Paris (ats/afp) En février, l'entreprise hexagonale avait annoncé son intention de mettre en place un plan d'économies de 150 millions d'euros (181,1 millions de francs) sur trois ans et avait prévenu que cela aurait un impact sur l'emploi. Son directeur général, Pierre Pringuet, a fait part des conséquences sociales de cette restructuration lors de la publication de ses résultats annuels.
Pernod Ricard, qui emploie 19'000 personnes dont 2800 en France, va ainsi rayer 900 postes à travers le monde, principalement en Thaïlande ou au Venezuela, en raison des troubles et aléas politiques dans ces pays-là.
"En Thaïlande, l'activité a été divisée par deux, nous réduisons les effectifs par deux." "Ce n'est pas notre performance qui est en cause, mais l'actualité très, très difficile de ce pays", a justifié Pierre Pringuet.
En France, le siège de Pernod à Créteil va perdre 130 emplois au profit du siège de Ricard à Marseille qui "va voir croître ses effectifs" de 60 personnes, ce qui fait, au final, un "impact net largement inférieur à 100 personnes", a détaillé le directeur.
Marseille, centre administratif et financier
Et la direction proposera aux personnes qui perdront leurs postes à Créteil d'aller justement à Marseille, lieu de création du pastis Ricard par la famille éponyme qui dirige toujours le groupe aujourd'hui. Le chiffre en France n'est, toutefois, pas encore définitif et toujours en négociation avec les partenaires sociaux, dans le cadre de discussions qui doivent s'achever en novembre.
Les trois mots d'ordre de ce plan sont "prioriser, simplifier et mutualiser les ressources", a expliqué le dirigeant. Ainsi, à Marseille, le groupe compte mutualiser les fonctions support (finances, administration des ventes et
ressources humaines) entre Ricard et Pernod, "tout en maintenant deux réseaux de distribution séparés". La restructuration fera donc de la cité phocéenne le "centre administratif et financier" des deux boissons anisées.
Le dernier plan social du groupe remonte à dix ans: le groupe avait alors supprimé quelque 100 postes chez son cognac Martell. Aujourd'hui, c'est d'ailleurs ce même cognac qui lui pose problème en Chine, marché très florissant pour la marque jusqu'au lancement d'une politique anticorruption depuis près deux ans.
Dans ce cadre, les dirigeants chinois sont priés de réduire leurs dépenses somptuaires et de ne plus s'afficher avec des bouteilles très haut de gamme, comme des cognacs hors d'âge. Et, comme pour le concurrent Rémy Cointreau, les ventes de Pernod Ricard se sont effondrées en Chine: -23% sur un an.
Résultats annuels en repli
Cette situation, associée à un impact négatif "historique" des devises des pays émergents, a plombé les résultats dévoilés jeudi également. Au cours de l'exercice clos fin juin, le bénéfice net du groupe a plongé de 14% à 1,02 milliard d'euros et les ventes se sont repliées de 7% à 7,94 milliards.
Seuls modestes motifs de satisfaction: si le résultat opérationnel courant a reculé de 8%, à 2,05 milliards, il a affiché une croissance interne de 2% conforme aux objectifs. Et il y a du mieux en Europe, où la situation s'améliore timidement.
Pour l'année en cours, le "contexte restera tendu", mais le directeur général délégué Alexandre Ricard anticipe "une amélioration progressive de la croissance" des ventes. Pierre Pringuet se dit même "extrêmement confiant" sur la reprise du marché chinois grâce à un élargissement de sa gamme vers des produits moins luxueux et de nouveaux canaux de distribution, hors des traditionnels karaokés.