Traite d'êtres humains: La Suisse en progrès mais peut encore mieux faire

Le Groupe d'experts sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA) du Conseil de l'Europe salue les mesures prises par la Suisse dans ce domaine. Mais Berne peut encore mieux faire, notamment dans l'identification des victimes et en matière de lutte contre la traite d'enfants.

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Berne (ats) Le GRETA salue notamment l'adoption par la Suisse de dispositions législatives dans le domaine, indique l'Office fédéral de la police fedpol dans un communiqué, suite à la publication du premier rapport du groupe d'experts. De même, la création d'un Service de coordination contre la traite d'êtres humains et le trafic de migrants (SCOTT), rattaché à fedpol, est un progrès.

La Suisse a également amélioré les efforts entrepris dans le domaine de la coopération internationale, en particulier avec les pays d'origine des victimes de traite, écrit fedpol.

Entre 2011 et 2013, les principaux pays d'origine des victimes étaient la Thaïlande (32 victimes), la Hongrie (24 victimes), la Roumanie (19 victimes), la République Dominicaine (14 victimes), la Bulgarie (13 victimes) et le Brésil (7 victimes), selon les statistiques de la police publiées dans le rapport du GRETA.

Attention aux enfants

La Suisse fait toutefois encore face à certains défis, dit le GRETA, qui émet également des recommandations. Elle devrait notamment renforcer la protection des victimes mineures de traite, en tenant compte des besoins particuliers des enfants.

Sur ce point, la Confédération a tenu à rappeler dans ses commentaires sur le rapport, que les données connues incitent à penser que la traite d'enfants se limite en Suisse à des cas isolés. Ceux-ci concernent la mendicité organisée, l'exploitation en vue de commettre des vols, l'exploitation sexuelle de jeunes filles mineures et celle de jeunes filles dans le cadre de l'économie domestique.

Meilleure identification

Autre point problématique soulevé par le GRETA: l'identification des victimes de traite aux fins d'exploitation par le travail. Les professionnels du domaine, notamment les agents des services de détection et de répression, les inspecteurs du travail et les syndicats, doivent adopter une approche plus proactive et renforcer leur action de terrain pour identifier les victimes potentielles de la traite.

Car la Suisse est un pays de destination et de transit pour les victimes de la traite des êtres humains, rappellent les experts dans le rapport. Selon les statistiques de la police, le nombre de victimes identifiées s'élevait en 2014 à 35 (26 femmes et neuf hommes, dont deux enfants).

Exploitation sexuelle

De plus, les données livrées par les autorités suisses ne sont pas classées par types d'exploitation, regrette le GRETA. Elles concerneraient toutefois principalement des victimes d'exploitation sexuelle (hormis dans le canton de Genève, où la servitude domestique fait l?objet d'une attention particulière).

Au rayon financier, le GRETA exhorte la Confédération à allouer au SCOTT des ressources humaines et financières suffisantes. De plus, les autorités devraient pérenniser un soutien financier adéquat aux ONG assistant les victimes de la traite, afin de leur permettre de fournir une assistance à court et long terme.

Plan d'action national

Le SCOTT va désormais se pencher sur les recommandations du GRETA et les prendra en compte lors de l'élaboration du nouveau Plan d'action national, indique encore fedpol.

La Convention sur la lutte contre la traite des êtres humains du Conseil de l'Europe est le premier instrument juridiquement contraignant en Europe. Elle est entrée en vigueur en Suisse le 1er avril 2013. Elle a pour objectif de lutter contre toutes les formes de traite des personnes aux niveaux national et interétatique.