Progrès dans la lutte contre la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée

La lutte contre la pénurie de personnel qualifiée progresse. Le Conseil fédéral a approuvé un rapport qui fait le point sur 30 mesures. Leur mise en oeuvre devrait toutefois durer jusqu'en 2018 et le potentiel indigène a peut-être été surestimé.

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Berne (ats) "L'initiative visant à combattre la pénurie de personnel qualifié" avec son bouquet de mesures pour encourager l'emploi de main-d'oeuvre nationale remonte à 2011. Le Conseil fédéral l'avait lancée pour répondre aux défis démographiques.

Elle a gagné en importance du jour au lendemain après l'acceptation de l'initiative contre l'immigration de masse le 9 février. Le gouvernement a d'ailleurs intégré cette piste dans son concept pour mettre en oeuvre la volonté du peuple.

L'objectif n'est toutefois pas encore atteint. C'est un travail fastidieux et de longue haleine, a relevé le ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann devant la presse. "Initialement, je pensais que l'intérêt serait un peu plus grand."

La phase est aussi délicate. Les entreprises continuent à recruter à l'étranger grâce à la libre circulation. Mais les mentalités évoluent et la lutte est en bonne voie grâce à une collaboration à tous les niveaux, a-t-il assuré.

Pour des attentes réalistes

Les cantons ont réaffirmé leur engagement en signant une convention avec la Confédération en faveur de l'Initiative symboliquement rebaptisée "plus". Ils tiennent toutefois à une approche réaliste du potentiel indigène.

La moitié des femmes qui s'occupent de leurs enfants à la maison ne veulent pas exercer un emploi, a illustré le président de la Conférence des gouvernements cantonaux, Jean-Michel Cina. Une meilleure conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle est l'un des axes principaux de l'initiative.

Une intégration plus poussée des femmes très qualifiées sur le marché du travail nécessite la suppression d'obstacles fiscaux. Le Conseil fédéral veut toutefois attendre l'issue de la votation sur l'initiative populaire du PDC
contre la pénalisation du mariage pour faire une proposition. En attendant, le nombre de places de crèches a considérablement augmenté grâce au programme d'impulsion fédéral.

Une conférence nationale s'est par ailleurs tenue en avril concernant le maintien des seniors sur le marché du travail. Ses résultats ont été qualifiés de modestes par les syndicats, mais les participants se sont entendus au moins sur la suppression du critère de l'âge dans les offres d'emploi ou un engagement accru pour la formation continue.

Efficace pour la santé

En matière de santé, le masterplan pour augmenter le nombre de personnes formées aux professions des soins en Suisse a largement atteint les objectifs visés: le nombre de diplômes délivrés en 2014 a plus que doublé par rapport à 2007. Le nombre de places d'étude a augmenté de 30%, soit de 950 places depuis 2007.

Dans le canton de Berne, grâce à l'obligation légale de formation pour tous les prestataires de la santé publique introduite en 2012, l'apprentissage d'assistant en soins et santé communautaire est devenu le plus choisi après celui d'employé de commerce.

Des personnes ne disposant d'aucune formation professionnelle ont pu augmenter leurs chances sur le marché du travail grâce au projet "Match-prof" qui essaie de faire coïncider offre et demande de travail. En mars, 1650 jeunes avaient ainsi pu trouver un poste dans les cantons de Berne, Bâle, Jura, Soleure et Zurich.

Intégration des réfugiés

Les réfugiés sont aussi appelés à combattre la pénurie de main-d'oeuvre. Grâce à des programmes de suivi individuel, plusieurs cantons comme les Grisons ou Schwyz obtiennent une meilleure intégration sur le marché du travail des réfugiés ou personnes admises provisoirement en Suisse.

L'initiative veut encore agir du côté de l'innovation afin de réduire la nécessité de main-d'oeuvre en profitant de l'évolution technologique et organisationnelle. Avec le programme "Active and Assisted Living" par exemple.

Pour le ministre libéral-radical, il faut en tout cas éviter les mesures trop interventionnistes. Même en période de conjoncture difficile et de franc fort, pas question d'accroître la protection contre le licenciement, un marché du travail flexible est la clé de la réussite.