Pour l'industrie MEM suisse, "tout a changé" depuis le 15 janvier

Après l'abolition du taux plancher et l'envol du franc, les perspectives se sont détériorées pour l'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (SwissMEM). L'an passé, son chiffre d'affaires a crû de 0,3% comparé à 2013. La branche, qui voit ses marges s'effondrer, prédit des pertes d'emplois.
 
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Zurich (ats) "Avec la décision de la Banque nationale suisse, tout a changé depuis le 15 janvier 2015", a martelé mercredi devant la presse Peter Dietrich, directeur de Swissmem. Pour l'organisation faîtière de l'industrie MEM, les priorités "ont fondamentalement changé d'une minute à l'autre".
 
Même si la Banque nationale suisse (BNS) n'avait pas supprimé le cours minimum de 1,20 franc pour un euro, le secteur allait au-devant d'une stagnation, vu son évolution au deuxième semestre 2014. Mais depuis mi-janvier, nombre de petites et moyennes entreprises sont retombées en zone déficitaire.
 
Selon un sondage réalisé en janvier, 48,6% des entrepreneurs anticipent un recul de la demande étrangère, soit trois fois plus qu'à l'automne. "Compte tenu d'une marge opérationnelle avant intérêts et impôts (EBIT) de 5 à 8% en moyenne dans l'industrie et une perte de bénéfice de 15% en raison du cours, des remises sur les prix semblent inévitables à court terme", prédit M. Dietrich.
 

La lutte reprend

Un mois après le "choc" du 15 janvier, le président de Swissmem Hans Hess tire quant à lui un premier bilan. Avec le nouvel affaiblissement brutal de l'euro, les prix des produits de l'industrie MEM helvétique ont bondit d'un tiers par rapport à ceux de la zone euro.
 
Les entreprises doivent aujourd'hui se baser sur la parité pour établir leur planification. A cela s'ajoute l'insécurité quant à l'avenir des accords bilatéraux. La lutte pour la survie reprend à zéro. "Les entreprises doivent prendre urgemment des mesures", selon M. Hess. Parmi elles, le gel de l'embauche et des projets d'investissements, l'adaptations du temps de travail. 
Quant à payer des salaires en euros, la faîtière déconseille une telle mesure, qui "implique des risques juridiques considérables". Idem pour les réductions salariales, qui ne feraient qu'aggraver la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée.
 

Pertes d'emploi

 
Pour le président de Swissmem, une chose est sûre, des emplois vont disparaître en raison des effets monétaires, mais se refuse à tout pronostic. Au 3e trimestre, le secteur occupait 333'675 personnes, secteur horloger inclus, ce qui signifie une progression de 0,4% en rythme annuel. Il exige un soutien des politiques et des partenaires sociaux pour redonner à la place industrielle suisse son attractivité.
 
"Les parlementaires aussi savaient que le taux plancher tomberait un jour ou l'autre. Or ils n'ont rien mis en place pour soutenir les entreprises. Au contraire", soutient M. Hess. Il critique l'augmentation des charges et entraves, comme la hausse de la rétribution à prix coûtant (RPC) ou la redevance CO2.