23.10.2014

Travailleurs âgés: La Suisse bonne élève, mais peut mieux faire

Les travailleurs de plus de 55 ans constituent un thème récurrent, vieillissement de la population et initiative contre l'immigration de masse obligent. La Suisse connaît un bon taux d'emploi en comparaison internationale, mais peut mieux faire, estime l'OCDE. En ligne de mire: lutter contre la discrimination liée à l'âge.
 

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Berne (ats) Cet élément représente "le plus gros manque à combler", estime l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Mais seules "plusieurs mesures" agissant en parallèle permettront d'y remédier, a souligné devant les médias à Berne Mark Keese, l'un des auteurs de l'étude réalisée par l'organisation internationale sur mandat de la Confédération.

Ancrer dans la loi l'interdiction de discriminer, comme cela est le cas dans certains pays, ne serait "vraiment pas suffisant", a-t-il complété. Un avis partagé par Boris Zürcher, chef de la Direction du travail au Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO). "Nous sommes opposés à une telle disposition. Il est préférable d'encourager les employeurs différemment, en les sensibilisant."

Selon Mark Keese, une solution concrète pourrait consister à supprimer la mention de l'âge sur les CV et dossiers de postulation. "C'est déjà le cas en France", a-t-il glissé.

Femmes et peu qualifiés à la traîne

Appuyé par Colette Nova, cheffe du domaine AVS à l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS), Boris Zürcher a martelé à plusieurs reprises que la Suisse présentait déjà un bon taux d'emploi des travailleurs âgés. Mark Keese et Anne Sonnet, autre auteure de l'enquête, ont reconnu que la Confédération avait la tâche ardue de "se maintenir à un haut niveau".

Mais, si 70,5% des personnes de 55 à 64 ans étaient actives en 2012, soit le cinquième meilleur résultat de l'OCDE, tous les travailleurs ne sont pas logés à la même enseigne. Les femmes et les employés peu qualifiés présentent un taux sensiblement moins élevé. Celui-ci atteint 61,5% chez les premières, une proportion qui chute à 49% pour les femmes ne disposant pas de diplôme.

L'OCDE recommande à ce sujet de favoriser "leur employabilité". Autrement dit, "faire en sorte qu'elles puissent mieux concilier vie professionnelle et vie de famille tout au long de leur carrière", a appelé Anne Sonnet. Les travailleuses suisses affichent toutefois l'un des taux d'emploi à temps partiel les plus élevés en comparaison, tempère Nicola Düll, experte consultée.

Travailler plus longtemps

Autre domaine devant faire l'objet d'efforts: les incitations à travailler plus longtemps. A cette fin, les employeurs doivent mettre la main à la pâte, avec le soutien des autorités, préconisent les auteurs de l'étude.

La formation professionnelle continue doit être encouragée. L'organisation internationale conseille également de revoir les modèles du deuxième pilier de la prévoyance vieillesse, afin de rendre les départs à la retraite anticipée moins attractifs. Elle ajoute que les rémunérations devraient se fonder sur la productivité et les performances et non sur le nombre d'années.

Soutien à "Prévoyance vieillesse 2020"

La Confédération a déjà lancé des projets en vue de continuer sa progression, constatée depuis dix ans, salue l'OCDE. C'est le cas de "Prévoyance vieillesse 2020", la proposition de réforme du conseiller fédéral Alain Berset. Elle contient des dispositions allant dans la bonne direction.

Il en va de même de "l'initiative visant à combattre la pénurie de personnel qualifié". Ce bouquet de mesures, présenté en 2011 par le département du ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann, vise à encourager le recours au potentiel offert par la main-d'?uvre indigène.

Une conférence nationale sur le thème doit se tenir l'année prochaine, a annoncé Boris Zürcher. Le haut fonctionnaire du SECO souligne l'utilité du rapport de l'OCDE, "qui nous sert de base de travail, même si nous ne sommes bien entendu pas d'accord à 100% sur tous les points".