour le procureur général, l'accusé n'a nullement été la cible d'un harcèlement de la part de son chef et de sa hiérarchie en général. L'entreprise pour laquelle il travaillait a tout fait pour lui garder une place. Le prévenu avait pourtant abandonné son poste sans donner de nouvelles plusieurs mois avant le drame.
Un crime minutieusement préparé
"Ce n'est pas le geste désespéré d'un homme humilié par ses tortionnaires", a estimé M.Jornot. L'accusé a soigneusement mûri et planifié son acte. Il s'est renseigné auprès d'un armurier sur les modalités pour acquérir une arme, a ensuite acheté un pistolet, puis une moto, pour pouvoir s'enfuir rapidement après son crime.
Aux TPG, le prévenu évoluait par ailleurs dans une unité où les frontaliers étaient mal vus. "Sa haine est née dans un contexte de haine, dans une culture de la haine", a noté M. Jornot. Cette haine a été dirigée contre son supérieur hiérarchique qui avait été nommé "pour remettre de l'ordre dans un service à la dérive".
Le service des lignes aériennes dont l'accusé était responsable "était un Etat dans l'Etat", selon les mots du procureur. Si quelqu'un ne voulait pas travailler, il ne travaillait pas, et allait au fitness ou jouait aux cartes. Les apéros commençaient régulièrement à 10h30, au retour des interventions.
La victime a été engagée pour nettoyer les écuries d'Augias, a insisté le procureur général. Ce père de famille a fait son travail et il en est mort. L'accusé, sans antécédents judiciaires, qui est décrit comme colérique et impulsif, a voulu tuer le chef qu'il n'arrivait pas à être, a ajouté le magistrat.
Perte d'un enfant
Le procureur général a toutefois retenu à la décharge de l'accusé ses malheurs survenus en 2008, et qui ont peut-être été l'élément déclencheur de la tragédie. Cette année-là, le prévenu a perdu un de ses fils, né grand prématuré. Pour M. Jornot, il faut tenir compte de cet élément, sans toutefois penser que "la douleur excuse tout".
Le représentant du Ministère public a aussi demandé au Tribunal criminel de reconnaître l'accusé coupable d'une tentative d'assassinat. Le jour du meurtre, il a d'abord voulu tuer un de ses subordonnés qu'il considérait être de mèche avec son chef. Il ne l'a toutefois pas trouvé sur les chantiers qu'il a visités.